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Les ventes aux enchères dopées par les véhicules d’occasion

Belles collections, segments de niche pour collectionneurs… le marché de l’art se porte bien. Mais les ventes de véhicules d’occasion, en forte croissance, représentent désormais la moitié du montant des adjudications.

Un marché en croissance de 7,2 % en 2016, et qui atteint un nouveau record de 2,9 milliards d’euros. En ces temps moroses, bien des secteurs économiques se contenteraient d’un tel exploit. Mais pour le marché des ventes aux enchères, ce n’est pas encore assez. « Les chiffres sont un peu décevants », déclare ainsi Catherine Chadelat, membre du Conseil d’Etat et présidente du Conseil des ventes volontaires (CVV), l’autorité de régulation du secteur, en présentant les résultats des 403 opérateurs de ventes volontaires pour 2016. En effet, en 2015, les ventes aux enchères réalisées avaient généré un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros, soit une hausse de 10 %. « Le contexte français, avec une faible croissance économique, est difficile », affirme encore la présidente de l’institution, pour excuser ce qu’elle considère comme une contre-performance.
Il est vrai que le marché de l’art lui-même, auquel sont souvent réduites les ventes aux enchères, progresse un peu moins : de 4,7 % en 2016 (1,39 milliard d’euros), contre une augmentation de 6 % en 2015. Mais le secteur doit surtout sa bonne performance – quoi qu’en dise Catherine Chadelat – aux ventes de véhicules d’occasion et de matériel industriel, qui ont crû de 10 % l’an dernier. Les ventes volontaires, qui se distinguent des ventes judiciaires faisant suite à une liquidation ou à une saisie, concernent en effet trois types de biens très différents : les voitures d’occasion, les œuvres d’art et les chevaux. Les deux premiers secteurs représentent désormais chacun 47 % du total. Le petit marché des ventes aux enchères de chevaux – 157 millions d’euros tout de même – reste stable au fil du temps. Catherine Chadelat, qui confie « être très intéressée, à titre personnel » par les haras, distingue volontiers les « chevaux de galop », dont les ventes ont bondi en 2016, des « chevaux de trot », qui connaissent un petit revers, alors même que « les courses de trot sont populaires sur tout le territoire, y compris dans des petits champs de course de province », s’étonne-t-elle.

« De belles ventes » et un marché concentré

Les membres du CVV dissèquent longuement l’état du marché de l’art. Ils énumèrent volontiers « les belles ventes » de l’année passée : une Ferrari 335 S de 1957 adjugée 32 millions d’euros chez Artcurial, un « sceau chinois en stéatite [pierre très tendre composée de talc, NDLR] rouge et beige de la période Qianlong », vendu 17,5 millions par la maison de l’homme d’affaires Pierre Bergé, un tableau du peintre Francis Bacon, chez Christie’s, ou la collection du promoteur immobilier Robert de Balkany, chez Sotheby’s.
Le CVV consacre un focus particulier aux ventes en collaboration, une pratique qui consiste à unir les efforts de deux maisons de ventes habituellement concurrentes, et qui a pesé, en 2016, 54 millions d’euros.
Catherine Chadelat observe aussi « le poids de plus en plus fort des trois grands » acteurs du marché de l’art, Christie’s (196 millions d’euros), Sotheby’s (182 millions) et Artcurial (162 millions), alors que le quatrième, Pierre Bergé, est largement distancé à 36 millions d’euros. Parallèlement, l’hôtel Drouot, auquel le marché parisien de l’art est parfois réduit, ne représente plus que 31 % de l’activité « arts et objets de collection » à Paris, alors qu’il centralisait encore 52 % du même marché en 2007. Enfin, le CVV salue l’émergence des « marchés de niche » très dynamiques : la bande dessinée, 25 millions d’euros en 2016, notamment grâce à quelques planches originales d’Hergé, ou les collections de livres et manuscrits, 26 millions d’euros, dans lesquels se distingue la bibliothèque personnelle de Pierre Bergé.
Mais l’autorité de régulation se montre beaucoup moins prolixe lorsqu’il s’agit de commenter la montée en puissance des ventes aux enchères de voitures d’occasion. Les spécialistes de ce segment ne se bousculent pas au sein de l’instance. En 2016, les ventes de véhicules d’occasion et de matériel industriel font pourtant, pour la première fois, jeu égal avec le marché de l’art. En 2007, l’art comptait encore pour 55 % du volume des ventes et le matériel roulant pour 43 %. D’ici quelques années, les ventes de voitures représenteront la majorité du marché. Au-delà d’un chiffre d’affaires pour les opérateurs, les ventes d’automobiles aux enchères deviennent un phénomène de société. Certes, souligne Catherine Chadelat, elles ne concernent que « 4,5 % des ventes totales de voitures d’occasion », mais cette proportion progresse.
Il s’agit de deux types d’opérations, explique Loïc Lechevalier, secrétaire général du CVV : les entreprises et administrations qui souhaitent diversifier et optimiser les reventes des flottes amorties, et les concessionnaires automobiles, qui revendent leurs modèles passés à des entreprises. Le prix moyen des véhicules aux enchères atteint 5000 euros, trois fois moins que le montant d’une voiture d’occasion selon l’Argus. Ainsi, les ventes aux enchères permettent de bonnes affaires, loin des statues de Bouddha en bronze ou des collections de riches héritières…

Olivier RAZEMON

 

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