C’est le 22 novembre 1919, à Gafsa, que René Paraire voit le jour. Il a deux frères, Marcel, l’aîné de la fratrie, et Pierre, le petit dernier, fruits de l’union de Victor Paraire, Receveur principal
des Monopoles de la Ville, avec Henriette Vidal.
Dès son plus jeune âge, René semble peu enclin pour les études et préfère le maniement des crayons au travail scolaire. En 1932, il part étudier à Tunis, mais là encore, il délaisse les cours au profit de la peinture, et organise, à l’insu de sa famille, sa première exposition. Ses parents, convaincus par la passion et l’aptitude de l’adolescent pour les arts, l’inscrivent à la nouvelle École des Beaux-Arts de Tunis où il reçoit la formation académique indispensable à tout jeune artiste. René obtient plusieurs bourses d’étude qui lui permettent d’effectuer son “Grand Tour” entre 1934 et 1936, en Italie et aux Pays-Bas. En 1937, il part vivre à Paris où il y reste deux ans avant de retourner à Tunis. C’est apparemment à cette période qu’il effectue ses multiples recherches sur la lumière méditerranéenne. Il les met à profit dans de nombreuses peintures et dessins qu’il présente au public lors d’expositions collectives.
Bien que réformé, René Paraire prendra, à partir de 1942, une part active dans la campagne de Tunis qui oppose les troupes alliées aux Allemands et aux Italiens. Intégrant les Forces Françaises Libres, il rejoint l’Angleterre en 1944 avec l’ensemble des troupes pour préparer le débar- quement en Normandie. Après la guerre, il tourne définitivement le dos à une vie passionnée et exaltante. Il sort de cette période, certainement très riche en émotions, affaibli et, peut- être, quelque peu déprimé, un état dont il semble ne s’être jamais départi tout au long de sa vie.
René Paraire n’organisera aucune exposition d’envergure, ne participera à aucun salon régional ou national et ne sera attaché à aucune galerie. Il choisit au contraire d’aller vivre et travailler loin des centres artistiques qu’il avait fréquentés et part s’installer dans l’Hérault au Grau d’Agde. Un choix qui n’est pas anodin puisque son père en est originaire et que René y a passé une partie de ses vacances d’été depuis 1932. Il représente en pein- ture, à l’aquarelle ou au crayon, le paysage qui l’envi- ronne, comme les étendues de plages, la longue jetée ou les petites barques de pêcheurs. La ville d’Agde attire aussi son attention, notamment la majestueuse cathédrale Saint-Etienne, les rues de la vieille ville, les rives de l’Hérault, l’embouchure dans la mer Méditerranée, les bateaux du chantier naval de la famille Palumbo ou encore les bords ombragés du Canal du Midi, qui représentent ses sujets de prédilection.
Au début des années 50, l’artiste commence à fréquenter assidûment les cafés, pratique qu’il conservera jusqu’à la fin sa vie. Dans ces lieux de sociabilité, il côtoie bien sûr les gens de mer, dont il réalise des portraits saisissants, et rencontre Robert Finck, un artiste tchécoslovaque installé à Agde depuis la dernière guerre. Peintre et publiciste, ce dernier l’oriente vers une représentation plus théâtrale de la nature. C’est à cette période que la vision plus sombre et dramatique du paysage maritime apparaît dans l’œuvre de René Paraire. En 1953, les contingences matérielles l’incitent à prendre un emploi stable en tant que peintre- décorateur dans l’entreprise agathoise Poujoul.
En 1957, il épouse Paulette Taillefer qui donne naissance à Chantal, leur fille unique, qu’il représentera dans de très nombreux dessins. Mais le tempérament artistique de René s’accorde mal avec un travail régulier et moins encore avec les contraintes de la décoration de commande. Renvoyé de l’entreprise, il retrouve le goût de la liberté et la peinture. Mais ses responsabilités familiales le poussent à créer son commerce de décoration peinte. C’est sûrement dans ce cadre qu'il reçoit de l’hôpital d’Agde la commande, en 1960, de deux grands tableaux destinés à décorer la cage d’escalier de la maternité. Déposés dans les années 70, les tableaux ont été restaurés au début de la décennie suivante par Suzette Béquet et reposés à leur emplace- ment d’origine. Ils ont rejoint depuis cinq ans le hall du nouvel établissement hospitalier.
En 1960, René décide d’exposer, au Grau d’Agde puis à Agde. Vers 1962, à l’occasion de la création du “passage” commercial reliant le quai du Grau d’Agde à la place Jean Jaurès, René Paraire expose dans l’une des boutiques une grande quantité de peintures.
Tout bascule en 1965, au décès de sa mère. La maison familiale dans laquelle il logeait est vendue par ses frères et il se retrouve sans domicile. Hébergé çà et là par quelques connaissances, au Grau d’Agde, à Agde et à Béziers, il donne ses peintures et dessins en signe de gratitude. Monsieur Jougla, l'ancien propriétaire du “Rancho”, au Grau d'Agde, fut de ceux qui l'accueillirent. Les années qui suivent sont marquées par une vie d’errance. C’est à cette époque là qu’il peint avec passion des marines, des portraits et des bou- quets de fleurs, sans oublier une série de Roulottes de Gitans.
En 1979, René Paraire subit une opération qui le prive définitivement de l’un de ses yeux. Affaibli, désargenté et sans logement, il est hébergé dans une caravane au Grau d’Agde au début de la nouvelle décennie. A cette précarité, il répond comme toujours par la peinture et le dessin, captant la lumière du paysage maritime qu’il aime tant. Les plages de sable, le quai et son phare, les ondulations de la mer, les barques colorées continuent à le fasciner. Mais sa santé déclinante s’accommode mal de ce logement sans confort. Ayant des difficultés à se déplacer, il entre à la maison de retraite Victor Lachaud d’Agde en 1984. Jusqu’à la fin, il continue à travailler sur les bords de l’Hérault et représente la quiétude du parc ombragé de cette ultime demeure. René Paraire y meurt le 24 novembre 1987.
Il venait d'avoir 68 ans.
Bonjour j’ai acquis un tableau du peintre BOUL (bouquet de .fleurs) 67×74 inscription au dos du tableau au crayon “pas très clair boul ” si intéressé me contacter.