Politique — Montpellier Méditerranée Métropole

Castelnau-le-Lez : Urbanisme avenue de l’Europe,  « dire aujourd’hui que l’on découvre les choses, c’est mentir. » Frédéric Lafforgue

Le maire de Castelnau-le-Lez n’aime pas que l’on parle de tours sur l’avenue de l’Europe, car c’est une première façon de « déformer la réalité. » À mi-mandat, les oppositions montent au créneau sur « Les Signatures », qui désignent des projets immobiliers emblématiques pour la Ville.

Pas de refus de dialogue pour Frédéric Lafforgue, qui tient à remettre les choses dans leur contexte : « Une étude urbaine a été présentée au conseil municipal du 29 juin 2021, il y a deux ans, avec un vote à l’unanimité. Les trois immeubles étaient présentés. Nous n’avons rien caché, que ce soit à Mr Miro et ses compères, ou à l’opposition de la NUPES. Et je crois que nous n’avons jamais eu autant de connexions, ce soir de conseil municipal. »

« Répondre aux dispositions environnementales »

Et pour l’heure, « on est dans une procédure très précise », souligne Frédéric Lafforgue : « donc, dire aujourd’hui que l’on découvre les choses, c’est mentir. » Puis le maire de Castelnau, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, détaille toute l’opération : « L’objectif, c’est d’aller dans le sens du PLUi. Et si le président de la métropole a accepté, que nous lancions cette modification du PLU, sur l’avenue de l’Europe, sur le centre ancien et sur le reste, c’est pour pouvoir répondre aux dispositions environnementales. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, avec le PLU, on a 10% d’emprise sur les terrains qui restent perméables. Et tout le reste est construit. Maintenant, nous allons passer à 45% de terrains qui vont rester de pleine terre, et l’autre moitié sera construite. Donc ça, c’est quand même l’événement qui se passe sur l’Avenue de l’Europe et sur d’autres parcelles. » Artificialisation des sols, les responsables politiques le savent : la consommation du foncier est une véritable préoccupation environnementale.

« J’ai les seuls écolos ou pseudo-écolos de France et de Navarre qui ne veulent pas que l’on monte les immeubles, pour éviter l’étalement urbain » Frédéric Lafforgue

« Il y a une logique. On ne fait pas ça parce qu’un matin, j’ai décidé d’enquiquiner tout le monde en disant, on va faire 3 immeubles. C’est réfléchi. Nous avons ce qu’on appelle le Plan de Prévention de Risques Inondation (PPRI). On anticipe les choses. C’est pour cela que Michaël Delafosse a aussi accepté pour que l’on puisse anticiper sur le PLUi. Et aujourd’hui, on anticipe ces événements climatiques avec une restriction : au lieu de construire sur 90%, on ne construit que sur la moitié. »

L’idée, comme dans beaucoup de villes, c’est de pouvoir aussi éviter l’étalement urbain, pour garantir au mieux la préservation de la biodiversité, et densifier pour garder un pourcentage acceptable de sols perméables. Alors Frédéric Lafforgue s’interroge : « je le dis en plaisantant, mes opposants verts écolos, ce n’est pas les mêmes qu’à Montpellier. J’ai les seuls écolos ou pseudo-écolos de France et de Navarre qui ne veulent pas que l’on monte les immeubles, pour éviter l’étalement urbain […] Quelles sont les propositions des oppositions ? Aucune, » soutient le maire de Castelnau-le-Lez

50 hectares sur 1 118 hectares

772 logements sociaux, à prévoir : « le préfet nous envoie le relevé, j’ai 772 logements sociaux à faire pour être dans les 25%. Et si on ne le fait pas, le préfet va nous mettre 1 million d’euros de pénalités. Et comme vous êtes en carence, il peut vous dire, vous montez un immeuble ici, vous y mettez 100 ou 150 logements sociaux. »

Gérard Sigaud, 1er adjoint, apporte à son tour un élément de réflexion pour mettre en perspective le sujet dans sa dimension territoriale : « De quoi parle-t-on à Castelnau-le-Lez, pour l’avenue de l’Europe ? On parle de 50 hectares. C’est 50 hectares sur 1.118 que fait la commune. Donc, on parle de 4,47% de la ville de Castelnau. Et ce sont ces 4,47% qui permettent aussi de préserver tout le reste de la ville. Il y a en gros 40% de la population qui habite sur ce périmètre-là. Et on répond à l’urgence sociale, que vient d’évoquer Monsieur le Maire. C’est une nécessité d’arriver à un seuil légal. On répond aussi à l’urgence écologique, et on répond surtout à une urgence économique. Nous sommes la cinquième ville d’Occitanie en termes de création d’emplois. En particulier dans les métiers du numérique, du digital. Il y a des cadres qui arrivent tous les jours, et ces cadres, qu’est-ce qu’ils veulent ? Ils veulent travailler à Castelnau, ils veulent vivre à Castelnau, ils veulent habiter à Castelnau. »

Écologie, logements sociaux, mobilités, « nous faisons tout cela à l’unisson de la politique de la métropole », affirme Gérard Sigaud qui défend l’attractivité de l’avenue de l’Europe : « aujourd’hui, quand il y a un appartement à louer, c’est 20 à 30 appels par jour. »

Pour le 1er adjoint, toute une dynamique s’installe : « les choses s’inversent, et nous allons aller encore plus loin. Sur cette avenue, il va y avoir une clinique, il va y avoir une gare TER ! » Frédéric Lafforgue ajoute : « Et avec toutes les contraintes environnementales qui doivent être prises en compte. » 

L’histoire : « Un tunnel à ciel ouvert de 8 étages sur 2 km »

Frédéric Lafforgue fait alors l’historique de cette avenue qui a échappé à un « tunnel  d’immeubles » : « L’Avenue de l’Europe a été lancée quand le tram avec la DUP* avait été lancé, en 2006. En 2006, qu’est-ce que voulait l’État ? Parce que vous ne faites pas un tram à 424 millions d’euros sans que l’État vous demande des compensations. La compensation, c’était de construire le long de l’avenue de l’Europe jusqu’à la plaine de Caylus. À l’époque, première demande de l’État, 8 étages tout le long, comme à Port Marianne, comme sur l’Avenue de la Mer. »

Comment passer de 8 étages à 3 étages, « cela a été une discussion entre Georges Frêche et Jean-Pierre Grand. Ils se sont mis d’accord en tant que président de l’agglomération et maire de Castelnau-le-Lez, pour diviser par deux sur cette surface, parce qu’il y avait d’autres projets qui étaient prévus sur la métropole. En particulier sur Castelnau puisqu’on lançait à l’époque Eureka, on lançait Caylus, et on lançait à la fois Prado-Concorde et Mas de Rocher, » explique le maire.

Pour Frédéric Lafforgue le pire a été évité. Et les deux élus de l’époque ont rationalisé et équilibré le développement de ce secteur : « en gros, on allait faire un tunnel à ciel ouvert de 8 étages sur 2 km. Mais la volonté a été de redescendre à 3, sauf sur des points bien particuliers. C’est-à-dire qu’au niveau des stations de tramway, on a gardé la possibilité de monter et de densifier un petit peu plus les habitations. » Un choix en phase avec la volonté de rapprocher les populations de l’accès à l’emploi et aux services, tout en évitant un allongement des déplacements au quotidien, et donc une hausse des émissions de gaz à effet de serre.

L’exemple de la station de tram Charles de Gaulle : « le premier immeuble, c’est l’Étoile, ensuite vous avez eu le Prado-Concorde, hauteur, 9 étages. Quand vous rentrez dans Castelnau, aujourd’hui, rien ne choque d’avoir deux immeubles, quand vous arrivez du Corum, sur votre droite, l’Étoile, et à gauche le Prado-Concorde, qui sont à 9 étages. Ils sont réussis, et ils répondent à la mixité sociale, il ne faut pas l’oublier. »

*Altémed : rapprochement d’ACM Habitat, la SERM, la SA3M et les filiales Énergies du Sud et SERM.ID.

*DUP : Déclaration d’Utilité Publique.

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