Droit

Embouchure Hérault - Agde – Lettre ouverte à M. le maire.

Agde – Lettre ouverte à M. le maire. J'avais depuis longtemps l'intention de vous…

Agde – Lettre ouverte à M. le maire.

J’avais depuis longtemps l’intention de vous écrire, pour vous signaler le mauvais état de notre port. Aujourd’hui, par suite de circonstances, ce désir est devenu pour moi un besoin ; je l’assouvis en vous écrivant.

Vous venez d’acquérir pour la ville une statue de la République, qui nous reviendra, frais d’inauguration compris, à la somme de 30 000 francs. Ca me paraît du superflu, du luxe comme nous dirions. Rien, en effet, ne légitime cet achat, si ce n’est, peut-être, votre petite ambition.

… Quoi qu’il en soit, et pour la question qui m’occupe, je soutiens que vous auriez mieux fait de consacrer au draguage du port les 30 000 francs que vous avez employé à l’achat d’une Marianne.

Vous n’ignorez pas que notre fleuve perd de jour en jour de sa profondeur ; il ne se passe pas de semaine sans que quelque bateau ne s’enlise. Votre ami Lafferre a bien semblé s’émouvoir de notre pénible situation la veille de son élection ; mais autant en emporte le vent ; on n’a rien vu venir.

Peut-être vous a-t-il envoyé pour le creusement du port l’augmentation de son traitement de député, soit 6000 francs. Dites-le nous, car à son prochain séjour à Agde, nous lui enverrons une délégation de pêcheurs, pour le remercier.  

Vous-même, Monsieur le maire, vous nous avez bernés de la belle façon en nous promettant lors de votre élection au conseil général, « la fameuse drague ». Vous souvenez-vous ce vous nous dites alors en réunion publique : « Je veux que vous m’appeliez le Père-la-drague, si je n’obtiens pas le creusement du port d’Agde ».

On doit sans doute avoir inventé une nouvelle drague sous-marine ; c’est ce qui explique pourquoi nos yeux ne l’ont pas encore vue ; mais ce que nous voyons tous les jours, ce sont nos bateaux qui s’enlizent de plus en plus.

Vous direz peut-être que cela ne vous regarde pas ; que c’est l’affaire des ponts et chaussées ; mais moi je constate que vous gaspillez en futilités l’argent que nous gagnons si péniblement, alors qu’il serait si facile de s’employer à des travaux absolument nécessaires.

Votre République ne viendra pas nous aider à tirer à la maille, lorsque notre bateau sera pris dans le limon de l’Hérault, et, tandis que vous siroterez délicieusement votre apéritif, nous trimerons, nous, sur le quai grâce à votre incurie et votre gaspillage.

Ne pensez pas toujours à votre médaille. Songez un peu au pauvre peuple, qui peine et qui sue, et qu’on ne nourrit pas de bronze et de fêtes. – Un pêcheur

L’association Agathé a organisé, dernièrement, une réunion à la maison des savoirs. But : parler des inondations et essayer de trouver des remèdes. Parmi les solutions envisagés, a été évoqué le dragage de l’embouchure du fleuve.

En consultant le journal L’Eclair à la médiathèque de Béziers, je suis tombé sur cet article du mois d’août 1909, que j’offre à mes amis Agathois.

Ce pêcheur trouvait le dragage de l’embouchure du fleuve, indispensable (pour l’activité de sa profession, certainement importante à l’époque) ; alors qu’il jugeait superflue l’érection d’une statue.
 
Un siècle plus tard, le problème n’a pas changé. Il y a les travaux indispensables et les travaux superflus. Pour ma part, pour rester sur le fleuve Hérault et sur Bessan, je trouve plus utile de protéger mon village des inondations, que de construire un troisième terrain de tennis, ou de vouloir construire un port à plusieurs heures en bateau de la mer.

Michel SABATERY de BESSAN
 

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