Entreprises — Montpellier

Montpellier, interview : fort de son premier succès, une entrepreneuse lance une plateforme d'apprentissage des langues

Ancienne professeure de chinois à Montpellier, Vigdis Morisse-Herrera s’épanouit depuis sept ans dans le monde de l'entrepreneuriat. Prise par un désir de changement, elle lance en 2016 le site Les Petits Mandarins, pour rendre l’apprentissage du chinois accessible à tous. L’engouement est tel qu’elle décide de monter en 2022 Globe Speaker, dédié aux langues européennes et orientales. La rédaction a échangé avec l'entrepreneuse montpelliéraine.

Comment est née l’idée de Globe Speaker ? 

Vigdis Morisse-Herrera : Je suis professeure de formation et j’ai monté mon entreprise Les Petits Mandarins, il y a sept ans, spécialisée dans l’enseignement du chinois, puisque c’est la discipline que j’enseignais. Nous avons imposé notre originalité avec cette première plateforme en partant du principe qu’au niveau de la concurrence, l’apprentissage était toujours réservé à l’anglais. 

Au fur et à mesure de la vie de l’entreprise, mon équipe et moi recevions de plus en plus de demandes pour ouvrir nos horizons linguistiques. Notre système gamifié plaisait énormément aux utilisateurs.

J’ai donc monté en 2022 Globe Speaker qui offre un choix de langues plus large et s’adresse à un public plus important. Nous avons reçu une subvention de la Ville de Montpellier. Nos formations hybrides proposent l’apprentissage de l’anglais, de l’italien, de l’espagnol, du français, du russe, de l’arabe et du chinois. 

Quel est le public visé ?

Vigdis Morisse-Herrera : Globe Speaker s’adresse aussi bien aux entreprises privées qu’au monde éducatif. Nous sommes suivis par les universités, les lycées, les collèges et les écoles. Une formation professionnelle est également réservée aux particuliers et aux sociétés. Au niveau global, la tranche d’âge la plus visible est celle des 18-30 ans.

Vous privilégiez le serious game comme méthode d’apprentissage…

Vigdis Morisse-Herrera : La plupart des logiciels d’apprentissage connus sur le marché proposent des parcours gamifiés linéaires, qui vont tourner en boucle. Ils me posent une question, me donnent une réponse et me reposent la question peut-être cinq minutes après…avec un système pareil, il est compliqué de penser sur le long-terme.

Nous avons décidé de nous baser sur une forme totalement différente. Il y a plusieurs niveaux à passer, « des marches », et en leur sein il y a du contenu linguistique, grammatical, culturel ainsi qu’une une dizaine d’exercices à réussir pour passer au niveau suivant. Il y a en moyenne une soixantaine de niveaux par langue.

A vos débuts, avez-vous ressenti un manque dans le domaine de l’apprentissage des langues, justifiant la création des Petits Mandarins ?

Vigdis Morisse-Herrera : Effectivement, je m’en suis rendu compte. A une période, j’avais cherché une solution pour me former moi-même afin d’entretenir mon chinois. J’enseignais le chinois à l’école à un niveau débutant et tout le vocabulaire que j’exploitais en cours était assez faible. Je voulais donc récupérer mon niveau et en cherchant des formations en ligne…je n’ai rien trouvé. Pas même la plus grande plateforme de l’époque.

J’ai réalisé qu’il fallait créer une plateforme, mais pas sur le système linéaire. Il était essentiel de créer un logiciel admettant le droit à l’erreur et que l’utilisateur ne sache jamais sur quelle question il va tomber.

Globe speaker possède près de 30 000 utilisateurs. Comment expliquer ce succès ? 

Vigdis Morisse-Herrera : Tout d’abord, je suis enseignante de formation. Je me suis pas lancé dans Les Petits Mandarins sans connaissance du monde éducatif. C’est mon principal atout, comparé aux concurrents sur le marché. Quand j’ai conçu Les Petits Mandarins, je ne voulais pas que le site ressemble à ce que le public peut trouver dans un livre, bien que j’adore les livres [rires], soit, un côté très linéaire. L’avantage du numérique c’est qu’il faut aller plus loin. J’ai conçu ce logiciel pour travailler en profondeur l’acquisition de la langue et c’est ça qui fait notre succès auprès des établissements scolaires.

Vous étiez professeure de chinois. Pourquoi avez-vous quitté votre poste et décidé de vous lancer dans l’entrepreneuriat ?

Vigdis Morisse-Herrera : Quand je suis devenue professeure, mon objectif était de rendre le chinois accessible à tous. Au final, je me retrouvais à classer des dossiers d’enfants pour savoir si à 6 ans, ils avaient le droit d’apprendre le chinois. C’est une position qui ne me plaisait pas, de devoir définir l’avenir d’un enfant à cet âge. Je cantonnais mon approche à quelques classes alors que ma volonté était d’ouvrir l’apprentissage de cette langue à tous, sans limites.

Pouvoir créer ma société m’a permis de m’affranchir de cela et de miser sur le « quand on veut, on peut ». Je ne vais pas vendre du bilinguisme précoce aux parents qui travaillent, via nos applications, avec leurs enfants. L’essentiel c’est d’atteindre un niveau de langue correspondant à nos attentes et à nos besoins. 

Il est rare de voir une femme dans l’entrepreneuriat, surtout à la tête de plusieurs sociétés… 

Vigdis Morisse-Herrera : Je le revendique. Plus il y aura de femmes chefs d’entreprise visibles et qui raconteront leurs parcours, plus cela deviendra la norme. Je suis conscient que nous sommes peu de femmes chefs d’entreprise. J’ai eu mon entreprise à 25 ans, en plus du sexisme j’ai subi le jeunisme. Mais je suis toujours là et je vois de plus en plus de femmes ouvrir des entreprises. C’est un soulagement de voir que les choses évoluent.

En sept années d’entrepreneuriat, j’ai énormément d’anecdotes à raconter. Pour vous donnez un ordre d’idées, ma première carte bleue pour la société a été imprimée au nom de mon mari alors que j’étais la présidente de l’entreprise.

Après ces deux entreprises, portez-vous des projets futurs ?

Vigdis Morisse-Herrera : Actuellement, nous sommes en train de refonder le site historique des Petits Mandarins pour le mettre à jour. Je souhaite également créer des outils physiques, comme des jeux, pour apprendre une langue. J’ai un fort attrait pour le numérique, mais la manipulation dans le cadre de l’apprentissage est une méthode très efficace. Il y a plus de chances que les acquis s’ancrent durablement dans la mémoire. 

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