Vie des professions — Région occitanie

Election au CROEC région Occitanie : le point de vue d'Arnaud Cayzac (syndicat ECF)

Jusqu'au dimanche 22 novembre 2020, les experts-comptables à jour de leurs cotisations peuvent voter en ligne 7j/7 et 24h/24. Le dépouillement du scrutin et la proclamation des résultats auront lieu le lundi 23 novembre 2020 à 14h30. Interview d'Arnaud Cayzac (syndicat ECF), qui figure parmi les candidats.

Quelle est l’importance de cette élection dans le contexte de la fusion avec l’Ordre des experts-comptables de Midi-Pyrénées ?

Arnaud Cayzac (syndicat ECF)

” L’important pour nous est l’existence de l’ex-région de Montpellier, qui comprenait non seulement le Languedoc-Roussillon mais aussi l’Aveyron. L’institution va se déplacer à Toulouse en termes administratifs, alors qu’il y a plus de confrères sur la région Languedoc-Roussillon que sur la région Midi-Pyrénées. On se retrouve avec une centralisation du pouvoir à Toulouse, avec une région allant du Gard rhodanien aux Hautes-Pyrénées, ce qui représente une certaine distance. Pour aller de l’extrémité du Gard à l’extrémité des Hautes-Pyrénées, il y en a pour plusieurs heures. La question est de savoir comment construire la proximité et garder du lien. C’est le centre de mon engagement. Le législateur a choisi de fusionner les régions. A un moment donné, nous avons contesté afin de garder deux Conseils régionaux. Ce combat-là est terminé ; c’est du passé. Maintenant il faut déterminer comment on construit un équilibre, comment on construit une force globale pour tous les confrères de la grande région Occitanie, sans pour autant nous diviser entre nous. Il ne s’agit pas d’un combat entre Montpellier et Toulouse. Il s’agit de construire, d’optimiser les structures, d’avoir une efficacité économique, de mutualiser les coûts et d’avoir le meilleur service pour tous nos confrères de la région Occitanie.

Si je remportais cette élection, on garderait une représentation territoriale à Montpellier avec des permanents (lire à ce sujet, l’interview de Philippe Lamouroux, président du Conseil de l’Ordre des Experts-Comptables de Montpellier). On conserverait à Montpellier le siège de l’institut régional de formation de Languedoc-Roussillon, qui est plus performant que celui de Toulouse, et on le développerait au niveau de l’ensemble de l’Occitanie. En complément, pour garder la proximité, nous renforcerions le soutien à nos chambres locales et départementales, qui ont pour but de relayer l’action des experts-comptables au niveau des bassins de population, des bassins d’agglomérations (Chambre du grand Montpellier, Chambre du Biterrois, Chambre à Carcassonne, Chambre à Perpignan). L’idée serait de leur apporter un soutien logistique, informatique, un site Internet commun dédié à l’accompagnement dans les 13 chambres pour avoir des actions locales au plus près des confrères situés dans les 13 départements de la région Occitanie.


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La difficulté que rencontrent beaucoup de nos confrères, c’est le coût des formations. Pour devenir expert-comptable, il y a un stage d’expertise comptable pendant 3 ans durant lequel l’expert-comptable stagiaire a 8 journées de formation par an. Le coût que j’évoquais est notamment celui du déplacement pour les jeunes confrères jusqu’au lieu de la formation. Le but serait d’avoir des journées de formation délocalisées. On le fait déjà en Languedoc-Roussillon, à Nîmes, Perpignan, Narbonne, Rodez… Je propose donc de développer ces formations délocalisées pour que les experts-comptables, les stagiaires et les collaborateurs puissent se former au plus proche. Il faudra développer également l’e-learning. C’est dans l’air du temps. 

L’humain est important. Et la proximité crée du lien. Selon moi, la confraternité ne se décrète pas, mais se construit pierre après pierre. Nous allons travailler là-dessus pour créer des actions plus proches de nos confrères. La Région Occitanie rassemble 2 000 confrères répartis sur 13 départements avec environ 5 heures de route entre les deux extrémités. Il va falloir réussir à construire un lien. Nos confrères des confins de l’Aveyron, des Hautes-Pyrénées ou du Gard ne doivent pas se sentir isolés.”


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Quelles sont vos priorités en tant que candidat ?

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Arnaud Cayzac.

Arnaud Cayzac (ECF)

Je décline mes priorités en trois parties :
1 – rapprocher, comme je vous l’ai dit précédemment ;
2 – manager cette institution, car sur la précédente mandature, durant 4 ans, ont eu lieu les discussions pour arriver à cette fusion. Nous étions dans le combat. Nous ne sommes pas prêts aujourd’hui. Donc il y a tout un travail de construction maintenant que cette fusion est actée et que les combats du passé sont derrière nous et qu’il y aura un seul Conseil régional élu. Cela va représenter une vraie difficulté puisque le nombre d’élus au conseil régional de l’Ordre dans le cadre de cette fusion va baisser. Le conseil de l’Ordre sera installé à Toulouse, ce qui représentera de longs trajets pour les élus ;
3 – influencer, dans la droite ligne des influenceurs sur le Web. Notre profession a un déficit d’attractivité depuis très longtemps. Nous avons de vraies problématiques de recrutement. Le métier d’expert-comptable est un très beau métier, malheureusement peu prisé par les jeunes. Aujourd’hui, nous avons besoin de beaucoup de main-d’œuvre, nos métiers se diversifient. Nous avons besoin de changer notre image.

Nous ne sommes plus des teneurs de comptes. Nous sommes de véritables coachs d’entrepreneurs. Nous avons un rôle important à jouer dans l’économie. Peu de gens en sont conscients. Actuellement, nous ne mettons pas suffisamment en avant ce rôle important. Depuis le premier confinement, nous accompagnons les chefs de PME dans la mise en place de l’activité partielle, dans la mise en œuvre des dispositifs d’aides de l’Etat, des aides de la Région, des PGE, des prêts rebond de la BPI, dans la construction de stratégies pour passer le cap, dans la construction de projections de chiffre d’affaires et de niveau d’activité, dans la réorientation d’activité pour s’adapter aux contraintes de la crise sanitaire.Aujourd’hui, l’attractivité de notre profession, c’est aussi parvenir à mettre en avant ce rôle d’acteur au service de l’économie et de l’intérêt général. Ça passe par se faire reconnaître, communiquer auprès des médias et des acteurs économiques.

Mon objectif, pour réussir à mêler mon rôle d’influence et de rapprochement, est d’organiser des états généraux de la relance en sortie de crise sanitaire, dans chacun des 13 départements de la région Occitanie, avec toutes les propositions des experts-comptables.

Nous disposons au niveau de notre Ordre d’un outil fantastique en matière de data, jedeclare.com, portail télédéclaratif de la profession, à partir duquel on est capables de sortir des statistiques sur l’évolution du volume d’activité au travers des déclarations de TVA. Cela nous permet de faire une analyse fine, département par département, localité par localité. Le but est de mettre autour de la table les pouvoirs publics, les administrations, les élus locaux, et de jouer à plein ce rôle d’intérêt général, de serviteurs de l’économie française.”


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Que pensez-vous des aides actuelles aux entreprises ?

Arnaud Cayzac (syndicat ECF)

“Honnêtement, beaucoup de dispositifs ont été mis en place. Ils sont compliqués et génèrent pour nous beaucoup de travail. Tous les matins je suis sur le Journal Officiel pour guetter les parutions de nouveaux décrets d’application. Beaucoup de choses ont été mises en œuvres : l’activité partielle, l’activité partielle de longue durée, le fonds national de solidarité avec la deuxième version, les aides de l’assurance maladie pour les professionnels libéraux, les aides provenant des caisses de professionnels libéraux, la BPI… c’est très bien. C’est parfois un peu compliqué mais il nous revient d’accompagner nos clients ; il faut aller chercher ces aides et passer le cap. Il ne faut pas avoir peur car la peur est un mauvais guide. Notre rôle d’experts-comptables est de conseiller les dirigeants ; d’apporter un sourire, une épaule, un soutien moral à nos clients et de leur dire : ‘Allons-y, utilisons tous ces dispositifs. Avez-vous pensé à l’aide de la Région, aux subventions pour l’investissement, au prêt rebond de la BPI, avez-vous utilisé la majorité du Prêt Garanti par l’Etat ?’ 

Nous sommes dans une période de grande incertitude, or diriger c’est prévoir. C’est donc très malaisé pour les chefs d’entreprise de ne pas avoir de visibilité. On ne sait pas si cette situation va durer quelques semaines, mois ou années… Le parti que j’ai pris dans mon cabinet pour mes clients est de tenir jusqu’à l’été, de construire un prévisionnel sur l’année 2021 et les années à venir. En matière de charges fixes il faut voir quels efforts doivent être menés pour tenir. On a une situation potentiellement compliquée jusqu’à l’été minimum ; il faut chiffrer les charges fixes, le montant d’aides qu’on peut obtenir, et s’organiser au sein de sa structure, voir que faire en termes de personnel, coûts.

Selon moi, il faut garder espoir. D’autres dispositifs peuvent apparaître. Par exemple, en termes de PGE, il y avait obligation de rembourser au bout d’un an. Bruno Le Maire a évolué, gagné du temps, projeté de repousser d’un an complémentaire le remboursement.

Je dis aux dirigeants d’entreprise : ‘Ayons confiance en l’Etat, il faut tenir’. Je conseille éventuellement de réorienter son activité. Mais attention à ne pas maintenir une activité à tout prix. Par exemple, les restaurateurs se sont mis à la vente à emporter. Cela ne convient pas à tous les types de restaurants. Les repas confectionnés par les restaurants gastronomiques ne sont pas faits pour être emportés ; mieux vaut alors que ces restaurants restent fermés et bénéficient des aides de l’Etat.”

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