CAP d'AGDE : LA FAMILLE DUBOSSON A TOUJOURS EU UN TRAIN D’AVANCE Un grand portrait signé Paul Eric Laures
LA FAMILLE DUBOSSON A TOUJOURS EU UN TRAIN D’AVANCE On le voit défiler, on…
LA FAMILLE DUBOSSON A TOUJOURS EU UN TRAIN D’AVANCE
On le voit défiler, on le laisse passer, on prend son mal en patience quand on est derrière, ses passagers disent bonjour, prennent des photos, et ce depuis trente ans tout rond.
Synonyme de vacances parmi les synonymes, immuable “petit train” pourtant bien mobile, il vous balade sur treize kilomètres pendant une heure sur deux parcours différents entre Pâques et Toussaint.
Paul et Danièle Dubosson ont inventé le petit train avec visites commentées au Cap d’Agde, leurs fils Stéphane et Olivier participent au tourisme intelligent en instruisant les gens. Une affaire de famille qui roule au fil du temps.
Une idée importée de La Grande Motte, aventure impulsée par un pied noir d’Algérie qui avait juste envie de ne pas subir sa vie, tout simplement.
LA CLIM AVANT LE TRAIN
L’origine des Dubosson est traçable dès 1350 en Suisse, puis en Algérie à partir de 1865. Paul est né à Alger, cadet d’une famille de cinq enfants. Un caractère forgé dans la droiture, une exigence permanente au travail, et pas seulement.
Un papa dans le pétrole et la famille dans le pétrin en 1962, comme tous les français là bas, puis les valises se posèrent à Paris, la capitale. branché technique, école de dessin industriel, Paul deviendra ingénieur du froid, s’occupant également d’aménagements de salles d’ordinateurs.
Pour la société Cargocaire, il développera l’activité dans le sud de la France, basant un bureau à la Grande -Motte, une unité touristique récemment construite par Jean Balladur dans le cadre de la mission
interministérielle d’aménagement du Languedoc -Roussillon, comme Le Cap d’Agde.
Il avait rencontré Danièle, une bourguignonne pétillante croisée sur la plage de Théoule sur-mer en vacances. Bien plus que la mère de ses enfants, elle est la partenaire d’une vie, complice et peu avare en élans positifs.
La fin des années 70, les économies d’énergie, déjà, l’industrie en berne et un marché de la clim’ en déclin motivent Paul à s’inventer une vie de famille au soleil plutôt que de retourner la subir dans un bureau à Paris. Il se savait attiré par le petit commerce et avait observé la réaction de son fils Olivier à bord du petit train de la Grande Motte. Entre jubilation et frénésie pour le petit, sourire affiché et volontaire pour sa grand-mère. Implanté à la Grande Motte et au Cap d’Agde, un tour operator Anglais avait un problème de transfert de vacanciers entre le Mont Saint- Martin et la plage Richelieu pour ses locataires d’appartements, nombreux et exigeants.
Il n’en fallait pas plus à Paul Dubosson pour penser qu’il avait la solution, et il avait raison.
VISITES COMMENTEES : UNE PREMIERE EN FRANCE
Pour rentabiliser un investissement de “35 briques”, il était impératif de compléter la navette des touristes anglais par de la visite attrayante.
Alors que celui de la Grande Motte satisfaisait les enfants avec des tours de 20 minutes, Paul initia la visite itinérante commentée, on vous parle pendant une heure, on vous raconte ce que vous voyez.
Avec une vingtaine de petits trains en France à cette époque, aucun n’est sonorisé.
Autorisation administrative de circulation dans la boite à gants, voilà Paul Dubosson au volant du petit train du Cap d’Agde, tous les soirs au départ de la place du barbecue.
Un moteur de coccinelle pour tracter les 3 wagons, et 54 passagers contents à chaque rotation.
Aux visites commentées se sont ajoutés des services urbains, à la demande de Jean Miquel, alors que Le Cap d’Agde n’était pas structuré en matière de transports en commun. Un petit train pratique pour tout le monde, véritable valeur ajoutée à la commercialisation des résidences.
Puis il s’est modernisé, devenant plus confortable au fil des années, adapté aux évolutions de wagons, de moteurs, de suspensions.
Quelques tentatives sur le Grau d’Agde dans les années 90, soldées par des échecs.
Même constat à Agde, avec à peine plus de 1 500 passagers sur toute la saison, alors que le petit train du Cap en voit défiler entre 30 et 35 000.
Pendant ce temps, Danièle réceptionne les voyageurs et délivre les billets dans son kiosque de 2m2, disponible et sourire aux lèvres, épanouie dans sa soif d’échange, de contact humain.
LA JEUNESSE AUX COMMANDES
Un “ kiosque garderie ” pour Olivier, avant qu’il se dirige vers les diplômes des écoles de commerce et gère des boutiques de sport à Montpellier puis Toulouse.
Pour Stéphane aussi, d’autant plus qu’il conduira un train dès ses 21 ans, âge légal pour le transport de passagers.
Depuis 2007, ils gèrent ensemble l’affaire de famille créée par leur père.
Olivier gère l’administratif, la comptabilité, le commercial, les relations publiques, et Stéphane se régale avec le matériel, la technique, les rapports avec les garages et les chauffeurs.
Un petit train qui va voir embarquer cet été son millionième passager, alors que les anecdotes sont aussi nombreuses que l’improbabilité des situations.
Comme cette année où le train tout entier a brûlé sur le chemin du Mont St Martin, au coeur des habitations et à proximité d’une conduite de gaz. Plus de peur que de mal. Ou encore une panne qui prend des allures d’animation improvisée, une crevaison qui se transforme en épopée de vacances filmée…
Vous êtes assis sur amortissement pneumatique, “comme dans le TGV”, dans le sens de la marche, et vous vous instruisez au passage, bien au-delà de ce que vous voyez. Deux circuits différents et complémentaires avec 12 départs par jour en saison. Des balades d’une heure agrémentées d’un commentaire historique depuis les grecs jusqu’à la construction du Cap, et un autre axé sur le volcanisme à Agde.
Stéphane veille au fonctionnement de tout cela, en alerte permanente sur la maintenance quotidienne et les évolutions techniques de confort, de sécurité ou de mécanique. Olivier est au bureau, impliqué également dans les dossiers du Syndicat National des petits trains, créé par Paul en 1995.
Une responsabilité d’envergure quand on sait ce que représente aujourd’hui le monde du petit train.
Le plus ancien date de 1850, sur rails, dans les rues de Saint-Jean Cap Ferrat, et ils étaient une vingtaine quand celui du Cap d’Agde est venu faire halte.
Près de 200 en 1990, ils sont aujourd’hui plus de 400 petits trains à circuler sur la voie publique dans l’hexagone, sans compter ceux qui roulent dans les espaces privés, parcs à thème, domaines, campings, fêtes foraines…
Le petit train du Cap n’a jamais fait grève en 30 ans, et les rares fois où il n’est pas à l’heure, c’est pour mieux vous laisser apprécier les vacances.
L’idée de départ de Paul Dubosson a bien grandi. Le Cap d’Agde aussi.
Trente ans de labeur sept jours sur sept pendant huit mois en se rendant compte que travailler ici est une chance qu’il faut savoir apprécier.
N’en déplaise à Jacques Séguéla,on peut très bien y réussir sa vie sans courir après une Rolex, question de philosophie.
Paul, Danièle, Stéphane et Olivier l’ont bien compris.
F L A S H B A C K
1937 Naissance de Paul à Alger, le 30 juillet
1962 Débarquement à Paris
1963 Salarié de Cargocaire, ingénieur clim’, jusqu’en 1982
1967 Paul épouse Danielle, le 1er juillet
1976 A moteur et en panne, le premier convoyage de bateau
1970 Naissance de Stéphane à Paris, le 24 juin
1975 La Grande Motte, Cargocaire au sud, jsuq’en 1982
1979 Naissance d’Olivier à Montpellier, le 25 septembre
1982 Le petit train débarque au Cap d’Agde, le 2 mai
1983 visites commentées, première en France
1988 2 trains, 2 chauffeurs
1991 Stéphane intègre l’entreprise familiale
1995 Paul élu Président fondateur du Syndicat National des petits trains
1997 Arrêté Ministériel de réglementation des petits trains
2007 Stéphane et Olivier aux commandes. Commentaires historiques à bord
2008 “Lepetittrain.fr” sur Internet
2010 Renouvellement total des 2 petits trains et page Facebook
2011 30ème saison d’affilée, en famille
2012 1 000 000 de voyageurs embarqués
dubosson.olivier@gmail.com
Cet article de notre rubrique Trombinoscap a été publié avec l’aimable autorisation du :
” Magazine du Cap d’Agde ” de Georges Renault
d’après un texte de Paul-Eric Laurès