Enseignement — Béziers

[VIDEO] Béziers: des laboratoires de recherche pour évaluer les effets de l’uniforme scolaire

Depuis presque une semaine, l’uniforme a fait sa rentrée dans les classes, à commencer par la ville de Béziers. Pour l’instant, la mesure en est au stade de “l’expérimentation”. C’est pourquoi l’Éducation nationale a mis en place des laboratoires de recherche scientifique afin de mesurer concrètement les effets du port de la tenue unique.

À la mise en place de l’uniforme, “Il s’agissait pour l’éducation nationale de veiller à ce qu’un cadre soit défini, rappelle Sophie Béjean, Rectrice de la région académique Occitanie, de l’académie de Montpellier et chancelière des universités. C’est ce que souhaitait Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, qui porte aujourd’hui ce projet en tant que Premier ministre et dont le travail est poursuivi par Nicole Beloubet, nouvelle ministre de l’Éducation nationale”.

Un cadre basé sur la concertation

“Il y a un cadre d’expérimentation, qui est fondé sur le principe de la concertation, ajoute la rectrice. Il faut que cette concertation existe au sein de l’école, et qu’il y ait un vote pour que le port de l’uniforme soit inscrit au règlement intérieur. C’est le premier point d’appui”.

Et en cas de non-respect de ce nouveau règlement, à quoi s’expose-t-on ? “Comme tout manquement, c’est d’abord le dialogue avec la famille et l’élève qui sera privilégié. Mais en cas de manquements répétés, il pourrait y avoir des mesures éducatives et éventuellement disciplinaires. Comme pour n’importe quel point du règlement”, signale Sophie Béjean

Deuxième condition de mise en place : la prise en charge financière. “L’uniforme est complètement pris en charge par les communes et par l’Etat via le fonds d’innovation pédagogique de l’Éducation Nationale”, indique la rectrice.

L’expérimentation scientifique

Une fois en place, “Les premières semaines de test à Béziers vont permettre de définir les premières modalités, les questions qui se posent concrètement pour les familles, les écoles, explique Sophie Béjean. À partir de septembre 2024 et sur l’ensemble de l’année scolaire, on prendra en compte dans tous les établissements expérimentateurs en France”.

Concrètement : “c’est une expérimentation nationale et indépendante, à partir d’un échantillon représentatif d’établissements, une centaine. Des laboratoires de recherche vont mener des expérimentations scientifiques sur cet échantillon”, précise-t-elle.

Zoom sur l'un des nouveaux uniformes scolaires de la Ville de Béziers ©Elodie Greffin
Zoom sur l’un des nouveaux uniformes scolaires de la Ville de Béziers ©Elodie Greffin

Ce qui sera mesuré

Ces laboratoires devraient se baser sur des indicateurs permettant d’évaluer l’ ”impact sur la cohésion d’établissement, le sentiment d’appartenance, l’image de l’école, l’amélioration du climat scolaire, l’atmosphère de travail, d’égalité et d’unité”. Seront aussi pris en compte les “effets pédagogiques”, soit un effet potentiel sur les résultats scolaires des élèves.

“Rendez-vous dans quelques mois”, a annoncé Robert Ménard, maire de Béziers le jour de la rentrée à l’école La Chevalière. En attendant, un suivi au long cours sera mis en œuvre par l’Éducation Nationale. “En tant que Rectrice et avec l’appui de Catherine Côme, directrice académique des services de l’Éducation nationale de l’Hérault, nous veillerons avec vous, Robert Ménard, à avoir un comité de suivi pour les modalités de mis en œuvre et tout au long de cette expérimentation”, a affirmé Sophie Béjean.

Entre mixité sociale et comparaison nationale

La question des résultats de l’expérimentation se pose. En effet, dans le cas où la tenue unique serait mise en place dans des établissements uniformes au regard de la mixité sociale, pourraient-ils être biaisés ? Pas de crainte à ce niveau, rassure la rectrice. L’échantillon choisi sera représentatif, “notamment du point de vue de la mixité, ce qui sera vérifié par les services statistiques du ministère de l’Éducation nationale. Cela permettra de faire des comparaisons entre écoles, favorisées, avec plus de mixité, voire défavorisées. C’est de toute façon au niveau National, avec un échantillon représentatif des établissements et donc des élèves, qu’on pourra en mesurer les effets”.

Des résultats qui pourront aussi servir d’éléments de comparaison, nationale et internationale. “La tenue unique existe déjà en France, notamment dans les DROM ou en Guyane. Il y a pu y avoir des évaluations internationales dans des contextes nationaux différents. Ce qui est intéressant dans cette expérimentation, c’est que cela se fasse dans un territoire national métropolitain, et de voir si les effets seront positifs dans nos écoles”.

Pas de baguette magique fournie avec l’uniforme et pas de quoi se bercer d’illusions non plus. “On n’en attend pas tout, on sait bien que les leviers pour la réussite et le bien-être des élèves passent par bien d’autres choses, et d’autres moyens, mais il y a un effet positif attendu qu’on espère mesurer, conclut Sophie Béjean.

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