Everlia redonne vie aux containers maritimes à Béziers
Cette start-up industrielle, créée en 2016, investit 8,4 millions d’euros dans la construction d’une nouvelle usine dans le parc d’activités Béziers Ouest.
Par Hubert VIALATTE
Retraiter les containers maritimes qui s’entassent dans les ports européens pour les destiner au marché de la construction. L’idée est apparue comme une évidence à Alain Krzyzanowski, en 2010, alors qu’il travaillait sur le port de Marseille et s’étonnait de l’abondance de containers provenant du monde entier. « Les containers maritimes sont les déchets de la mondialisation. En Europe, il y a environ 500.000 containers à recycler », explique-t-il. Un marché gigantesque qui s’accorde avec l’économie circulaire. Les containers sont fabriqués en acier Corten, « qui ne bouge pas ». Du solide. Everlia convoie vers son site de Béziers des containers provenant principalement de Fos-sur-Mer.
Investissement industriel
Aujourd’hui implantée sur la Zac de Mazeran à Béziers (avec le siège social à Saint-Thibéry), la start-up industrielle, créée en 2016, porte un projet de nouvelle usine dans le parc d’activités Béziers Ouest 2, aménagé par Viaterra. Il s’agit de faire face à l’afflux de commandes. La demande de permis de construire a été déposée mi-novembre pour quelque 10.000 m2 de bâti, sur un foncier de 4 hectares. Le début des travaux est prévu en septembre 2021, pour une livraison en mars 2022. L’investissement s’élève à 8,4 millions d’euros.
En 2021, Everlia lancera par ailleurs des maisons low-cost, au prix très marketé de 77.777,77 euros. Cette offre, qui cible le marché des primo-accédants, propose 3 blocs à assembler par l’acquéreur, pour une surface habitable de 81 m2. Les raccordements et les finitions intérieures sont à la chargedu particulier.
Doublement des effectifs
Everlia projette un doublement de ses effectifs l’an prochain, pour passer de 19 salariés à 40. Les profils recherchés sont ceux d’architecte, d’ingénieur, de secrétaires, tous les corps de métiers du bâtiment, un responsable général d’atelier, un responsable second œuvre bâtiment, un autre acier et un dernier pour l’approvisionnement.
La société est constituée de plusieurs entités : Everlia SAS (partie industrie), Everlia Construction, Excity (bureau d’études), Fibi (French Institute Building & Innovation). Ce centre de formation aux nouvelles techniques architecturales s’adresse aux architectes, aux collaborateurs d’Everlia et aux poseurs-monteurs qui vont être déployés (un par département) à partir de l’an prochain sur l’ensemble de la France.
Modularité dans les constructions
Les containers retraités sont de taille standard : 6 mètres ou 12 mètres de long, 2,44 m de largeur et 2,9 m de haut. Ils sont totalement reformatés, confortés et réarmés en usine. « Un container repart comme un morceau de maison, pour être réassemblé en intégralité et former des constructions à chaque fois différentes, explique le dirigeant. La modularité est infinie ! »
La clientèle est composée à 80 % de collectivités. Beaucoup se trouvent dans l’Hérault : nouvelle mairie et bloc scolaire pour la commune de Faugères, agrandissement du collège de Marseillan…
Les avantages de l’utilisation des containers sont évidents : « Un caractère environnemental et social, un prix moins élevé (- 10 % à – 20 %), la robustesse du matériau et une rapidité d’exécution », souligne Alain Krzyzanowski. Autre avantage, un matériau décarboné, inséré dans une filière de recyclage et de revalorisation. Il s’agit d’un atout-clé alors que pointe la nouvelle réglementation RE 2020, à partir de septembre prochain. « Nous ne fermons pas la porte aux promoteurs immobiliers », glisse-t-il.
Pour accélérer son développement, et « vite arriver aux 10 M€ de chiffre d’affaires », Everlia est en train de finaliser une ouverture de capital significative de « plusieurs millions d’euros ». L’opération est pilotée par PVB Avocats (Montpellier) et Private Partner. Alain Krzyzanowski restera actionnaire majoritaire. Une belle trajectoire pour ce self-made man, qui a d’abord obtenu un CAP-BEP de mécanique générale, avant de passer dans le génie à l’armée, puis de compléter sa formation par une école de commerce. A priori, pas grand-chose à voir avec le recyclage de containers. « Mais ma mère était dans le bâtiment. Enfant, j’ai toujours traîné avec des artisans. Cela donne des idées ! », sourit-il.