BITERROIS ISOLATION À 1 euro - Le dirigeant mis en cause s'explique
Jordan Asaro n'est pas un homme à se laisser abattre. Entrepeneur reconnu dans le biterrois, sa société est mise en…
Jordan Asaro n'est pas un homme à se laisser abattre. Entrepeneur reconnu dans le biterrois, sa société est mise en cause dans un sinistre d'isolation à un euro et par un emballement médiatique. Le chef d'entreprise assume et s'explique.
” Des médias un peu en manque d'actualités en cette période de confinement ont cru bon de faire le buzz sur un chantier d'isolation à 1 euro qui a rencontré une difficulté. Sans vraiment maitriser le sujet, certains en arrivent même à publier des affirmations mensongères. Je n'ai jamais fui mes responsabilités, mon entreprise réalise 1 400 chantiers par an, nous ne sommes pas des charlots mais pas non plus à l'abri, comme n'importe quel artisan, d'un incident sur un chantier ” affirme le directeur qui est à la tête d'une quarantaine de salariés sur le biterrois.
Un litige sur 1400 chantiers
L'affaire démarre en début de mois. Une famille de Neffiès qui réhabilite une maison confie ses travaux d'isolation à la société biterroise Eco-isolation dirigée localement par Jordan Asaro. Cette dernière est habilitée depuis octobre 2019 à réaliser ce type de travaux.
” Dans 95 % des cas, nous réalisons nous même les travaux en soufflant de la laine de verre ou de la laine de roche dans les combles des habitations. Selon l'accessibilité des combles, nous pouvons également dérouler des rouleaux de ces mêmes composites. Dans le cas de nos clients de Neffiès, nous sommes dans un cas spécifique où les techniques traditionnelles ne sont pas adaptées. En effet, la maison comporte des toitures rampantes, c'est à dire à forte déclinaison où la matière soufflée se concentrerait par gravité au bas du toit. Ce n'est pas acceptable ” précise Jordan Asaro qui connaît bien son sujet.
” Face à des toitures à fortes inclinaisons, il existe une technique dite de mousse injectée. La mousse Isoflex est injectée de manière uniforme et adhère sur la totalité de la surface des toits en pente. Pour cette technique spécifique, nous faisons appel à un sous-traitant spécialisé en la matière et qui détient l'exclusivité de la pose de ce produit, la société EM FLEX basée à Cagnes sur mer. Nous avons réalisé 1 400 chantiers en 2020 dont une quinzaine avec cette société et tout s'est toujours bien passé ” indique Jordan Asaro sûr de son fait.
À Neffiès, une partie du plafond s'est effondrée
Alors que la société développe son activité sans encombre, la belle machine s'est enraillée sur le chantier de ce couple de Neffiès. Pour une raison encore inconnue, la réalisation des travaux chez Mme Piquemal et M. Allingry a laissé des désagréments importants. 48 h après les travaux, une partie du plafond en placo de la maison s'est effondrée et des odeurs irritantes ont envahi la maison, la rendant inhabitable.
“Le produit isolant coulait par les spots lumineux. Il a tout rongé, le plafond n'a pas résisté et une odeur chimique a envahit la maison “, explique Mme Piquemal dans les colonnes de notre confrère Midi-Libre.
L'intervention d'un sous-traitant
De son côté, le responsable de l’entreprise sous-traitante EM Flex se défend de tout manquement : « Nous utilisons ce produit régulièrement, il a des performances optimales. Il s'agit d'une mousse isolante thermo-acoustique à base de résine, conforme aux normes européennes DIN. Je ne comprends pas ce qui a bien pu arriver. C’est bien la première fois que nous rencontrons un problème. Peut-être y a t-il eu un mélange incorrect lors de la préparation du produit ? En effet, il faut respecter un certain dosage pour que la réaction soit parfaite, il nous faut vérifier ce point”.
Un produit supposé cancérigène par les victimes
Du côté des victimes, le problème est bien plus grave. Des sacs du produit utilisé ont été laissés sur place par les ouvriers et il contiendrait un produit cancérigène, le formaldéhyde. Une accusation dont se défend le sous-traitant. “Pour moi, j’ai utilisé un produit aux normes. Pour en être certain, j'ai fait réaliser des analyses vendredi par L’Apave, organisme de contrôle de l’État. J'attends les résultats, je ne suis pas là pour empoisonner les gens !” se défend le sous-traitant qui précise “La loi tolère 3 % de ce produit dans l’isolant, nous en mettons seulement 1 %“.
De son coté, Jordan Asaro affirme qu'il a vérifié la fiche technique du produit et qu'il répond “aux normes de sécurité et santé avec un marquage CE “. Il indique avoir toujours essayé une solution pour ses clients. ” Dés que nous avons été informés du problème rencontré par cette famille, j'en ai averti le sous-traitant et je me suis également rendu sur place mais je me suis retrouvé face à des clients que je qualifierais malheureusement de procéduriers. Au lieu de trouver une solution rapide, ils ont préféré médiatiser largement l'affaire et m'ont indiqué que je ne pouvais plus rentrer dans la maison car elle était inacessible en attente d'une expertise par leur assurance.”
Un emballement médiatique jugé disproportionné
” La société de Jordan Asaro s’est alors retrouvée dans un engrenage médiatique sans être autorisée à proposer des solutions dans la mesure où immédiatement, les plaignants ont contacté tous les médias de France en colportant des informations mensongères et en faisant des supputions sans fondement objectif ” indique maître Karine Masson, avocate en charge de la défense de la société Éco-isolation.
“À titre d’exemple, une émission diffusée sur la chaîne régionale a indiqué que mon client, M. Jordan Asaro était également à la tête de la société de sous-traitance, ce qui est totalement absurde et faux. Cette information mensongère peut avoir des répercussions très graves sur la réputation de M. Asaro et de son entreprise. Ce n'est pas admissible d'autant qu'aucune expertise n’a été diligentée pour vérifier la dangerosité de la mousse isolante utilisée. Il est donc surprenant de tirer des conclusions hâtives sur la dangerosité du produit ou encore sur son caractère prétendu toxique sans examens objectifs ” indique l'avocate de la société.
” Une presse à sensation a cru bon de s'emparer de cette affaire sans en connaître les tenants et les aboutissants. C'est très préjudiciable pour l'entreprise de mon client qui jouissait jusqu'à présent d'une excellente réputation et qui jusqu'à preuve du contraire, a respecté tous les procédés légaux en matière de sécurité puisque la réalisation des travaux est soumise à une vérification préalable par un organisme étatique ” précise Karine Masson.
Un incident isolé pour l'entreprise
Pour elle, la société éco-isolation, tout comme son sous-traitant, n’a que pour seul objectif la satisfaction du client et la sécurité des produits utilisés. ” Ces entreprises ont réalisé de nombreux chantiers pour lesquels elles n’ont eu à déplorer aucun sinistre. 1 400 chantiers en un an et aucun litige ! Cette affaire présente donc un caractère isolé et exceptionnel dont les causes seront déterminées par les autorités judiciaires” poursuit Maître Masson.
mais une réputation “injustement” entachée
” Cette affaire est tout d'abord fortement dommageable pour les plaignants qui se retrouvent privés de leur logement dans l’attente d’expertise, mais elle l'est aussi pour les entreprises qui ont été jugées médiatiquement sans procès. Leur réputation est entachée alors qu'à ce stade, aucune faute n'a été établie. Il y a eu une difficulté sur ce chantier, elles répondent présentes et sont prêtes à assumer leur éventuelle responsabilité, quitte à reloger à leur frais et dans des conditions similaires, la famille en difficulté. Enfin, contrairement aux assertions divulguées dans un quotidien régional, l’entreprise éco-isolation n’en est pas au stade du dépôt de bilan et entend fermement se défendre contre toute accusation infondée. Une entreprise ne doit pas être condamnée sur un fait isolé ” conclut Maître Masson.
De son coté, Jordan Asaro déplore cette situation. ” Ce couple semble s'être laissé griser par un emballement médiatique. Dans quel but ? Détruire 40 emplois locaux ? Dénigrer notre profession qui oeuvre pour la protection de l'environnement ? Nous sommes prêts à les reloger à nos frais, à rentrer dans l'habitation pour comprendre ce qui a pu se passer, nous avons effectué une déclaration de sinistre auprès de la compagnie d’assurance qui les indemnisera en temps et en heure pour le préjudice subi. Que pouvons-nous faire de plus ? Pourquoi cet acharnement ? Je ne comprends pas … Cette affaire aurait pu être réglée très rapidement et sans encombre, encore faut-il que ce couple entende les solutions que nous proposons au lieu de passer son temps à appeler toutes les rédactions de France ! Ce n'est pas vraiment constructif ” regrette le chef d'entreprise qui assure que sa société ÉCO ISOLATION se soumettra à toutes les vérifications nécessaires pour faire la lumière sur cette affaire et entend désormais se défendre contre toute accusation infondée qui pourrait nuire à sa réputation.
L'isolation à 1 euro, comment ça marche ?
Depuis quelques années, la France s’est engagée dans une politique environnementale dont l'objectif est de réduire la consommation d’énergie des Français de plus de 20%.
Le Ministère de la Transition Ecologique a mis un système de solidarité en place. Il oblige les grandes entreprises françaises (EDF, Total, Auchan, Leclerc…) à prendre en charge le coût des travaux d’isolation de nombreux foyers Français.
Les travaux sont alors réalisés par un réseau de professionnels, reconnus Grenelle de l’Environnement. À la fin de vos travaux d'isolation, vous n'aurez plus qu'à remettre aux artisans un chèque ou une pièce de 1 euro, ces derniers se faisant directement régler par le fond de solidarité.
Pour savoir si vous pouvez bénéficier de ce dispositif, il suffit de remplir un formulaire pour tester votre éligibilité.
Les précautions à prendre
La DGCCRF a publié une fiche intitulée Offres d’isolation à 1 euro, soyez vigilants, qui invite à la plus grande prudence si vous êtes sollicité par téléphone par une entreprise proposant un tel service. En effet, la loi n° 2020-901 du 24 juillet 2020 interdit désormais le démarchage téléphonique en matière de rénovation énergétique : vous ne devez donc plus recevoir de proposition par téléphone, sauf dans le cadre d'une relation contractuelle.
Si vous constatez des comportements frauduleux, rapprochez-vous de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) ou de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) de votre département.
Dans tous les cas, avant tout engagement, il est préférable de vous renseigner auprès des services spécialisés, notamment auprès de l’Adil de votre département (Agence départementale d'information sur le logement), ou un conseiller du réseau Faire.fr, service public de la rénovation énergétique au 0 808 800 700 (service gratuit + prix d'un appel).