Fêtes et traditions — Vendargues

Vendargues, Club taurin “La Muleta” : gardien des traditions camarguaises depuis 1921

Créé en 1921 et adhérant à la Fédération Française de Courses Camarguaises depuis 1975, le Club taurin La Muleta est un acteur incontournable des traditions camarguaises. Sous la présidence de Serge Hermet depuis trois décennies, cette organisation porte une trentaine d'événements sportifs chaque année.

Un club centenaire

Il y a deux ans, pendant la période de la Covid, le club a célébré son centenaire. Malgré les restrictions de capacité et les mesures en place, les bénévoles du club ont réussi à organiser une célébration mémorable. “Les gradins étaient animés, les spectateurs en pleine forme, tout le monde était là pour exprimer son amour pour cette discipline”, lance le président du club.

Depuis trente et un ans, Serge Hermet met son expérience au service de la fête, de la tradition et des arènes. “Au départ, les copains et moi souhaitions passer le relais une fois que nous aurions atteint le cap des cent ans, mais la transmission s’avère difficile, poursuit-t-il. Étant maintenant à la retraite, j’ai encore le temps de m’investir dans l’organisation. Grâce à ma fonction au Trophée Taurin et à mon expérience à la tête de la commission compétition de la Fédération Française de Courses Camarguaises, j’ai une solide connaissance du milieu. Avec les vingt bénévoles, je travaille à faire des arènes de Vendargues le plus importants organisateurs de courses camarguaises de l’Hérault en termes de nombre de courses. Chaque année, entre le premier dimanche de mars et le deuxième dimanche de novembre, le club organise une trentaine de courses dans les arènes Roger-Itier.

Le “sens du taureau”

En amont de la compétition et du spectacle, deux ou trois membres procèdent à la sélection des raseteurs. “La saison est longue, donc ils s’entrainent comme des athlètes de haut niveau pour tenir le rythme, explique Serge Hermet. Lorsque la température atteint les 45 degrés et que l’on est confronté à des taureaux pendant près de deux heures, il est crucial d’avoir une résistance physique.Pour être un bon raseteur, il faut avoir du mental, du courage, de l’adresse, de la vitesse, de la souplesse et un bon cardio. Ceux qui réunissent toutes ces qualités et qui possèdent un bon sens du taureau deviennent des leaders. Je pense notamment à Joaquim Cadenas, qui domine actuellement tous les autres d’une large tête.”

Les noms de Ziko Katif, Vincent Félix et Joaquim Cadenas, “les trois leaders du moment”, sont régulièrement scandés depuis les gradins. “Ziko Katif est le chouchou du village, glisse le dirigeant. Il est originaire de Vendargues et c’est moi qui l’ai initié à la course camarguaise sur piste. Nous l’avons encouragé à se surpasser et il nous le rend bien, car il participe à toutes les courses de Vendargues lorsqu’il est disponible.” Le regard tourné vers la jeunesse, Serge Hermet voit les jeunes raseteurs à l’avenir prometteur apparaitre. “Nous avons un jeune qui se démarque, Enzo, qui est actuellement en ligue. Il offre déjà un grand spectacle. Nous espérons qu’il prendra la relève de Sabri Allouani, un Vendarguois qui a remporté le Trophée des As plus de dix fois.”

Les champions les plus courageux peuvent affronter les taureaux les plus difficiles des manades lors de “La Grinta Vendarguoise”, une spécificité des arènes Roger-Iter. “Cette compétition est organisée le 21 juillet, avec des taureaux réputés difficiles. Ils ont des coups de tête hyper dangereux, donc tous les raseteurs ne la tentent pas mais les points sont doublés. Il y a une sacré ambiance.”

Tradition camarguaise
Tradition camarguaise

Tour de piste 

Dans les arènes Roger-Itier, le club taurin La Muleta collabore avec une trentaine de manades : Cuillé, Blatière-Bessac, Paulin, Bon… S’il arrive que tous les taureaux d’une course proviennent de la même manade, ce n’est pas la norme à Vendargues. “Nous aimons instaurer une compétition entre les manades, ce qui les pousse à présenter leurs meilleurs éléments et à se piquer un peu.” Serge Hermet participe à la désignation des taureaux en amont des courses camarguaises. Lors de la sélection, des raseteurs stagiaires de la Fédération sont choisis pour affronter les taureaux des manades. “Cette méthode nous permet d’observer les bêtes et les aptitudes des jeunes. Il est toujours intéressant de voir comment ils progressent, afin de pouvoir les engager demain dans des courses de niveau supérieur. Ensuite, les taureaux retenus pour la compétition sont loués pour leur prestation. Selon la course, la taille des arènes et le “sang du taureau”, le prix de la location varie de 150 à plus de 3 000 €”. Lors de chaque course camarguaise, le club loue en moyenne sept taureaux.

En raison des restrictions imposées par la Fédération cette année, le club taurin a dû faire face à des ajustements dans son programme : suppression de neuf courses camarguaises et de quatre courses de Ligue, addition de deux courses aux As. “C’est un manque à gagner pour les manadier évidemment, continue-t-il. Malgré la situation, les arènes tournent bien. Nous parvenons à équilibrer nos comptes grâce aux recettes, aux subventions et aux lotos. Depuis que je suis président, nous n’avons jamais été en déficit.”

Faciliter l’accès aux arènes 

Avec les autres membres actifs de l’association, Serge Hermet réfléchit à de nouvelles méthodes pour attirer la jeunesse : “Nos fêtes votives sont vulnérables, car de nombreux jeunes préfèrent les raves et les festivals aux célébrations traditionnelles. Peut-être devrions-nous envisager d’innover en combinant différents types de divertissement ? Par exemple, pendant la pandémie, le toro piscine est devenu un temps star. Nous avons même dû ajouter une session supplémentaire pendant la fête en raison de sa popularité. L’ambiance festive, la musique et l’entrée abordable arrivent à convaincre.”

Pour faire face à la hausse des prix et maintenir une affluence dans les arènes, le club taurin a initié les “courses anti-inflation” en mars 2023, au début de la saison. On s’est aperçu que les gens rencontraient des difficultés pour assister aux spectacles. C’est normal, il faut remplir son panier avant de venir admirer les taureaux. Avec ce nouveau concept, nous avons constaté l’arrivée d’un nouveau public. Les personnes qui ne se voyaient pas dépenser 15€ pour assister à une course camarguaise sont enthousiastes à l’idée de découvrir cette discipline pour seulement 6€. Nous pouvons proposer cette offre grâce aux sponsors et à la municipalité, qui nous aide à les trouver. Je tiens à souligner que nous ne sommes pas favorables à la gratuité. Nous voulons des arènes remplies, un public attentif, sans allées et venues.”

Une tradition en question 

L’actualité des traditions taurines a principalement été marquée par le débat. “Il est essentiel de faire une distinction entre la bouvine, où l’on s’amuse avec les taureaux, et la corrida, qui est un art différent. Cependant, nous devons rester unis pour défendre nos traditions et notre identité. Si la corrida venait à être interdite demain sous la pression, qui peut garantir que la bouvine ne sera pas la prochaine sur la liste ? Chacun a le droit d’avoir son opinion, mais laissons les gens vivre leur vie et tout le monde sera satisfait.”

Face aux critiques récurrentes concernant le bien-être animal, Serge Hermet tient à souligner l’évolution positive des élevages : “Lorsqu’on regarde les images de taureaux datant de 100 ans, on constate qu’ils étaient mal nourris et qu’ils buvaient de l’eau salée. Aujourd’hui, ils ont doublé de poids, ils sont en bien meilleure forme, ce sont de véritables athlètes. Grâce à la Politique Agricole Commune (PAC), les éleveurs bénéficient d’aides et améliorent leur alimentation avec des céréales, de l’avoine, de la luzerne, etc. Malgré l’inflation, qui rend l’élevage plus difficile, les animaux sont impressionnants et magnifiques. Il suffit de venir les admirer pour constater que leur bien-être est pris en compte.”

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Commentaires

  1. La course camarguaise est une vraie tradition, l’animal n’y est pas torturé comme dans la fausse tradition de la corrida devant un public sadique selon qui la cruauté est un “art” (!).
    Elle doit être maintenue, et avoir la clarté et le courage de se dissocier publiquement de la corrida si elle ne veut pas être mise dans le même sac et jetée par une opinion publique de plus en plus sensible à la gestion des animaux.

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