Saint-Nazaire-de-Pézan : la manade Lafon, l’amour de la tradition

Chevaux blancs et taureaux noirs, marais et vents, liberté et nature, rythment la vie de la jeune Iris Lafon. En 1979, alors qu’elle vient au monde, son père rachète la manade Zucarelli. Jean Lafon prend la suite, avec l’amour de la tradition, indispensable à la réussite de tout bon manadier. Et dans son genre, il est plutôt excellent. Jean possède ce don rare : la transmission du savoir dans les règles de l’art.

« Je suis manadière, je suis éleveuse de taureaux de race Camargue, » explique Iris Lafon. Aujourd’hui, c’est elle qui dirige la manade. Une évidence, un équilibre de vie : « je suis habituée à cette vie un peu particulière. C’est une vie dans la nature où l’on vit proche des animaux. » Un univers féerique qu’un père partage avec sa fille pour grandir avec la nature, les chevaux et les taureaux. Toutes les manades ont une marque qui est appliquée sur la cuisse des animaux pour les reconnaître. Et la marque de la manade Lafon, « c’est un iris stylisé dans un ovale. Et mon prénom, c’est Iris aussi. » 

Une communion, une harmonie entre l’Homme et l’animal. Lorsque c’est la pleine saison, des fêtes votives : « nous sommes à cheval tous les jours, on est au milieu des chevaux et des taureaux. On vit vraiment en communauté avec eux. »

La manade Lafon, c’est un élevage extensif, « les taureaux vivent en semi-liberté, c’est avant tout une race sauvage. Ils ne s’élèvent pas du tout comme des bovins domestiques, » précise Iris Lafon. « Les terres sont quand même clôturées, puisque l’on n’a pas le droit d’avoir des animaux en divagation. Mais c’est vrai que le troupeau a l’impression d’être en liberté, et donc ça s’élève assez simplement. Les animaux se débrouillent pour trouver leur nourriture. Bien sûr, il y a des apports de foin à des moments où là, par exemple, on va attaquer la période de sécheresse où il va y avoir de moins en moins d’herbes sur les marais, ou dans les prairies que nous avons autour du mas. Mais, nous n’avons pas toutes les contraintes qui sont liées aux animaux domestiques. Les vaches font leur veau naturellement, sans assistance. Ce sont des animaux qui sont très rustiques, très résistants à tous les climats. Donc c’est vrai, ils n’ont pas besoin, contrairement à d’autres bovins, d’énormément de soins vétérinaires. »

Ainsi sur une année, les interventions sur la santé des animaux sont rares, et la directrice de la manade souligne : « à part ce qui est obligatoire comme les prophylaxies, c’est-à-dire les prises de sang pour les virus qu’il y a un peu partout, et ça, c’est une obligation nationale et même européenne, il arrive qu’il y ait des blessures, et nous les soignons. Mais dans l’ensemble, ils n’ont pas beaucoup de maladies, parce que justement, c’est un élevage extensif, donc ils n’ont pas toutes les maladies que contractent les bovins qui sont en stabulation. »

Et puis, il y a les stars qui naissent à Saint-Nazaire-de-Pézan. Dardaillon en est une ! Une vedette de la manade. « Il y a des taureaux qui sortent du lot pour être des cocardiers, et aller en course camarguaise, » Iris Lafon le reconnait, « l’essence même d’une manade, c’est d’abord d’avoir des taureaux qui sortent en course camarguaise, c’est la consécration. »

La manade Lafon, ce sont des bêtes saines autant pour les abrivado-bandido, les courses camarguaises ou encore la viande. L’innovation, Iris Lafon l’a compris : le mouvement c’est la vie, s’adapter, évoluer, proposer différents services permet à la manade de trouver son équilibre. Il est possible de visiter les lieux, d’observer le travail des gardians, d’acheter des produits issus de la viande de l’élevage, de voir partout sur le territoire les spectacles équestres et taurins de la manade, et aussi de vivre les « soirées guinguettes » dans la cabane de gardians, les grandes réceptions, ou les mariages, ambiance typique garantie.