Comité de Défense contre le projet ‘'Torche à Plasma'' « Le problème des déchets n'est pas aussi complexe qu'on voudrait nous le faire croire »
Dès l'entrée dans la salle, les banderoles, affiches, groupes en grande discussion, traduisent une…
Dès l’entrée dans la salle, les banderoles, affiches, groupes en grande discussion, traduisent une atmosphère à laquelle le Comité de défense de Vias contre le projet ‘’Torche à Plasma” nous a habitués. Et pourtant, malgré les propos exprimés sur le devenir de ce projet, on ressent une atmosphère singulière, pour ne pas dire différente des réunions précédentes. L’accueil y est organisé autour de tables garnies de documents, de brochures, de maquettes ; et, fixés à des grilles, des panneaux souples exposent une galerie d’affiches sur le thème des déchets. L’heure n’est plus à la contestation, mais plutôt au questionnement : que devons- nous faire de nos déchets ?
Et la Torche à Plasma ? Quelle décision ?
Ce fut l’une des questions posées par un participant. La réponse avait été exprimée par un porte-parole du Comité de défense dans son introduction à la conférence-débat. « Le Comité d’Ethique s’est prononcé unanimement contre le projet mais aucune communication officielle n’est parue depuis. Nous restons vigilants et mobilisés contre cette usine où qu’elle soit implantée, et nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont soutenus dans ce combat ! » et une autre membre du Comité de rajouter « surtout que ce n’était pas gagné après les propos du Maire de Vias dans la lettre verte, je le cite : « les inconvénients connus sont peu nombreux mais, par contre, les avantages eux sont énormes ».
Ensuite Robert Clavijo, responsable du Collectif inter associatif déchets de l’Hérault, démarre sa locution. « Engagés dans un mouvement de défense de l’environnement nous ne sommes pas, comme d’aucuns le prétendent, contre tout ce qui nous est proposé ». Mais soyons réalistes, la France génère 650 millions de tonnes de déchets par an, c’est-à-dire 10 t / an et par habitant. Et chaque année cette quantité augmente de 2%, et les déchets que nous rejetons sont de moins en moins recyclables….
Pourquoi ?
Parce que les papiers sont plastifiés, imperméabilisés et que les objets de tous ordres sont en matériau composite. Alors que faire des déchets et comment réduire le contenu de nos poubelles ? A continuer sans réagir face à ce qui n’est pas une fatalité, nous courons deux risques : épuiser le sol de ses ressources premières et empoisonner l’environnement dans lequel nous vivons. Nous voilà interpellés par l’avenir que nous préparons à la postérité ! D’autant que pour nous culpabiliser davantage, le conférencier fait référence à ‘’l’appel de Paris”, un colloque organisé le 7 mai dernier au cours duquel furent révélés la multiplication du nombre de cancers, d’anormalités chez les tout-petits, et l’accroissement de la stérilité chez les hommes. Un cauchemar quoi ! Comment voulez-vous résister à la tentation de changer d’attitude après avoir entendu cela ? Surtout que, selon Robert Clavijo, les solutions sont inscrites dans les Lois et les Plans départementaux.
En 1992, toutes les Préfectures ont reçu comme mission gouvernementale de mettre en place, dans chaque département, un Plan d’élimination des déchets. Et ce, en associant les professionnels et les associations de protection de l’environnement, avec obligation d’appliquer les directives stipulées dans les textes réglementaires.
Que préconisent-elles ?
Robert Clavijo énonce cinq axes prioritaires dont en premier : la réduction des déchets à la source. En gros, ne plus produire d’objets jetables, pari difficile parce que les ménages sont incités à grands renforts de publicité à en consommer toujours plus. Remplacer le jetable par le durable c’est l’affaire des industriels mais aussi des consommateurs : si nous n’en consommons pas, ils n’en produiront plus.
Deuxième axe : la collecte et le traitement des déchets toxiques. L’ADEME a élaboré la marque ‘’Retour”. Beaucoup d’industriels proposent de reprendre par exemple les piles et les batteries mortes….
Troisième axe : les putrescibles ou fermentescibles d’origine animale ou végétale. Il faut les collecter et les traiter à part car ils peuvent souiller les autres types de déchet. Les fermentescibles sont indésirables, et partout rejetés. Par contre, si on les restitue au sol, ils sont source de bienfait. Il s’agit de réintroduire dans la terre cultivée ses matières premières lesquelles, durablement prélevées, l’appauvrissent inexorablement. Cet enrichissement par les matières organiques est appelé cycle biogéochimique par les scientifiques. Mais savez-vous qui sont les meilleurs laboureurs (plus d’une tonne par ha, ils y creusent en moyenne 5 000 km de galerie), ceux qui aèrent le sol, le transforment en éponge en évitant ainsi l’asphyxie racinaire et les inondations ? Les vers de terre parbleu ! Dans les zones cultivées, la rareté ou l’absence de matière organique à la surface de la terre et l’emploi de pesticides raréfient ou font disparaître les vers de terre. Le sol devient compact, absorbe moins d’eau ce qui aggrave le ruissellement qui emporte l’humus fertile et peut entraîner les inondations catastrophiques que nous connaissons.
Quatrième axe : le recyclage. Nos déchets sont tous de la matière première, de la ressource qu’il faut réutiliser. « Cela demande des efforts de tri et l’on constate un manque d’écocivisme et de motivation. Les brûler c’est les dilapider ! »
Cinquième axe : les déchets restants. Ils sont destinés généralement aux décharges qui ont mauvaise réputation. Celles-ci sont classées en trois catégories. Les décharges de Classe I accueillent les déchets industriels et spéciaux, ce sont les plus toxiques. Les Classe II où l’on dépose les déchets ménagers et les Classe III ouvertes aux déchets inertes. Ces derniers étant difficiles à définir car au sens strict, ils sont inexistants. Par commodité, ils sont qualifiés ainsi parce qu’ils ne présentent aucun danger pour l’environnement.
Pour conclure, Robert Clavijo stigmatise les élus qui refusent de comprendre. Car, selon lui, si la loi et la réglementation étaient respectées, il ne resterait que des inertes et donc plus de décharge de classe II. « C’est parce que ceux qui élaborent les lois ne les respectent pas, que le traitement des déchets coûte aussi cher. Il faut rappeler aux élus quelles sont leurs obligations. Ils doivent encourager l’installation de centres de tri manuel, les plates-formes de compostage et le compostage individuel ». Je rappelle, dit-il « que le développement durable exige le recyclage intégral des déchets, que le sur – emballage nous pourrit la vie et qu’il est temps de revenir au ‘’consignable” ! »
La parole est alors donnée à l’auditoire. Un exemple de solution est proposé par l’association ‘’PATANARES” dont la population est aussi mobilisée contre le projet d’une monstrueuse décharge, qu’à Vias contre la ‘’Torche à Plasma”. Marcel Caron, son porte-parole, commente les graphiques, exposés au vu du public. Ils représentent la plate-forme de compostage exposée sous forme de maquette à l’entrée de la salle. Il fait référence aux unités de compostage d’Adissan, un modèle du genre, et de Clermont l’Hérault. A Tanarès, on produit du compost forestier ou minéralisé à partir d’ordures ménagères brutes entreposées en gros tas (andains) qu’il faut arroser et remuer pendant six mois. La décomposition aérobie des carbones tendres évolue avec une élévation de chaleur de l’ordre de 65 à 75°C. Ce degré de température permet la stérilisation du mélange en décomposition par destruction des parasites ou autres microbes pathogènes.
Après six mois de maturation, le tas obtenu (60% de la masse initiale) est trié et tamisé pour affiner le compost dont on extrait un résidu sec (25% de la masse initiale). Celui-ci, mis en balles, détient un pouvoir calorifique important qui intéresse les industriels du thermique, mais il s’agit-là d’un autre problème qui ne sera pas abordé ici. Diverses questions sont alors posées par des participants : sur la présence de plastiques qui n’ont pas leur place au sein de l’andain originel ; sur la superficie nécessaire à une telle plate-forme (1,5 ha en l’occurrence) ; sur le prêt par la Collectivité des Hauts Cantons de composteurs individuels pour inciter les concitoyens à s’impliquer dans la démarche ; et d’autres questions aussi pertinentes les unes que les autres….
Le Comité de Défense conclut cette réunion publique très écoutée. Sa porte-parole remercie une nouvelle fois les pétitionnaires pour leur chaleureux soutien, ainsi que les participants du jour auxquels étaient destinées ces informations vulgarisées et concrètes. Elle insiste sur le fait que le problème des déchets n’est pas aussi complexe qu’on voudrait nous le faire croire. Elle remercie Robert Clavijo qui a souhaité que l’on rappelle aux élus leurs obligations en matière de déchets tout en reconnaissant que certaines Collectivités ont prouvé qu’il était possible de valoriser, sans faire appel à des techniques lourdes et/ou industrielles, 60 à 70% des déchets, rapidement et sans trop de difficultés.
Alors, à quand la mise en place d’un plan de réduction des déchets à Vias, comportant des mesures originales et variées ?
Parce qu’il n’existe pas de solution miracle, mais des actions complémentaires choisies par la population locale et non imposées (par les multinationales avec la complicité de certains élus par exemple).
Le mot de la fin appartient à une sage qui disait à sa voisine : « Dans cette affaire, notre action est primordiale alors, donnons l’exemple : lançons-nous, achetons autrement, faisons du compost, l’environnement s’en portera mieux et notre qualité de vie aussi ! »