Le Cap d'Agde : "Jean Galfione, de la perche à la voile en passant par le Cap d’Agde" par Pierre Nabonne

Nous sommes ravis d’annoncer que notre collaborateur, Pierre Nabonne, a récemment soumis à la rédaction un projet d’article des plus captivants. Cet article se penche sur le parcours exceptionnel de Jean Galfione, un athlète de haut niveau que nous avons eu l’opportunité de rencontrer et d’écouter au Salon nautique. Jean Galfione a entrepris une incroyable transformation en devenant un passionné de la navigation sur les océans, un récit que nous vous invitons à découvrir avec grand intérêt.

“Le Salon nautique 2023 a fermé ses portes voici déjà une semaine. La vue de la plupart des bateaux exposés nous a fait souvent rêver et la plupart des conférences ont remporté un franc succès.

La reconversion d’un champion d’exception, Jean Galfione, a retenu toute notre attention et son parcours n’a rien de commun. Alors, ouvrons la boîte aux souvenirs…

Aux Etats-Unis durant l’été 1996 aux Jeux Olympiques organisés à Atlanta, empire de la multinationale Coca Cola, nos représentants remportent un total de 37 médailles dont 15 en or. L’escrimeuse Laura Flessel ainsi que Marie-José Perec sur 200 et 400 mètres montent même par deux fois sur la plus haute marche du podium alors qu’en cyclisme Jeannie Longo s’est elle aussi parée d’or à l’issue de la course en ligne féminine. Lorsque débute le concours final de saut à la perche le 2 août, ils sont encore 15 à convoiter le titre suprême. A l’issue de plus de 4 heures de compétition, il n’en reste que deux à espérer la consécration : Trandenkov et Galfione lui-même. Tous deux passent 5, 92 mètres à leur première tentative. Ils n’iront pas plus haut mais, alors qu’auparavant le Français n’a connu qu’un seul échec à sa première tentative à 5,80 m, le parcours du Russe s’est révélé plus difficile : Jean Galfione peut exulter ! Il est champion olympique, 12 ans après Pierre Quinon, l’idole qui lui a donné l’envie de se spécialiser dans le saut à la perche. Quelques mois plus tard à l’occasion de sa victoire aux championnats du monde en salle 1999, il sera le premier Français à franchir la barre des six mètres. Renaud Lavillenie prendra le relais aux J.O. de Londres en 2012 avant d’être rattrapé par toute une série de blessures. Qu’en sera t’il à Paris en 2024, alors que le Suédois Duplantis paraît si haut avec ses 6, 23 réussis en septembre ? Pour l’heure, laissons encore le temps au temps…Mais tout de même, quand Jean Galfione a confié à l’assistance attentive du Cap d’Agde que « pour aller frapper à la porte du bureau de Maurice Houvion, entraîneur national, il a fallu d’abord  passer sous la clôture de l’Institut National des Sports, au bois de Vincennes,  à l’âge de 13 ans », on comprend mieux à quoi tient un destin !

Mais la voile dans tout cela ?  « Je suis né à Paris. Mes parents étaient des sportifs de bon niveau mais dans la famille personne ne naviguait ; tout au plus un grand-père avait travaillé sur un porte-avions. Lors de nos séjours en Bretagne j’écoutais les récits de marins et je me suis plongé dans la lecture des exploits des navigateurs au long cours, Alain Gerbault, Bernard Moitessier, Eric Tabarly. Ma seconde passion vient de là, et  j’ai essayé de l’assouvir après avoir rangé les perches en 2005 … ». Et, puisque Jean Galfione ne fait pas les choses à moitié, il a fait partie de l’équipage français participant aux éliminatoires de la Coupe de l’América en 2007. On le retrouvera ensuite en 2014 au départ de la Route du Rhum, course en solitaire qui relie Saint-Malo à Pointe-à-Pitre tous les quatre ans. Il arrivera à bon port pour se classer 18°, mais les circonstances l’empêcheront de goûter aux douceurs antillaises lors de ses deux participations suivantes. En novembre 2018 des conditions météo trop défavorables le contraindront à l’abandon comme pour beaucoup d’autres skippers, et une commotion cérébrale subie au large de La Corogne mettra fin à ses espoirs durant l’édition 2022…

Entre-temps, il aura pris part à la Transat en double Jacques Vabre 2021 qui relie Le Havre au Brésil, et le duo finira 10° dans sa catégorie des Class40, des voiliers de 12 mètres. Comme il n’est pas homme à rester longtemps dans l’inactivité, il a confié à l’auditoire rassemblé sous

le chapiteau de la zone technique qu’il se consacre actuellement à la restauration d’un bateau hollandais de 16 mètres de longueur datant des années 70. Tout en continuant de s’impliquer auprès de son autre famille de la perche, en initiant de jeunes enfants à cette difficile spécialité à laquelle il doit sa notoriété. Qu’il commentera d’ailleurs sur les ondes de France-Inter lors des prochains J.O…

Déjà parrain de l’édition 2016 du Salon capagathois, il s’est dit « bluffé par l’importance qu’a pris cet évènement en six ans, jusqu’à venir talonner celui de Cannes et consolider sa seconde place parmi ceux qui se tiennent sur les rivages méditerranéens ». Il ne nous restait qu’à dire notre admiration au champion d’exception qu’a été Jean Galfione, et à souhaiter « Bon vent » à l’intrépide navigateur qu’il est devenu.”