Droit

POLITIQUE : Gérard collomb, erreur de casting ou naufrage politique ?

Il devait être Ministre de l'Intérieur en 2007, la place lui avait été promise…

Il devait être Ministre de l'Intérieur en 2007, la place lui avait été promise par une Ségolène candidate à l'élection présidentielle… le suffrage universel en a décidé autrement et c'est finalement 10 ans plus tard que Gérard Collomb obtiendra ce poste tant espéré, mais certainement 10 ans trop tard.

Retour sur 18 mois de régne ratés à l'intérieur

Flics, gendarmes, préfets, anciens ministres… A l'heure du bilan, les langues se délient à l'égard de Gérard Collomb, qui aura été finalement plus “Gaston que Defferre” à la tête de ce ministère prestigieux. 

Manque de prestance, connaissance approximative des dossiers, gaffes à répétition,ses plus féroces détracteurs n'y vont pas par quatre chemins pour décrire ce ministre qui n'aura pas laisser un grand souvenir dans la maison poulaga.

“Il n'y comprend rien”

 “On sent à chaque apparition publique ou devant ses fonctionnaires que quelqu'un lui prépare ses discours et qu'il n'y comprend rien. J'ai déjà assisté à des speechs sans notes de Sarkozy qui répondait ensuite à des questions difficiles, honnêtement il s'en sortait très bien. Valls aussi connaissait ses dossiers. Collomb ne tient pas la comparaison“, juge ainsi un haut gradé de la police. 

Des bourdes à répétition 

Des bourdes, on en a tous commis à l'Intérieur, mais à ce rythme, on peut commencer à parler de performance“, tacle un ancien occupant de la place Beauvau sous un gouvernement de droite.  Il faut dire que Gérard Collomb a été l'auteur de gaffes incroyables à ce niveau de l'Etat.

A peine arrivé au gouvernement, le ministre a mis tout de suite la barre très haut à l'occasion de l'attentat de Manchester, il déclenchait un quasi incident diplomatique avec Londres en commettant la faute la plus grave qui soit en matière de sécurité: trahissant le secret de l'enquête et dévoilant des éléments que les policiers britanniques espéraient maintenir dans l'ombre.

Quelques mois plus tard, interrogé sur les assignations à résidence sans l'approbation d'un juge, le ministre brise sans s'en rendre compte un tabou en révélant qu'elles concernent “en général, des personnes pour lesquelles on a eu des renseignements de services étrangers“, et en saluant notamment la coopération belge. Les services concernés, DGSE et DGSI en tête, sont consternés.  

Mais les couacs les plus retentissants restent à venir. En mars dernier, quand est neutralisé Radouane Lakdim l'auteur des attentats de Carcassonne et Trèbes, Gérard Collomb est d'abord formel: rien ne laissait présager sa radicalisation et son passage à l'acte. Hélas, le ministre est démenti quelques heures plus tard par le procureur Molins: l'homme faisait bien l'objet d'une fiche S et la DGSI avait même jugé utile de l'inclure dans le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste.  Le baromètre confiance des troupes vis à vis du chef est en chute libre.

L'affaire Benalla, le début de la fin

Sur l'affaire Benalla, déjà pas brillante au départ, la défense du Ministre de l'Intérieur est consternante : Il déclare devant la commission parlementaire qu'il ne connaissait pas ce chargé de mission, qu'il ne l'avait jamais vu ou si peut être une fois, pensant qu'il s'agissait d'un membre du GSPR, les policiers du Groupe de Sécurité du Président de la République. Pour un Ministre de l'Intérieur censé être l'homme le mieux renseigné de France, çà fait léger ! Ses plus proches conseillers sont consternés par la scène.

Rendez-vous compte, un ministre de l'Intérieur qui ne sait rien, un préfet de police qui monte au feu contre lui, tout cela devant une commission parlementaire et sous l'oeil de l'opinion, c'est du jamais-vu“, s'insurge un ancien commissaire devenu préfet.

Défier le pouvoir, un exemple à suivre ?

En tenant tête et en défiant le Chef de l'Etat, Gérard Collomb a t-il donné le bon signal à notre jeunesse qui a déjà tendance à défier l'autorité policière sur le terrain ? Pas sûr et les syndicalistes policiers s'en inquiètent déjà : “Clairement, la République a déjà connu des ministres plus charismatiques. Sur la forme, Gérard Collomb pâtit de son phrasé lent, de son allure raide, de ses mots qui butent et de ses réponses qui traînent mais on se demande finalement s'il n'était pas meilleur sur la forme que sur le fond” 

Sur le papier pourtant, Gérard Collomb avait tout d'un très bon choix pour Beauvau

 “Les flics et les préfets veulent un ministre qui soit puissant et proche du président pour avoir la paix et éviter les interférences. On leur a donné exactement ça, doublé d'un élu de terrain, qu'on imaginait en prise avec les collectivités, qui fait sage et qui a l'âge de l'expérience“, expose un ancien ministre.

En réalité, ils ont eu l'homme d'une métropole (Lyon) et pas des territoires“, poursuit-il. 

Son horizon, c'est Lyon 

Quand on lui parle des problèmes des Français, il évoque ses solutions lyonnaises. Quand on l'interpelle sur le matériel obsolète ou les voitures de police qui tombent en panne, il nous parle de la sienne. Et ainsi de suite“, se désole encore un syndicaliste.  “On n'est pas dans la gamme habituelle de ce qui se pratique à Beauvau“, estime ce policier qui gardera de la période le souvenir d'un ministère… fade. 

Un tiers de ces déplacements officiels à Lyon

Depuis son entrée au gouvernement, Gérard Collomb n'a pas manqué une occasion d'aller flatter ses administrés lyonnais : inauguration de tronçons d'autoroute, soirée de gala à l'opéra, Fête de l'entreprise avec des patrons locaux… Tout ou presque semble bon pour justifier un aller retour à Lyon, un trajet qui représente près d'un tiers de ses déplacements officiels. Un mélange des genres qui fait désordre et qui finit par ressembler à une désertion nationale.

Un retour programmé

En septembre, la ficelle est devenue trop grosse et il finit par annoncer dans la presse qu'il quittera le ministère après les élections européennes. Mais déstabilisé par sa propre annonce, il présentera sa démission 48 heures après cette interview. Allez comprendre …

Une passation de pouvoir ratée

Ce sera donc dés le lendemain que la passation aura lieu. Alors que l'ambiance de la passation de pouvoir est glaciale entre Gérard Collomb et le 1er ministre Edouard Philippe, celui qui était jusqu'à présent chargé de la sécurité des Français se lance dans un discours inédit pour un ministre de l'intérieur en exercice :

« La situation en France est très dégradée. Oui, aujourd’hui, c’est plutôt la loi du plus fort qui s’impose , des narcotrafiquants, des islamistes radicaux ,qui a pris la place de la République, dans les quartiers de Marseille comme à Toulouse où j'ai pu me rendre”. 

Une question est alors sur toutes les lèvres : qu'a t'il fait depuis 18 mois lui qui était aux manettes pour justement remédier à tout cela ?

Est ce une nouvelle façon d'assurer de son soutien les policiers qui luttent contre la délinquance dans les banlieues ? Les hommes de terrain apprécieront..

Etait ce, du coup, le bon moment pour quitter le navire et laisser le ministère sans ministre alors que la situation est grave ? Pour lui certainement….

Un retour à Lyon attendu ? Pas si sûr…

L'actuel maire de Lyon Georges Képénékian, et le président de la métropole de Lyon David Kimelfeld sont un peu perplexes sur ce retour anticipé. Pour ce dernier, « Son retour était attendu mais son accélération est une surprise. Je n’étais pas informé et je ne sais l’expliquer. La métropole fonctionne, elle est managée, gouvernée ».

S’affirmer, s’émanciper, sans pour autant paraître déloyal, voilà l’exercice périlleux auquel vont devoir se préter les deux hommes lyonnais face au retour précipité de l'éléphant politique Gérard Collomb, élu en terre lyonnaise depuis 1981… 37 ans ! 

« Si demain, il souhaitait revenir à la tête de la métropole, je lui laisserai la place comme je m’y étais engagée », affirme un peu amer David Kimelfeld, dans une interview au Figaro.

« Je répète que je ne suis pas un intermittent ni un intérimaire, je ne suis pas un président de la métropole passif qui attend que quelqu’un revienne, ou pas, j’ai la volonté de continuer à avancer et de dresser des perspectives », enchaîne le président de la métropole agé de 57 ans, sans cacher sa volonté « de jouer un rôle en 2020 ».

Le mandat de trop ?

De son coté, Gérard Collomb a annoncé vouloir se représenter pour un nouveau mandat en 2020, il aura alors 73 ans et ce nouveau mandat le ménera à ses 80 ans ! 

71 ans, (l'âge actuel de Gérard Collomb), je ne sais pas si c'est un âge avancé, mais il est sans doute temps de prendre sa retraite” estime pour sa part Daniel Vaillant qui fut lui-même ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin entre 2000 et 2002.

Le mandat de trop n'est il pas une mauvaise gourmandise chez nos hommes politiques ?

 

 

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