Droit

AGDE - POLITIQUE - MAIRIE D’AGDE: IL FAUT CHANGER par Henri Couquet

Je vous communique ci-dessous la retranscription de ce que j’ai dit au maire, dans…

Je vous communique ci-dessous la retranscription de ce que j’ai dit au maire, dans mon intervention initiale, lors du débat d’orientation budgétaire 2012.

« Les orientations budgétaires prises ces dernières années, confirmées aujourd’hui encore, sont totalement déphasées par rapport à la situation économique. Vos choix de gestion vont à contresens des besoins actuels. Cet état de fait est le résultat d’investissements mal calibrés financièrement, pas réellement organisés dans le temps et qui s’accumulent sans véritable coordination. En outre, vos choix montrent que vous oubliez ce que doit être la première priorité de toute politique publique: répondre aux besoins de la population. De tout cela se dégage une impression de fébrilité, et au bout du compte les réalisations ont du mal à aboutir. En conséquence vous vous lancez dans beaucoup de communication pour masquer ce vide. En fait, vous n’êtes plus dans la bonne logique, vous vous trompez d’époque.

Souvenez-vous, en 2001 la dégradation de la situation financière de la ville d’Agde était telle que vous affirmiez que notre commune était au bord de la tutelle budgétaire par la préfecture. Le  percepteur était venu exposer ici-même, au lendemain des élections, la réalité de cette situation en concluant en ces termes : « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ». Dix ans ont passé et  nous sommes retournés à la case départ, avec une dette revenue au même niveau qu’à cette époque. Les juges de la Chambre Régionale des Comptes ont confirmé cette observation dans leur dernier rapport. Entre temps, la maîtrise financière promise aux électeurs a été abandonnée. Cette régression vient après un mandat au cours duquel nous avions tenu bon et baissé modérément les taux d’imposition et la dette de 15%.

Vous avez brutalement abandonné cette politique municipale après les élections municipales de 2008. C’est d’autant plus regrettable que nous avions pris de l’avance. Les agathois, en exigeant de nous cette attitude, avaient fait de nous des précurseurs. Aujourd’hui tout le monde a partout conscience que les dépenses ont des limites et que les niveaux des endettements ont des conséquences catastrophiques. Toutes les collectivités essaient désespérément de diminuer leurs  dépenses et de réduire leurs dettes. Le premier ministre, en même temps que de l’Etat, attend cela des collectivités territoriales, dont les villes aussi. Et vous, vous faites le contraire ! C’est d’autant plus dommage que si nous avions persisté dans notre choix de gestion précédent, nous aurions pu devenir exemplaires. Mais vous avez gâché notre atout, notre avance. Vous avez détruit ce que nous avions commencé à construire. Ainsi vous passez à côté de quelque chose de grand.

Pourquoi ce gâchis ? A cause de dépenses déplacées, la dernière en date étant l’embauche de pseudo-fonctionnaires chargés de balnéothérapie. Nous constatons aujourd’hui que les charges de fonctionnement annuelles du centre aquatique passent à 1,6 millions d’euros.

Vous croyez qu’il suffit de dépenser pour créer de l’activité économique mais vos choix sont disproportionnés, mal priorisés, mal calibrés. Les projets sont lancés à l’aveuglette, comme l’extension du golf de l’autre côté de la voie rapide dont le coût, mal évalué à 2 millions d’euros HT au départ, est passé maintenant à 5,5 millions d’euros HT avant que les travaux n’aient commencé.

Les marchés publics agathois présentent des dépassements records. Les travaux du centre-port évalués à 6 M€ au départ, sont passés à 14,5 M€ HT, et ce n’est surement pas terminé. Vous faites une confusion systématique entre ce que doit être un investissement productif, en termes d’économie et d’emploi, et une dépense inconsidérée. Il ne suffit pas de dépenser de l’argent dans de lourds investissements pour que cela génère une réelle activité durable. Vos investissements ne sont pas véritablement productifs. D’ailleurs vos projets sont tellement mal calibrés financièrement qu’ils ont bien du mal à sortir. Alors que nous bouclons la quatrième année de mandat, aucun projet municipal consistant n’est réellement abouti, encore moins terminé.

Les projets ne sortant pas, vous vous lancez dans une campagne de communication, menée par la société CREATOM, campagne qui n’est pas gratuite pour le contribuable agathois et dont le marché est reconductible trois ans supplémentaires. Les propositions 2008, n’étant pas devenues des réalisations, vous affichez maintenant un « projet de ville à 2020 » reprenant les mêmes propositions. Nous assistons à une sorte de pré-campagne électorale, au goût de remâché, tout à fait déplacée, mais confirmant  l’indigence des réalisations.

Nous pouvons observer au passage que le niveau de cette campagne est déplorable. Vouloir imiter Montpellier « La surdouée » n’est pas donné à tout le monde. N’est pas Frêche qui veut. Vous nous affichez Agde « La compétitive », Agde « La culturelle », « La solidaire », « La convoitée », « La naturelle », « La rayonnante », et puis quoi encore ? Pourquoi pas « L’Extraordinaire », « La sublime » !

Vous nous faites miroiter de grands projets, comme celui ébauché par Jean Nouvel pour l’Ile des loisirs, alors que vous savez qu’il ne s’agit que d’une ébauche d’architecte méconnaissant les lourdes contraintes de ce secteur. Mais bien qu’il s’agisse à peine d’une esquisse, cela permet de faire de grandes déclarations. Beaucoup de communication, beaucoup de vent destiné à faire rêver. Du vent, mais quand même des conséquences. C’est l’argent du contribuable qui file dans ce type de fonctionnement.

Pour faire passer tout ça sans que le budget municipal prenne des allures trop préoccupantes, vous cumulez la création de budgets annexes. Or la plupart de ceux-ci sont de véritables petites bombes à retardement. Ils développent de nouvelles dettes non comptabilisées dans le budget principal, mais que nous devons garantir. Il en est ainsi du budget de l’assainissement (13 M€ de dette), mais aussi des Cayrets et du Centre Aquatique, et bientôt du golf avec son extension. Mais que dire du tout nouveau, celui de l’Île des loisirs qui devra supporter l’indemnisation de tous les propriétaires actuels ! Pour une part, nous pouvons apparenter le rôle de ces budgets annexes à celui des sociétés écrans dans le privé.

Et avec ça vous oubliez ce que doit être notre première priorité : répondre aux besoins des agathois d’abord. Lors du mandat précédent, grâce à la maîtrise financière, nous avions baissé modérément les taux d’imposition, nous n’avions augmenté aucune taxe et n’en avions créé aucune nouvelle. Cela ne nous avait pas empêché de construire deux écoles, une école de musique, deux crèches, un complexe sportif, plusieurs places publiques, d’aménager la rive droite, les terrasses flottantes, etc.

En effet, il n’est pas question de ne pas investir, mais les investissements doivent être guidés par deux principes : répondre aux besoins de la population d’une part, être véritablement économiquement productifs d’autre part. Pour ce mandat en cours, aucune réalisation municipale vraiment identifiable en direction de la population n’est sortie, alors que celle-ci subit la nouvelle pression fiscale instaurée depuis 2009. Vous bradez même le patrimoine foncier en vendant des terrains municipaux pourtant nécessaires aux futurs équipements publics ou aux lotissements communaux. Vous négligez ainsi les forces vives, les jeunes qui ne peuvent s’installer dans leur commune, avec pour conséquence des classes fermées dans les établissements scolaires alors que le nombre d’habitants augmente.

Votre politique budgétaire n’est pas orientée vers les besoins de notre population mais vers des réalisations qui se veulent de prestige, qui sont favorables à la communication, dont la publicité dépasse nos frontières communales. Mais quelqu’un croit-il encore au petit papa noël ? A moment donné, il faut payer. Qui paye ? La population agathoise qui fait les frais du « paraître », du clinquant. Quelque part, les agathois font les frais des ambitions. Vous ne dépensez pas bien l’argent public. Vous ne protégez pas bien le patrimoine public.

A ce sujet, tout indique dans votre politique municipale, que vous considérez au fond qu’on ne peut rien faire pour le centre ville. Vous avez sciemment abandonné le projet d’espace commercial et de stationnement en lieu et place de l’ancienne salle des fêtes et de l’ancien laboratoire Capelier, en jonction avec la promenade, projet qui faisait partie de notre programme municipal. On peut pourtant y réaliser un mini polygone à l’échelle agathoise, intégrant les commerces existants, qui servirait de « locomotive » pour le centre ville.

Par ailleurs, lors de la visite du président de la république, vous nous avez amorcé en parlant de « mission Racine 2 » pour le tourisme. Voilà qui pouvait être intéressant pour notre station. Résultat ? Rien. Vous n’avez pas su déclencher d’action à ce niveau. Nous restons « Gros Jean comme devant ». D’ailleurs nous constatons que vous avez prévu une baisse de recette de la taxe de séjour perçue auprès des touristes, ce qui est le signe d’une baisse de fréquentation.

Lors du dernier conseil municipal, à la lecture du rapport des juges de la Chambre Régionale des Comptes, qui confirme ce que j’avais dit ici-même lors des budgets prévisionnels et des comptes administratifs, j’en avais conclu qu’il était vraiment temps de redresser le tir de notre politique municipale. Vous n’en avez donné aucun signe. Vous persistez aveuglément.

Aujourd’hui, nous constatons que c’est le fond de votre politique municipale, donc de vos choix budgétaires, qui est anachronique, à contresens de la situation économique actuelle, à contresens de ce qu’il faut faire. Alors il ne s’agit plus seulement de corriger le tir. Il s’agit maintenant de prendre un virage à 180°. Pour que les besoins des agathois soient véritablement considérés, pour que les agathois vivent mieux, nous devons envisager un changement complet de politique municipale, d’une manière ou d’une autre. Il faut s’y préparer, c’est devenu nécessaire. »

Henri COUQUET, conseiller municipal indépendant, « Agde Pays d’Agde ».

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