AGDE - Une commémoration du débarquement de Provence entre patriotisme et émotion
Mardi 15 août, c’est une foule très nombreuse qui s’était rassemblée, à la Grande…
Mardi 15 août, c’est une foule très nombreuse qui s’était rassemblée, à la Grande Conque au Cap d’Agde, afin d’assister à la commémoration du débarquement de Provence de 1944. Tout a débuté par un défilé de véhicules militaires d’époque, avec, en tête de cortège, le Maire d’Agde Gilles D’Ettore, jusqu’à la stèle dédiée au débarquement pour le début de la commémoration.
Après les traditionnels dépôts de gerbes, c’est Paul Alric, Président des Anciens Combattants d’Agde et ancien combattant, qui a participé à la deuxième vague du débarquement ayant libéré le Sud de la France, qui a pris le premier la parole. «Défendez votre France, elle est belle !» a-t-il conclu sous les applaudissements de l’assemblée.
C’est ensuite le Maire d’Agde, Gilles D’Ettore, qui s’est exprimé. «Le débarquement en Provence du 15 août 1944 fut une opération capitale pour la reconquête de l’Europe, aussi déterminante que le fut le débarquement en Normandie, qui se déroula deux mois plus tôt.
Si la mémoire collective s’est plus attachée au souvenir des batailles normandes, il n’est que justice de commémorer le débarquement en Provence qui ouvrit la voie à la libération de la France, en permettant à la 1ère Armée du Général de Lattre de remonter la vallée du Rhône et de poursuivre son action jusqu’en Alsace.
La réussite de ces opérations résulte, en premier lieu, de l’engagement de la Résistance intérieure, qui contribua largement à l’affaiblissement des défenses allemandes, au prix de milliers de morts, dont près de 400 dans les seuls départements provençaux.
Ainsi, seront verrouillées les zones de débarquement facilitant les vagues d’assaut américaines, qui prirent pieds en France entre Cavalaire et Saint Raphaël. Et c’est le 16 août que l’essentiel de l’Armée B du Général de Lattre de Tassigny débarque à son tour, avec pour objectifs de s’emparer des ports de Toulon et de Marseille, où se concentrent le gros des garnisons allemandes. Avec un succès total, puisque de Lattre pourra déclarer le 28 août «dans le secteur de mon armée, il ne reste plus un Allemand autre que mort ou captif». La Provence était libérée et elle l’avait été, pour une part non négligeable, par des forces françaises représentant notre pays et son Empire, dans sa glorieuse diversité.
Les pertes de l’Armée B s’élevèrent à 933 hommes et 3 732 blessés. Sur les 350 000 hommes engagés, 250 000 étaient français. C’est dire ce que la libération de la France mais aussi de l’Europe doit, aux côtés de nos forces alliées, à la détermination et à l’engagement des Français.
Il semble plus nécessaire que jamais de le rappeler, tellement, ces dernières années, l’accent est systématiquement mis sur les manquements voire les crimes dont se serait rendu coupable notre pays en ces années de guerre.
Ainsi, contrairement à ce qui a été récemment affirmé par la plus haute autorité de l’Etat, la France, je le dis ici avec force en ce jour de commémoration, n’est en rien responsable de la rafle du Vel d’Hiv. Aucune de ses incarnations légitimes n’y a contribué. Celle-ci a certes été organisée pour le compte de l’Allemagne nazie par un haut fonctionnaire français, dont le nom ne mérite pas d’être cité ici tellement il incarne la trahison et l’abjection, mais ce sinistre personnage n’était pas la France.
Dire qu’il l’était, c’est porter injure aux Français admirables, venus de tout l’Empire, dont nous célébrons aujourd’hui le courage. C’était eux la France. Ils agissaient sous l’autorité d’un gouvernement légitime, qui siégeait désormais à Alger, après avoir été à Londres. Ils avaient, pour nombre d’entre eux, entendu le discours du Général de Gaulle, qui avait, dès juin 1940, clairement indiqué que la France avait perdu une bataille mais n’avait pas perdu la guerre. La France avait, dès cette date, continué le combat. Elle l’avait fait à partir de son Outre-Mer, en Afrique Noire, au Moyen-Orient, mais aussi sur l’ensemble du territoire métropolitain.
C’est pourquoi, dire aujourd’hui que la France c’était Vichy, qui, je le rappelle, était un gouvernement de fait qui avait mis fin à la République sans aucune ratification populaire ni parlementaire, comme le prévoyait pourtant le vote si justement décrié du 10 juillet 1940, qui disposait d’un représentant à Paris, tel un ambassadeur représentant la France en territoire étranger et qui satisfaisait aux ordres des Nazis, dire donc que la France était Vichy, c’est une injure faite à la Résistance, c’est une injure faite au peuple français.
Il y a, en France plus qu’ailleurs, des Justes qui sauvèrent des Juifs en leur permettant d’échapper à la Déportation. Les trois-quarts d’entre eux furent sauvés, ce qui est unique dans l’Europe occupée de ces années de guerre et qui marque une singularité française dont nous devons dire notre fierté.
La France a gagné la guerre. Elle a signé à Berlin, par la plume du Général de Lattre de Tassigny, l’acte de capitulation de l’Allemagne. Il fut décidé qu’une zone d’occupation lui serait attribuée outre Rhin, et au moment de la fondation des Nations Unies, elle fut désignée comme membre permanent de son Conseil de Sécurité.
Refaire l’histoire aujourd’hui à des fins d’autodénigrement n’a pas de sens, sauf peut-être pour ceux qui s’y complaisent et y trouvent une manière de se valoriser au détriment de leur patrie.
La France, elle est incarnée par les soldats de cette 1ère Armée qui débarquèrent en Provence.
La France, c’est le visage supplicié de Jean Moulin, c’est le corps désarticulé de Pierre Brossolette, tous deux morts de s’être tus face à leurs bourreaux.
La France, c’est Pierre Messmer et ses camarades de la 13ème demi-brigade à Bir Hakeim.
La France, c’est le Général Leclerc et sa 2ème DB entrant les premiers dans Paris désormais libéré.
La France, c’est le Vercors et ses Maquisards, c’est ses tirailleurs sénégalais morts dans les neiges d’Alsace.
La France, c’est Jean-Pierre Levy, c’est Emmanuel d’Astier De La Vigerie, c’est Henri Frenay, c’est Lucie Aubrac et tant d’autres qui organisèrent la Résistance intérieure.
La France, ce sont ces jeunes hommes et femmes, tout juste sortis de l’adolescence, qui ont rejoint Londres et la longue silhouette du Général de Gaulle.
La France, c’est une épopée au service de la liberté des peuples et de ceux qui les composent.
La France, c’est un hymne à la dignité humaine.
La France qui s’avoue vaincue face à l’ignominie, ça ne peut plus être la France. Seule subsiste celle qui se bat jusqu’à la victoire de ses idéaux, de nos idéaux.
C’est cette France éternelle que nous célébrons aujourd’hui à travers celles et ceux qui ont porté, pour tout un peuple, le flambeau de l’espérance.
C’est cette France qu’incarnent aujourd’hui encore nos soldats qui, en France comme sur les territoires extérieurs, luttent contre ce nouveau fascisme que constitue l’intégrisme islamiste. Nous leur devons, à eux et à leurs chefs, notre soutien de chaque instant et surtout notre plus grand respect.
Vive la République.
Vive la France».
A l’issue de la cérémonie, a eu lieu un moment fort en émotions. En effet, Paul Alric, du haut de ses 95 ans, n’a pas hésité à monter, en compagnie du Maire d’Agde Gilles D’Ettore, sur le char Sherman datant de 1943, un modèle identique à celui qu’il conduisait il y a de cela plus de 70 ans !