Agde : le capitaine du "Romain Luca", naufragé en 2020, sera jugé lundi, 2 marins étaient morts
Lundi 28 novembre, le capitaine du "Romain Luca" comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Béziers. Il devra s'expliquer sur de nombreuses défaillances qui ont conduit au décès de deux marins, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2020, lors du naufrage de ce navire de pêche au large du Cap d'Agde.
La communauté des marins-pêcheurs d’Agde avait été bouleversée par ce drame : dans la nuit du 29 au 30 novembre 2020, le navire de pêche Romain Luca avait coulé. Le capitaine, alors âgé de 61 ans, propriétaire du bateau, avait pu être secouru. Les deux marins qu’il employait, les frères Gil, âgés respectivement de 23 et 33 ans, n’avaient pas pu être sauvés, laissant derrière eux une famille éplorée.
Des dysfonctionnements révélés par l’enquête
Le patron pêcheur et capitaine, qui possédait ce navire depuis huit ans, pratiquait la pêche professionnelle depuis 1978. Il était donc expérimenté. Mais l’enquête a révélé de nombreux dysfonctionnements qui, s’ils n’ont peut-être pas causé le naufrage, ont pu empêcher les frères Gil d’avoir la vie sauve.
Premier problème, le navire n’était conçu que pour accueillir 2 personnes à bord, or 3 hommes avaient pris la mer à son bord le soir du 29 novembre 2020. Ensuite, l’alarme du navire était déconnectée. En effet, elle présentait une anomalie, sonnant très régulièrement. Le capitaine avait donc décidé de la débrancher pour éviter cet inconvénient sonore. Par ailleurs, le canot de sauvetage n’était pas utilisable. De plus, les marins n’étaient pas équipés de gilets de sauvetage, et les gilets de sauvetage, s’ils les avaient utilisés, n’étaient de toute façon pas conformes. En outre, si le marin le plus âgé était effectivement marin professionnel et déclaré par le capitaine, son jeune frère n’était pas encore formé au métier ni même déclaré. Enfin, le navire n’était autorisé à pêcher que dans les 5 milles nautiques du rivage, or il a été localisé à 10 milles nautiques de la rive, puis retrouvé à plus de 8 milles du Cap d’Agde, gisant à 56 mètres de profondeur.
Plusieurs chefs d’accusations
Le capitaine et employeur des 2 frères devra répondre devant le tribunal correctionnel des accusations d’homicide involontaire par violation volontaire d’une obligation de sécurité dans le cadre du travail, de travail dissimulé, et enfin d’escroquerie à l’assurance pour avoir déclaré s’être tenu dans la zone réglementaire des 5 milles nautiques de la côte alors que c’était faux.