Les modèles anatomiques en 3D du Dr Auzoux : l’art d’enseigner la science… en beauté
Que fait un étudiant en médecine, passionné d’anatomie, qui ne supporte pas les dissections ? Réponse : il crée des modèles en papier mâché démontables, reproduisant le plus fidèlement possible l’anatomie humaine. Ce fut en tout cas la solution que trouva le Dr Louis Thomas Jérôme Auzoux (1797-1880), qui ne tarda pas à se spécialiser dans « la confection de pièces servant à l’étude de la botanique, de la zoologie, de la médecine vétérinaire et de la physiologie comparée », expliquent Françoise Olivier et Numa Hambursin, les commissaires de l’exposition Prodiges de la nature, les créations du Dr Auzoux, qui se tient pendant encore quelques semaines à l’Espace Bagouet. Y sont présentées des compositions détaillées d’organes, de végétaux, d’animaux et d’insectes qui, pour être scientifiques, n’en sont pas moins artistiques…
Qui l’aurait cru ? Féru ou non de science, c’est un vrai plaisir de circuler parmi les écorchés du Dr Auzoux, que ce soit l’être humain ou le gorille, en tailles réelles ; un vrai plaisir aussi de détailler la coupe d’un doigt ou de parcourir du regard le circuit veineux de tel ou tel organe, et les divers tissus, nerfs et ligaments. Car ils font partie du circuit de la connaissance qui a irrigué les universités de médecine françaises et étrangères pendant des siècles.
Aujourd’hui, les reconstitutions sur ordinateur ont largement supplanté les écorchés en vogue du XIXe au XXe siècles. Mais des générations entières d’étudiants en médecine doivent la plupart de leurs connaissances au Dr Auzoux et à la fabrique qu’il avait montée dans son village natal de Saint-Aubin-d’Ecrosville. Scientifique renommé, industriel ingénieux et commercial doué, le Dr Auzoux exporta même les créations de sa fabrique dans de nombreux pays, où elles étaient très prisées.
La centaine de sculptures en papier mâché présentée dans le cadre de cette exposition est issue des collections de l’Université de Montpellier, qui possède un riche patrimoine. Certaines pièces ont été restaurées sous l’égide de la Direction régionale des Affaires culturelles, comme l’écorché humain, dont la restauration fait d’ailleurs l’objet d’une vidéo diffusée à l’entrée de l’exposition.
La présentation des pièces sur des socles d’un vert franc les élève quasiment au rang de sculptures et donc d’œuvres d’art, accentuant le talent de coloriste du Dr Auzoux, relève Françoise Olivier, commissaire principale de l’exposition.
Botaniste l’été et anatomiste l’hiver, le Dr Auzoux s’est beaucoup penché sur la représentation des nombreuses variétés d’insectes (le bombyx, le hanneton), d’animaux (le gorille, les oiseaux) et de végétaux (ici un champignon, là un gland germé ou un grain de blé)… Beaucoup des sculptures présentées, empreintes à la fois de réalisme et de beauté, sont inscrites et protégées au titre des Monuments historiques, et ont donc désormais une valeur patrimoniale autant que pédagogique. C’est heureux.
Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com
Informations pratiques
Espace Dominique Bagout, jusqu’au 9 avril 2017.
Esplanade Charles-de-Gaulle
Montpellier
Tel. : 04 67 63 42 78.
Horaires et jours des visites
• Visites libres du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h.
• Visites guidées hebdomadaires tous les mercredis à 16h.
• Visites en groupe : réservation obligatoire par courriel envoyé à visites@ville-montpellier.fr ou par téléphone au 04 67 66 88 91.
Un catalogue gratuit
L’ouvrage Prodiges de la nature, les collections du Dr Auzoux, paru dans la collection Duo Monuments/objets, qui fait office de catalogue de l’exposition, permet d’en savoir plus sur cet événement et de découvrir le travail prodigieux du Dr Auzoux. Il est en consultation à l’Espace Bagout et disponible à l’accueil, gratuitement, sur simple demande et dans la limite des stocks disponibles.
> Cet ouvrage est téléchargeable sur le site Internet de la DRAC
