Bissière au musée de Lodève, de la figuration à l’abstraction
Assimilé à l’Ecole de Paris, le peintre Roger Bissière (1886-1964) – qui s’était d’abord exprimé…
Assimilé à l’Ecole de Paris, le peintre Roger Bissière (1886-1964) – qui s’était d’abord exprimé de façon figurative puis au travers de pictogrammes avant de se rapprocher de l’abstraction – est à l’honneur au musée Fleury de Lodève. Le musée commémore en effet le cinquantenaire de sa disparition au travers d’une exposition intitulée “Bissière, figure à part”. Via 85 tableaux, une sculpture et deux tapisseries, le musée retrace, sous le commissariat scientifique de sa petite-fille, Isabelle Bissière, un parcours pictural particulier qui amènera le peintre à représenter la France à la Biennale de Venise, en 1964, où lui sera décernée la mention d’honneur, en raison de “l’importance historique et artistique de son œuvre”. Retour sur un destin singulier et une œuvre hors normes, un temps proche du primitivisme.
Au Musée de Lodève, la commissaire d’exposition et directrice du musée, Ivonne Papin-Drastic, a choisi d’effectuer une présentation chronologique montrant l’évolution picturale de Roger Bissière au fil des années. Une évolution que l’on peut ainsi résumer… Le peintre débute sa carrière dans les années 20 par des représentations figuratives. Il est alors influencé par divers courants picturaux, dont le cubisme de Juan Gris et de Georges Braque, puis des artistes comme Cézanne, Ingres et Corot. Profondément attaché à la terre, ses sujets d’inspiration sont les paysans et les scènes campagnardes, puis les nus. Dans les années 30, il s’intéresse à la religion et peint et sculpte des crucifixions, dans un vocabulaire pictural proche de Grünewald et Picasso. La Seconde Guerre mondiale est un choc pour Roger Bissière, qui cesse de peindre et se retire dans le Lot. Il ne recommencera la peinture qu’en 1944, dans un style plus simple rappelant les dessins de son fils Loutre. Son rapport à la nature nourrit ses œuvres de l’époque, tableaux ou tapisseries. Dubuffet apprécie son style, qui pourtant ne relève pas de l’art brut, Bissière étant un intellectuel. A partir de 1947, atteint de glaucomes aux yeux, Roger Bissière abandonne la figuration en tant que telle et adopte l’utilisation de pictogrammes. Ces signes symbolisent des êtres humains, vaches, plantes, poissons et étoiles. Ses tableaux à l’œuf de l’époque évoquent le primitivisme et les peintures rupestres. L’année 1954 marque sa redécouverte de la peinture à l’huile et des transparences. Figure emblématique de la Seconde Ecole de Paris, ses signes noirs forment progressivement une trame de plus en plus dense. Son travail est alors exposé à la Documenta II de Kassel puis primé à la 32e Biennale de Venise en 1964. Ses œuvres de l’époque (photo) portent des noms poétiques, comme Silence du crépuscule, Agonie des feuilles. Parallèlement, il tient un journal plus figuratif, peint sur bois aggloméré, où il entretient un « dialogue » avec sa chère épouse disparue.
Virginie MOREAU
> Musée Fleury – Square Georges-Auric – Lodève – Tel. : 04 67 88 86 10.
> L’exposition « Bissière, figure à part » est visible jusqu’au 2 novembre 2014, du mardi au dimanche de 10h à 18h, jours fériés inclus.
> Visites guidées du mardi au samedi à 11h et 15h.
> Visites thématiques tous les samedis à 11h.
> Conférence « Bissière, ordre et désordre » par Richard Leeman, le jeudi 2 octobre 2014 à 20h30 au musée.