Culture & Loisirs — Le Crès

Le Crès : Simon Astier : "Fabcaro arrive à me faire rire comme si c'était mon meilleur ami"

Le comédien, révélé par son rôle d'Yvain dans Kaamelott, présente sur la scène de l'Agora au Crès, samedi 8 avril, l'adaptation d'un roman signé par le plus marrant des Héraultais : Fabcaro. Un premier seul-en-scène aussi bourré d'humour que son personnage peut l'être d'angoisses, à l'image de son interprète Simon Astier. Interview.

Révélé au grand public avec son personnage d’Yvain dans le Kaamelott de son demi-frère Alexandre, Simon Astier est scénariste, producteur et acteur (Hero Corp, Off prime, Visitors). II est ce samedi 8 avril sur la scène de l’Agora, au Crès, pour présenter la pièce son seul-en-scène Le Discours, adaptée du roman éponyme de Fabrice Caro, alias Fabcaro, l’auteur héraultais de la fameuse BD Zaï zaï zaï zaï. Le monologue introspectif et drolatique d’un quadragénaire anxieux, Adrien, coincé dans un repas de famille au cours duquel sa soeur lui demande de faire un discours le jour de son mariage… Rencontre avec son interprète, Simon Astier.

Comment avez-vous découvert Fabcaro et ce roman en particulier, Le Discours ?

C’est mon ami et producteur sur la pièce Marc Brunet qui m’a fait découvrir Fabcaro d’abord avec la BD puis avec ce livre en me disant : ” tu devrais faire ça, seul sur scène”. J’avais jamais envisagé de seul-en-scène car ce que j’aime dans ce métier, c’est agréger des talents dans un projet, travailler en équipe. Mais après avoir lu trois pages du Discours, j’ai vite compris pourquoi Marc, qui me connaît bien, m’a dit d’adapter ce texte. J’aime quand les mots d’un autre permettent d’aller plus loin dans l’intime. Ce texte parle à tout le monde.

Il parle à toute le monde mais à certains plus qu’à d’autres. Vous êtes-vous identifié à ce personnage ?

Tout à fait. L’anxiété, je me bats contre ça, mais c’est un joli combat, c’est en même temps un combat et une forme de danse, c’est un art de dompter l’angoisse . Cela nourrit aussi le panache, ça nourrit l’envie, ça nourrit l’espoir. C’est pour ça que je fais Le Discours, parce que ça parle de choses que je connais. Je me rends compte, en faisant ce métier depuis plus de 20 ans, que plus on parle de choses que l’on connaît, qu’on a traversé, qui nous traversent, plus la prise de parole est puissante. En tout cas elle est chargée.

Vous avez dit, au cours d’interviews, être littéralement “tombé amoureux” de Fabcaro… Au point de lui écrire des “lettres d’amour” pour lui demander les droits d’adaptation de son roman...

J’ai eu de la chance. J’ai fait l’émission d’Antoine de Caunes sur France Inter [Popopop, ndlr], j’étais arrivé avec une BD de Fabcaro et fait une déclaration d’amour complètement désintéressée : j’ai dit que ce mec là arrivait à me faire rire comme si c’était mon meilleur ami, comme si il me connaissait par coeur. Aujourd’hui, la tendance est à plaire à tout le monde pour des raisons souvent de tranquillité et de marketing, Fabcaro, lui, est un artiste qui va à l’encontre de ça. C’est quelqu’un de singulier, il ne se pose pas de questions sur comment il va marketer son projet : il écrit et fait des choses qui lui ressemblent et il arrive à toucher les gens, et en plus en très grand nombre. C’est un espoir pour tous les artistes car ce n’est pas un type qui va se modeler pour avoir du succès, il en a parce qu’il est ce qu’il est. Alors ça, c’est un modèle de réussite et de liberté d’expression.

C’est quelque chose qui doit vous parler, vous qui aimez les univers atypiques comme dans Hero corp ou Visitors

Je tends à ça mais avec Fabcaro, on parle de centaines de milliers de BD vendues, un succès incroyable. En tout cas je m’inspire de gens comme ça, c’est ce qui me donne de l’espoir dans ce métier, c’est de cultiver sa singularité, de ne pas gommer ce que l’on est en écrivant de belles histoires pour les gens.

Vous êtes quelqu’un d’angoissé, dîtes-vous, mais vous avez pourtant choisi de monter seul sur scène, sans équipe derrière laquelle se réfugier au cas où…

C’est bien aussi de faire face, il ne faut pas rester chez soi quand on est angoissé sinon on alimente la bête. C’est hyper interessant de se confronter à ce que l’on est. Je ne connais pas une autre discipline qui vous met autant à nu. Quand on fait du seul-en-scène, on ne peut compter que sur soi et assumer ce que l’on est. C’était le bon moment, dans ma vie, pour prendre la parole comme ça, sur un sujet intime. Mais attention, c’est un joli texte, très drôle, c’est pas du tout un truc que je fais que sur moi dans une idée psychanalytique, mais je suis très heureux de l’incarner, je me sans légitime à le faire.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières à adapter ce roman ?

Il n’y a pas eu de difficultés majeures. Il faut être radical : le spectacle dure une heure vingt et j’ai trente-sept pages de monologues dedans. Mais j’avais le choix entre un passage drôle, un passage génial et un passage formidable. La matière de Fabcaro est hors du commun. C’est comme si vous étiez sélectionneur de l’équipe de France et que vous aviez le choix entre Mbappé, Mbappé et Mbappé. C’est très très très cool. Après, il faut savoir ce que l’on raconte, c’est là, le challenge. Je n’ai pris, dans le roman, que des choses qui me ressemblent. Et puis j’ai bougé, adapté, huilé la langue de Fabcaro, qui est très riche. Il a fallu trouver le juste équilibre, créer une narration propre à la scène alors que la lecture a son propre rythme.

Cela vous a-t-il donné l’envie de renouveler l’expérience du seul-en-scène ?

Avec un le seul-en-scène, tout repose sur vous, tout le temps, ça nécessite de la discipline et de l’abnégation, le niveau au dessus de l’engagement pour un acteur. Mais je constate que j’en suis à la 170e représentation et que je ne m’ennuie jamais, je tente des trucs différents tous les soirs… La prochaine fois, je réfléchirai différemment pour savoir si j’adapte le texte de quelqu’un ou si j’écris un truc pour moi. Quand je fais des projets personnels, ils correspondent toujours à des moments où j’ai besoin d’exprimer certaines choses. J’ai fait une série sur les super héros qui parlait de légitimité [Hero Corp], une autre sur les choix de vie [Visitors], et là, Le Discours parle d’assumer son anxiété. Il faut juste que le prochain projet soit quelque chose que je puisse défendre.

Vous avez d’autres projets actuellement ?

Faire du cinéma. La série reste une priorité mais j’aimerais commencer à travailler davantage ce domaine. Et je prépare un prochain spectacle qui sera une pièce avec d’autres comédiens cette fois.

Cela ne répond pas à la question que tous les fans de Kaamelott se posent : va-t-on retrouver Yvain dans le second volet de la trilogie, son absence dans le premier ayant été très remarquée…

Aucune idée, je ne sais même pas si j’ai le droit d’en parler. On nous pose des questions [aux acteurs de la série] à nous, mais il faudrait poser ces questions à Alexandre [Astier, créateur de la série à succès]…

Est-ce un rôle qui vous poursuit, ce personnage d’Yvain ?

Oui, mais être poursuivi par Yvain, il y a pire [rire]. On parle d’un projet formidable, qui m’a ouvert beaucoup de portes, procurer beaucoup de bonheur. J’ai eu la chance de faire mes propres projets et de m’épanouir à côté de ça, donc Yvain restera toujours comme un petit talisman autour de mon cou. J’ai eu la chance d’avoir un premier rôle marquant dans un truc qui a marqué les gens, je pense que pleins de collègues essaye de se défaire de rôles dont ils ne sont pas fiers. Moi, je suis très fier d’avoir participé à Kaamelott.

Informations pratiques

Samedi 8 avril, à 20 h 30, Le Discours, à L’Agora, au Crès.

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