BESSAN - Histoire et patrimoine : l’histoire du moulin à vent de Bessan
Le moulin à vent a été bâti sur le plus haut sommet de la…
Le moulin à vent a été bâti sur le plus haut sommet de la commune, le Mont Ramus, qui culminait à 84 mètres, lieu particulièrement venté. Cet édifice a été inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel avant qu’il ne soit détruit en juin 1973 pour la construction de l’autoroute A9. Il était constitué en roches volcaniques et composé d’une tour tronconique de 6 mètres de diamètre au sommet et de 7 mètres à la base. Au rez-de-chaussée, s’ouvrait une porte rectangulaire surmontée d’une fenêtre ; à gauche de cette fenêtre, le linteau d’une autre fenêtre sur piédroits qui a été bouchée ; une autre fenêtre à embrasement donnait vers l’Est. En dessous d’elle, on remarquait un mur crépi, restes d’une habitation. A l’intérieur, on y voyait un évier de pierre et les marches d’un escalier en maçonnerie. Les vestiges d’un escalier extérieur à degrés de bois qui aboutissait au sommet étaient visibles.
Ce moulin figure peu dans les archives. Sur le livre des impôts de 1699, on trouve un certain Antoine de Turc, chanoine de Béziers propriétaire d’une grande maison rue du Four et de terres à « l’alle » et à la « sotte » des Monts Ramus. Les Monts Ramus étaient des terres nobles, qui, à cette époque, appartenaient tout comme Touroulle, les Mèjeries et le moulin Bladier sur l’Hérault, au duc d’Uzès et n’étaient pas soumises à l’impôt. Le cadastre de Bessan de 1824, ne mentionne pas de moulin à vent, mais indique que tout le Mont Ramus, terres labourables, vignes et pâtures, appartenaient à un certain André Canet. A la révolution française, les propriétés, immeubles et terres, des familles nobles ont été réquisitionnés puis vendus comme biens nationaux. Sur ce cadastre, figure une croix en son sommet et un chemin qui dessert la métairie conduisant, non pas au moulin mais à un centre de production de meules rotatives domestiques en basalte de la fin du IVe siècle avant J.C.
Les recensements de population de 1836 à 1872 indiquent tous les propriétaires, domestiques et habitants des Monts Ramus, mais à aucun moment il n’y est fait état de meunier. Ce n’est qu’en 1940, que le cadastre de Bessan signalera enfin la présence d’un « ancien Moulin » avec à quelques mètres vers le sud, une croix. Dans les années 1950, Germaine Caussy affirmait être la dernière à y avoir habité dans sa jeunesse. Elle avait épousé en 1899 à Bessan Pierre Arribat, fils de Basile, berger et petit-fils d’autre Basile, également berger. En ce début du XXe siècle, le moulin ou l’habitation qui lui est accolée, n’était occupée que par la famille du berger, le troupeau paissant la jasse située plus au nord.
Que peut-on en conclure ? Le moulin à vent de Bessan semblerait une exception sur le cours de l’Hérault, à cohabiter avec un moulin à eau. En effet, tous ceux des villages traversés par le fleuve (mis à part peut-être ceux d’Aumes et de Vias), sont des moulins hydrauliques. La raison vient de la faible productivité des moulins à vent, de leur exigüité qui n’autorisait l’emploi que d’une seule paire de meules et ensuite du fait qu’ils ne produisaient pas en l’absence de vent. Notre moulin Bladier pouvait travailler pratiquement tous les jours de l’année, sauf pendant les inondations. C’est peut-être pour cette raison que le moulin à vent aurait été construit pour remplacer le moulin à eau pendant les périodes de crues.
Si l’on résume, ce n’est qu’en 1940 qu’un moulin est signalé pour la première fois sous forme de ruines. Faut-il en déduire que le moulin a été construit après 1824 et abandonné avant 1940 ? L’histoire des moulins à vent dans notre région se termine fin XIXe, la vigne ayant pris la place du blé. Le moulin à vent aurait donc fonctionné moins de 75 ans et l’on peut même se demander s’il a fonctionné un jour. D’ailleurs, les Bessanais n’ont jamais nommé cet édifice « le moulin », ils allaient se promener à « la tour du Mont Ramus ».
On dit aussi qu’elle aurait été utilisée comme télégraphe Chappe ce qui expliquerait les aménagements, l’escalier en bois extérieur permettant d’accéder au mécanisme de commande qui se trouvait en son sommet et le logement des techniciens accolé à la tour. Or, il se trouve que cette tour ne figure pas sur le réseau des postes télégraphiques aériens de Chappe, la ligne du midi reliant Bordeaux à Avignon traversant notre département était jalonnée de tours Chappe distantes d’environ 10 km. Dans notre région, le réseau télégraphique Chappe n’a fonctionné 15 ans, de 1838 à 1853, et les recensements de population de cette période ne font aucun état de technicien télégraphiste, pas plus que de meunier…
Francis Delmas, en collaboration avec « La Guilde 2 Bessan, Patrimoine et Traditions ».