«NOUS SOMMES REVENUS 10 ANS EN ARRIERE » Interview d’Henri COUQUET
Interview d’Henri COUQUET par Sabrina BOUSQUET (suppléante aux cantonales de 2008) et Caroline FONTANA…
Interview d’Henri COUQUET par Sabrina BOUSQUET (suppléante aux cantonales de 2008) et Caroline FONTANA (consultant financier).
Caroline FONTANA : « Nous avons dépassé le mi-mandat municipal, qu’en est-il de la maîtrise financière qui avait été promise lors des élections de 2008 ? »
Henri COUQUET : « Cet engagement a été abandonné dès le lendemain des élections. C’est d’ailleurs la principale raison de mon désaccord avec le maire. La mairie d’Agde dépense plus qu’elle ne perçoit. C’est pourquoi, depuis trois ans, son budget est monté en déficit. Elle a donc augmenté les taux locaux d’imposition, supprimé abattements et exonérations, créé de nouvelles taxes et de nouveaux prélèvements. Malgré ça, elle prévoit chaque année d’emprunter plus qu’elle ne rembourse, donc d’augmenter encore la dette de notre commune. Vous le savez, la dette annonce de futurs impôts. Ce changement de gestion financière nous fait retourner dix ans en arrière. »
Sabrina BOUSQUET : « Mais pourquoi ce dérapage, alors que la maîtrise financière avait été respectée lors du précédent mandat municipal ? »
Henri COUQUET : « Parce que les garde-fous n’existent plus. Le plan pluri-annuel d’investissement, tenant réellement compte des possibilités financières, n’est plus respecté. Les autorisations de programmes mal calibrées se cumulent sans une vraie coordination financière. Des décisions déterminantes sont prises à l’aveuglette, parfois sans études sérieuses préalables comme pour l’extension du golf et la réhabilitation du centre port. Ainsi les dérapages se révèlent même avant que les travaux ne commencent. Le sommet de ces comportements inconséquents est atteint avec les ailes mobiles et la balnéothérapie rajoutées au centre aquatique du fait du prince, après que la décision première fut prise par le jury lors de l’attribution du marché. »
Caroline FONTANA : « Ces projets sont tout de même importants ! »
Henri COUQUET : « Certes, mais est-ce une raison pour mal les étudier et mal les calibrer financièrement ? C’est pourtant faisable, comme il est aussi possible de programmer leurs réalisations sans pour autant dépenser plus que nos recettes actuelles ne le permettent. J’ajoute que les priorités sont mal ciblées, que les choix sont bien souvent éloignés des préoccupations de nos concitoyens et qu’on a tendance à oublier ce qui est véritablement important pour eux. »
Sabrina BOUSQUET : « Quoi donc par exemple ? »
Henri COUQUET : « La question du cœur de ville n’est pas vraiment traitée. La ville d’Agde mérite mieux, et les habitants du centre ville en particulier. Ils n’obtiennent pas l’attention qu’ils méritent. Nous ne faisons que ce qui est facile. Nous tournons autour avec le moulin des Evêques et l’office de tourisme par exemple, mais la transformation de l’habitat et la relance économique et commerciale font du surplace, pour ne pas dire plus. »
Caroline FONTANA : « L’habitat, avec en particulier le coût du foncier qui est un vrai handicap pour les revenus modestes ! »
Henri COUQUET : « A ce sujet, il est révélateur que le maire ait refusé de débattre en conseil municipal sur la possibilité d’un lotissement communal à prix abordable sur des terrains appartenant à la ville, dans le cadre de l’aménagement d’une deuxième entrée de station à Rochelongue ! Garder les forces vives dans notre commune est pourtant largement souhaitable. Alors que la population agathoise est sensiblement à la hausse, cela fait trois ans que nous n’avons créé aucune nouvelle classe. Bien au contraire, l’Académie a prévu d’en fermer deux à la rentrée prochaine. Les jeunes foyers construisent ailleurs. Voilà le résultat !»
Sabrina BOUSQUET : « Négliger le centre ville, oublier les jeunes actifs, les revenus modestes, tout cela n’est pas le reflet d’une bonne ambiance. Une récente enquête sur le niveau d’insécurité abonde aussi dans ce sens. »
Henri COUQUET : « Effectivement, bien qu’il faille pondérer ce très mauvais classement par la présence touristique estivale, ce n’est bien évidemment pas un bon signe. Toutefois, la notion d’insécurité est bien souvent une question d’état d’esprit. Mais quel peut être celui-ci quand le maire de la ville déclare que la municipalité ne peut rien face aux exhibitions sexuelles dans les lieux publics, comme les plages naturistes du Cap. Cet aveu d’impuissance, cette forme d’abandon engagent au laxisme. Bien au contraire nous devons exiger clairement le respect de la loi républicaine, là comme ailleurs sur la commune. »
Caroline FONTANA :« D’après vous, les intérêts des agathois ne sont donc pas bien défendus. »
Henri COUQUET : « C’est ce que je constate, oui. Le dernier exemple en date est le retour sur un projet qui avait échoué il y a un an et demi : la fusion des trois agglos. A la poursuite d’une chimère politique, le président de notre agglomération revient sur cette fusion qui, si elle se réalise, se ferait au détriment des intérêts des agathois. Nous avons beaucoup à y perdre, très peu à y gagner. »
Sabrina BOUSQUET : « Et les intérêts des habitants de l’agglo ? »
Henri COUQUET : « Ce sont les mêmes. Dans une fusion, leurs élus perdraient le contrôle des décisions et la protection de la basse vallée de l’Hérault contre les inondations passerait par pertes et profits. Il est vrai que ces intérêts importent bien peu. Quand on voit que le projet de torche à plasma, pour le traitement des ordures ménagères, est encore à l’ordre du jour, alors que celui-ci, dans le meilleur des cas, est encore bien loin d’être opérationnel. C’est de la naïveté. Ou alors cela permet de faire semblant de faire quelque chose en attendant. »
Sabrina BOUSQUET :« En attendant quoi ? »
Henri COUQUET :: « En attendant que quelque chose sorte dont on dira alors que ce n’est pas notre faute. Inutile de nous abreuver constamment du concept de développement durable si l’on oublie de traiter nos déchets ménagers ! »
Sabrina BOUSQUET
Caroline FONTANA