AGDE - Formation scientifique à Agde pour cartographier des herbiers marins au moyen de la télémétrie acoustique
Jeudi 26 janvier dernier l’Adena a encadré une formation sur le suivi des herbiers…
Jeudi 26 janvier dernier l’Adena a encadré une formation sur le suivi des herbiers aquatiques type posidonies ou zostères au moyen de la technologie de la télémétrie acoustique. L’équipe de l’Adena a ainsi initié une petite équipe de plongeurs scientifiques de trois partenaires régionaux qui travaillent sur la posidonie: le tout nouveau Parc Naturel Marin du Golfe du Lion, la Réserve naturelle marine de Cerbère Banyuls et le laboratoire marin spécialisé mer Cefrem de l’Université / CNRS de Perpignan.
D’abord en salle pour prendre connaissance du matériel et des méthodes, la « manip » a été réalisée dans l’étang de Thau, tout près du port de Marseillan pour des raisons pratiques. C’est donc un travail de mutualisation scientifique et technique avec des collègues gestionnaires d’aires marines protégées en région et des spécialistes universitaires qui a été engagé.
Le projet est soutenu par le ministère de l’écologie, la Région Languedoc Roussillon, l’Agence des Aires Marines Protégée et l’Agence de l’Eau.
Espèce protégée et habitat protégé et prioritaire au niveau européen, les herbiers de posidonies sont présents dans la région Languedoc-Roussillon.
La turbidité générale et récurrente des eaux contraint l’espèce à s’implanter dans les zones peu profondes (avec un maximum aux environs de 12m pour les herbiers du Languedoc et de 20m pour les herbiers de la côte sud des Albères).
Sur le littoral du Languedoc-Roussillon, 2 grands ensembles à Posidonies ont été identifiés :
– Pour le littoral roussillonnais : les herbiers se trouvent sur la côte rocheuse des Albères, entre Cerbère et Argelès sur Mer.
– Pour le littoral languedocien : de Agde à Palavas.
Importance de l’écosystème Posidonies :
De par les surfaces qu’il occupe et son rôle écologique essentiel, l’herbier de posidonies est considéré comme l’un des écosystèmes les plus importants de Méditerranée.
Au même titre que la forêt en milieu terrestre, l’herbier de posidonies est le terme ultime d’une succession de peuplements et sa présence est la condition sine qua non de l’équilibre écologique et de la richesse des fonds littoraux méditerranéens :
– L’herbier de posidonies représente un pôle de biodiversité important
– L’herbier intervient sur la qualité des eaux littorales, grâce à une importante production d’oxygène
– La production primaire de biomasse végétale est très importante
– L’herbier joue également un rôle fondamental dans la protection hydrodynamique de la frange côtière et des plages, par atténuation de 50% de la puissance des vagues, de la houle et des courants.
La préservation des herbiers est donc un élément majeur du maintien des équilibres littoraux, tant biologiques que physiques.
L’objectif général est de suivre les herbiers et leur état de conservation en région Languedoc Roussillon avec mise en cohérence et harmonisation des méthodes de suivis d’herbiers de posidonies au sein des aires marines protégées (AMP) du Languedoc-Roussillon afin de :
– Suivre à long terme l’évolution de l’état de conservation des herbiers de posidonies le long de cette côte.
– Standardiser les méthodes de suivis au sein des AMP. Les données issues de cette mise en commun pourront être comparées aux autres suivis de surveillance de la région PACA et Corse.
– Elaboration et mise en commun d’expériences, de stratégies à adopter pour la surveillance des herbiers en Languedoc-Roussillon
– L’utilisation de l’herbier comme indicateur biologique de la qualité globale des eaux littorales. L’herbier témoigne, par sa vitalité, sa progression ou sa régression, de cette qualité globale des eaux et du milieu environnant. Ainsi, la régression d’un herbier de posidonies doit être considérée comme un indice de déséquilibre de l’écosystème marin pouvant résulter de pollution au sens large (aménagements, pollutions biologiques ou chimiques, etc.).
– Permettre une sensibilisation au travers d’actions de communication grand public
Aussi ce projet a-t-il été pensé en vue de permettre d’établir de meilleures méthodes de gestion au sein des AMP régionales (sites Natura 2000, RN marine Cerbère Banyuls et Parc Naturel Marin Golfe du Lion) et de renforcer les échanges d’expériences entre les gestionnaires des sites.
L’intérêt de ce projet est de pouvoir disposer, sur une échelle à long terme, d’un outil de surveillance et de diagnostic performant sur l’état de conservation des herbiers de posidonies. Il permet ainsi de veiller à la qualité biologique globale du milieu marin et de pouvoir détecter toute altération de celui ci, se matérialisant par une régression ou une progression de l’herbier. Il doit aussi permettre de vérifier l’efficacité des progrès accomplis en matière d’épuration des eaux usées ainsi que des efforts en matière de contrôle des aménagements littoraux
Cartographies à l’échelle de chaque herbier :
Parmi les méthodes de cartographie connues (sonar latéral, carrés permanents …) celle de la télémétrie acoustique est complémentaire et bien adaptée aux herbiers en mosaïque de notre région.
La méthode par télémétrie acoustique :
L’objectif est de suivre de façon assez rapide l’évolution de zones sensibles de chaque herbier tous les 2 ans par des cartographies d’environ 500 m².
Cette cartographie peut être réalisée à l’aide d’un système de positionnement local subaquatique basé sur un principe d’interférométrie acoustique. La portée est de 150 mètres de rayon. C’est un système simple à mettre en œuvre, complètement autonome (indépendant de la surface). La préparation de la plongée ainsi que la récupération des mesures se font par l’intermédiaire d’un PC et d’une liaison infrarouge. Le système fait preuve d’une précision relativement fiable pour des distances pointeur/base comprises entre de 2 et 20 m :
La dynamique de progression d’un herbier étant de l’ordre de 1 à 2 cm par an, il est donc conseillé pour des herbiers de grandes étendues, de déplacer la base afin de rester dans une limite inférieure à 50 m entre la base et le pointeur.