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Agde - Requiem pour une école .....de Musique

Si vous remontez la rue d'Embonne, en partant de la cathédrale pour rejoindre la…

Si vous remontez la rue d’Embonne, en partant de la cathédrale pour rejoindre la promenade à hauteur du Plazza, vous arrivez au bout d’une centaine de mètres à la place François Conesa.
Cette place porte le nom d’un soldat du contingent, fils de républicain espagnol, tombé en Algérie. Sa création, suite à la démolition d’un immeuble vétuste (déjà !), a fait l’objet de fouilles approfondies qui ont mis à jour l’existence d’une tour moyenâgeuse et de fondations d’un bâtiment d’importance datant du début de notre ère. Ces fouilles, comme c’est la mode lorsqu’on n’a pas la volonté ou les fonds pour protéger le résultat des recherches, ont été comblées en attente de nouveaux découvreurs dans les décennies ou les siècles à venir.
Aujourd’hui la place Conesa est un vilain terre-plein servant de refuge aux voitures ventouses du quartier.

Pourquoi cette ouverture en sous sol mineur ?

Pour vous dire que, en bordure de la place, au 6 de la rue d’Embonne et à l’angle de la rue du Portalet, existe un bâtiment des XVIème et XVIIème siècles dont la façade principale a été restaurée il y a une douzaine d’années. (Ce bâtiment est répertorié dans l’inventaire de la ZPPAUP comme présentant sur un des côtés « une porte en plein cintre à redans »d’intérêt historique évident).
En 2002, alors que la Maison des Savoirs craquait sous toutes ses coutures faute d’espace suffisant, j’avais obtenu que soit ouverte une ligne budgétaire pour l’aménagement de 3 ou 4 salles de formation dans ce bâtiment. Il offrait l’avantage de ne pas se trouver très loin de la MdS et aurait pu parfaitement répondre aux demandes pressantes de l’AFPA, du GRETA et de l’Université du Temps Libre en recherche de salles supplémentaires. Cette mise à disposition dans le cadre de la formation continue s’intégrait parfaitement au projet de ville et pouvait être subventionné à hauteur de 50 %. Les nouvelles élections fin 2002 ayant modifié la donne, ce projet n’a pas eu de suite…
Et puis, quelques temps plus tard, devant la montée au créneau des parents de l’Ecole de Musique, certains se sont souvenus de l’existence du bâtiment. Ainsi, en mars 2004, le Journal de la Ville annonce : « (L’) Ecole de musique sera déplacée en cœur de ville…aménagée place Conesa, elle aidera à la reconquête du centre ancien en créant un nouveau lieu de sociabilité. » et, au conseil municipal du 16 avril 2004, Sébastien Frey présente une demande de subvention pour l’étude relative à cette école: « (elle) se situera 3, rue du Portalet (et) comprendra un accueil, un bureau de direction, huit salles instruments, deux salles Solfège et une salle Percutions…Le montant affecté aux études est de 100 000 €. »

Un projet ubuesque car inadapté:
Sauf à détruire l’harmonie du bâtiment, il n’y a pas là plus d’espace que dans l’immeuble de la Consigne jugé trop exigu. En effet derrière la façade du 3 rue du Portalet se cache une cour intérieure avec citerne de basalte en demi lune et une tour avec escalier hélicoïdal lui aussi en basalte. Les croquis bizarroïdes qui ont été présentés portaient deux entrées à la base de la tour (ce qui ne peut se concevoir qu’en supprimant l’escalier) et projetaient l’aménagement d’un deuxième étage dans des combles où il n’y a pas d’hauteur sous plafond.

Quoiqu’il en soit, les travaux ont démarré fin 2004 :

Une entreprise a commencé à dégager les gravats encombrant l’intérieur. Et le Journal de la ville de décembre 2004 pouvait annoncer : « …Après des années où rien ou presque ne fut entrepris afin qu’il soit mis un terme à la dégradation du quartier. …Cette année, avec…l’installation de l’école de musique aux abords d’une place Conesa totalement réaménagée…c’est à une véritable renaissance du quartier que nous travaillons… »
Entre temps ceux qui réclamaient une nouvelle école de musique à cors et à cris, bercés par le violon des promesses et les cors aux pieds, se sont tus.
La place « totalement réaménagée » n’a pas connu l’ombre d’un début de travaux et les ouvriers qui oeuvraient dans « l’école de musique » ont, eux, disparus.
Voir les photos : https://www.herault-tribune.com/?p=p17&Re_Id=52
Fins de CDD ou victimes de quelques snippers du quartier (*), on ne le saura jamais

Depuis quelques mois le chantier est à l’abandon :

Les portes et fenêtres du rez-de-chaussée sont bien cadenassées, mais à l’étage les volets claquent allègrement et les bâches de protection se sont fait la paire depuis belle lurette. Les jours d’intempérie, la pluie s’en donne à cœur joie sur les planchers déjà passablement délabrés. Une partie du patrimoine qui fout encore le camp…En lieu d’école de musique, on a un instrument à vent, ou plutôt à courants d’air, à usage des seuls joueurs de pipeau professionnels.
L’idée a-t-elle été abandonnée ? Va-t-on se retourner vers l’ancien laboratoire Capelier, solution un moment avancée avant que n’arrive One FM ? L’actuelle école de musique est-elle devenue suffisante ? Qui sait ?
Pourtant, hormis les duettistes en chef, on devrait normalement compter suffisamment d’artistes dans le chœur municipal, pour s’intéresser au devenir du bâtiment du 6 rue d’Embonne (à commencer par ceux qui en ont la charge directe : élus à l’urbanisme, à la culture ou au patrimoine… et l’élue d’opposition (???) qui préside aux destinées du Syndicat d’initiative).
C’est vrai que nous ne lisons pas les mêmes partitions : Ils nous jouent « laisse aller, c’est une valse » quand nous leur demandons « arrêtez la musique »

Antoine Allemand
Qui est-ce ? – Fiche TrominosCap : https://www.herault-tribune.com/?p=p04&action=view&Tr_Id=18

* L’endroit est si dangereux que je ne m’y rends que tous les 30 février à l’heure de la sieste, et encore faut-il que cela tombe un mardi et ne soit pas un jour de pleine lune…
(Sans vouloir minimiser les incivilités qui y sont commises, il s’agit, vous l’avez compris, d’un clin d’œil adressé à ceux qui veulent donner à penser que le cœur de ville est pire que les banlieues des grandes cités.)

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