Agde - Vias - Sérignan -Portiragnes - Valras - Vendres - Naissance d' un Comité de défense contre l' éolien industriel -
Un Comité de défense s'est créé pour faire échouer le projet d'éoliennes que le…
Un Comité de défense s’est créé pour faire échouer le projet d’éoliennes que le gouvernement souhaite implanter en mer, au large du littoral de l’Ouest de l’Hérault. Mais pourquoi donc s’opposer à l’éolien qui utilise une énergie naturelle et donc un moyen écologique de produire de l’électricité ?
D’autant qu’il répond à la volonté internationale (Protocole de Kyoto) de réduire la consommation des énergies fossiles et de lutter contre les gaz à effet de serre (GES) ? On ne comprend pas les raisons que ce groupe opposent à un tel projet, a fortiori lorsqu’il prétend, dans un mouvement politiquement neutre, de défendre la qualité de l’environnement et le développement des énergies renouvelables. Les écologistes, en particulier les Verts, y voient l’opportunité de se sortir du nucléaire : c’est l’éolien ou le nucléaire, affirment-ils.
Les personnes à l’initiative de ce Collectif intercommunal ont choisi de faire un point pour s’en expliquer et ont exposé à Hérault Tribune les raisons de la création de ce Comité de Défense. Il s’agit de Michel ROYO, Maire-Adjoint de Vendres, Jean-Paul PALACIO, Président de l’association ‘’Pêche et Plaisance” de Valras, Christian BABEL, Conseiller Municipal de Sérignan, Claude EXPOSITO, association ‘’Réflexion et Perspectives” de Portiragnes (dont il a été le Maire de 1979 à 2001), Denis BOYER association ‘’Réflexion et Perspectives” de Portiragnes, Gérard METGE, Maire-Adjoint de Vias, Christian JOVIADO, Conseiller Municipal de Vias et Didier DENESTEBE, Conseiller Municipal d’Agde.
‘’Ce mouvement citoyen est né de la prise de conscience par chacun d’entre nous, qu’on ne pouvait laisser implanter une zone industrielle de 11km2 sur notre bord littoral” déclare, en préambule, Christian Joviado, ‘’nous allons ensemble vous expliquer pourquoi”.
Le littoral qui s’étale du Cap d’Agde au Grau de Vendres est devenu l’une des premières destinations touristiques françaises. Elle représente un flux estival de 300 000 touristes dont plus du tiers étranger, 30 millions de nuitées, 10 000 emplois générés et un chiffre d’affaires global d’environ 1 milliard d’euros. Autrement dit, un fort taux de fréquentation qui fait du tourisme littoral le levier économique essentiel de la zone littorale ‘’Ouest de l’Hérault” ! ‘’Toutes les Municipalités, tous les bâtisseurs et tous les promoteurs qui ont investi dans les stations concernées, ont été particulièrement soucieux de préserver les composantes de leur développement durable”, affirme Didier DENESTEBE. ‘’Il est difficile”, ajoute-t-il, ‘’de nous faire croire que l’on ne distinguera pas ces géants de la mer, plus hauts que le Mont Saint- Loup, en arrière plan du Fort Brescou.Au lieu de voir la chaîne des Pyrénées en arrière plan, cette vue ne donnera-t-elle pas d’un littoral dont on a mis trente ans à construire une image notoire positive, celle d’une mer ventée et ‘’artificialisée” ?
Ce projet national répond-il aux besoins et aux attentes des populations locales ?
Il est vrai que l’espace en mer renvoie à la pureté de sa ligne d’horizon, rencontre à l’infini du vaste ciel descendant et de l’immense miroir qui le reflète. C’est ce que souhaite voir en permanence Jean-Paul PALACIO, qui ne s’en lasse pas, au large de Valras. ‘’ Comme moi, c’est l’ensemble des amoureux de la mer et de ceux qui en vivent qui souhaitent préserver la beauté de ce dernier paysage naturel qui nous reste. Car au-delà de la zone des trois milles démarre le domaine des chalutiers et, en deçà, celui des petits métiers de la pêche”. Et c’est précisément dans cette zone que doit être implantées les 34 éoliennes. ‘’De plus”, continue-t-il, ‘’cela fait dix ans que la ville de Valras bataille pour immerger des récifs artificiels en mer afin de développer ses ressources halieutiques. Aujourd’hui, alors que le dossier est bouclé, que les subventions sont accordées, tout est bloqué. Pourquoi ? Parce que l’un des épis empiète sur la zone d’implantation des éoliennes, tout simplement. De plus, ces aérogénérateurs étant des pieux que l’on enfouit directement dans le sous-sol, ils ne peuvent servir d’un quelconque refuge pour les poissons” !
Est-il acceptable qu’un projet local très important pour les professionnels de la pêche soit anéanti par un projet national qui l’ignore totalement ? Christian BABEL s’insurge à son tour contre l’imposition de ce dossier sans consultation des populations concernées. Il considère qu’en plus, ‘’cet espace en mer balisé, sera une zone interdite à la navigation de plaisance et qu’il ne sera pas possible de secourir des personnes en danger notamment par hélitreuillage”.
Ce projet participe-t-il à la préservation naturelle de nos côtes ?
‘’Ce projet tourne le dos à tout le travail qui a été réalisé pendant vingt deux ans sur la côte de Portiragnes”, fait remarquer Claude EXPOSITO. ‘’Depuis 1984, chaque année les infrastructures souples qui ont été mises en place sont entretenues au prix d’une gestion rigoureuse et permanente. Cette installation industrielle n’a pas sa place à quelques kilomètres de deux réserves naturelles et de trois zones d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), affirme-t-il. ‘’A fortiori sur le bord littoral le plus dégradé du Golfe du Lion”, renchérit Christian JOVIADO, en ciblant les espaces littoraux de Vias et de Valras. ‘’D’autant que l’ancrage de ces éoliennes peut entraîner des perturbations dans la nappe astienne qui nous alimente en eau potable, ainsi que des perturbations des courants marins avec risque d’aggravation de l’érosion marine”, ajoute Claude EXPOSITO.
En quoi ce projet permettait-il de lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?
‘’L’éolien à cause de son intermittence doit être doublé par des centrales thermiques, ce qui augmente les émissions de gaz à effet de serre” , affirme Gérard METGE. ‘’Dans le meilleur des cas, poursuit-il, ‘’une éolienne ne fonctionne qu’un quart à un tiers de temps, il faut donc trouver un moyen de régulation. Contrairement à ce que veulent nous faire croire ses promoteurs, l’hydraulique ne pouvant répondre aux pics actuels comment pourrait-il pallier les temps de non production de l’éolien induits par l’absence du vent ? Il faut savoir que chaque fois que l’industrie éolienne produit 1 Kwh d’électricité, le thermique doit systématiquement produire 3 kwh. Il est donc évident, de son point de vue, que plutôt que de diminuer la quantité d’émission de GES, l’éolien l’augmente. Et d’ailleurs poursuit-il, ‘’les deux pays européens les plus producteurs d’énergie éolienne, les Pays-Bas et l’Allemagne, sont en même temps ceux qui génèrent le plus de GES.
Ce n’est pas la qualité et la quantité des vents, notre littoral est certainement le moins venté du Languedoc-Roussillon , qui fait surgir ces projets dits ”durables”, que d’autres ont rejeté (par exemple le Préfet des P-O en 2002) mais un mécanisme Etatico-financier qui oblige EDF (par arrêté ministériel) à racheter le kilowattheure éolien à un prix deux fois plus important que son prix de revient”. Selon les membres du Comité, ce sont les usagers d’EDF qui assument le différentiel à travers le règlement de la contribution au service public d’électricité (la fameuse CSPE). ‘’En plus de l’aspect pour le moins inesthétique de cette industrie lourde, il faut savoir que l’implantation de ces ”moulins d’acier géants” de 180 m (120 émergés) nécessite un raccordement électrique impressionnant : câbles, connexion des éoliennes en mer, connexion du parc à la terre, atterrage avec raccordement du câble sous-marin au terrestre, et que l’on en connaît pas les répercussions sur la faune et la flore” !
Il existe pourtant d’autres solutions mieux adaptées
Le Collectif rejette les arguments des porteurs du projet. ‘’Il doit créer 450 emplois”, disent-ils, ‘’dont dix permanents, mais pour qui ? Quand on sait que la taxe professionnelle que percevraient nos Communes est financée à 75% par les contribuables et que les promoteurs de cette zone industrielle en parlent en termes d’attrait touristique, on se demande vraiment si l’on peut y trouver un seul intérêt pour les Communes littorales concernées ? Voilà dans quels termes s’expriment les opposants de ce qu’ils qualifient un « véritable marché de dupes ».
Ce qui leur paraît pertinent, par contre, c’est de diversifier les ressources énergétiques renouvelables. ‘’Cela implique un choix défini par les élus et les populations locales, à partir d’une adéquation entre le savoir-faire (ressources humaines) et le potentiel naturel : hydraulique, solaire, géothermie, bioénergie, éolien domestique. Le tout inscrit dans le développement durable, c’est-à-dire dans un équilibre entre les besoins économiques et sociaux, le respect de l’environnement et la participation citoyenne dans les décisions, ce qui est loin d’être le cas” conclut son porte parole Gérard METGE.
Leur leitmotiv est écrit sur l’un de leurs dossiers : « Plutôt que de subir une énergie industrielle qui risque de compromettre fortement les équilibres naturels de notre bord littoral et d’hypothéquer son avenir économique, n’avons-nous pas le droit de choisir, par exemple, par référendum ? »
Le Comité à travers ce plaidoyer, lance un appel de solidarité aux autres Communes et invite le plus grand nombre à participer à leur réunion publique à la fin du mois de Mai.