Immobilier — Castelnau-le-Lez

Castelnau-le-Lez : Frédéric Lafforgue, "j'ai bloqué plusieurs projets immobiliers"

Alors que son opposition critique sa politique en matière d'urbanisme, le maire de Castelnau-le-Lez, Frédéric Lafforgue, liste les projets immobiliers qu'il a freinés ou empêchés, au nom d' "une urbanisation raisonnable"…

Certains estiment que les 3 résidences de 9 étages à venir sur l’avenue de l’Europe sont de trop. Qu’en pensez-vous ?

Frédéric Lafforgue : “Mon argument est tout simplement que la Ville de Castelnau bloque la création de 1 500 logements sur cette avenue. Si nous avions laissé faire, 3 000 logements auraient pu être construits sur l’avenue de l’Europe. Au lieu de cela, il y en aura finalement 1 500, donc deux fois moins. Et il faut aussi raison garder. Les 3 résidences Signatures – que l’on peut rapprocher des Folies du XXIe siècle montpelliéraines – auront 9 étages. Ce n’est pas comme si l’on projetait de créer 15 tours de 15 étages ! Et surtout, ces résidences ne seront pas des blocs. Elles auront une véritable portée esthétique remarquable, qui donneront du cachet à cette avenue. L’une sera toute en rondeur, l’autre sera caractérisée par ses décrochements, et la troisième sera parée de bois. Signées par des architectes reconnus (Jean-Michel Wilmotte, le cabinet montpelliérain Caremoli-Miramond et l’architecte montpelliérain Yves Simon, du cabinet ZUO), elles seront agréables à regarder. La faible emprise au sol de ces bâtiments permise par leur hauteur relative favorisera la végétalisation tout autour. Nous souhaitons qu’elles cassent la régularité urbaine et la monotonie de cette rue, qu’elles l’embellissent”.

Qui a décidé du type d’urbanisation sur l’avenue de l’Europe ?

Frédéric Lafforgue : “Ce n’est pas la municipalité de Castelnau qui a choisi de créer une double rangée d’habitations le long de l’avenue de l’Europe, mais l’Etat qui l’a imposé, pour accompagner la ligne de tram 2 jusqu’au terminus. Devant cette obligation, nous avons pris le temps de penser selon nos propres critères l’urbanisation près du terminus. Après réflexion, nous avons créé l’écoquartier Caylus, niché au cœur de 70 hectares de nature préservée, au lieu d’urbaniser totalement cette zone. Seuls 10 hectares ont été bâtis, afin de proposer 630 logements, ainsi que des équipements publics comme la crèche Madiba, et des commerces. Le reste est composé d’une coulée verte, de vignes et de vignobles ; c’est un cadre de vie particulièrement privilégié pour les habitants. Nous avons souhaité favoriser la vie de quartier et la convivialité en mettant en place un jardin partagé de 6 500 m2, connu pour être l’un des plus grands de France. Au final, cet écoquartier est devenu exemplaire, comme en témoigne sa médaille d’argent au concours des Victoires du paysage“.

Certains habitants sont en demande de logement social et ne trouvent pas à se loger à Castelnau…

Frédéric Lafforgue : “C’est vrai, et je le regrette. Mais je n’ai la possibilité d’attribuer que 10 % des logements sociaux créés sur ma commune. Quinze autres pourcents incombent à la Métropole de Montpellier, et le reste est attribué par le Préfet, le Conseil départemental et d’autres intervenants. C’est une des raisons pour lesquelles on ne peut pas bloquer totalement la construction de résidences : une urbanisation raisonnable doit permettre d’accueillir les nouveaux arrivants et d’attribuer des logements sociaux aux Castelnauviens et aux habitants de la Métropole dont les moyens financiers sont limités. Une autre raison est que les entreprises qui souhaitent s’installer à Castelnau veulent que leurs salariés puissent y vivre. C’est un argument lors du recrutement. Castelnau y a tout intérêt sur le plan économique, sinon les viviers d’emplois que représentent les entreprises ne s’y installeront plus.

La Zac Eurêka accueille des entreprises phares de la métropole, comme CGI, Ubisoft ou la pépinière d’entreprises qu’est le BIC, vraie locomotive économique. Elle héberge de nombreuses entreprises innovantes qui rapportent des ressources financières à la ville et accueille aussi les salariés de ces structures. Sans Eurêka, il y aurait beaucoup moins d’emplois à Castelnau…”.

Quels sont vos pouvoirs en matière d’urbanisme en tant que maire ?

Frédéric Lafforgue : “Castelnau a un avantage que n’ont pas les autres communes qui composent la Métropole : la mairie a conservé la prérogative d’instruction des permis. La municipalité est donc force de proposition quand un propriétaire veut vendre son terrain ou qu’un promoteur a un projet. Il m’arrive de demander à un promoteur de créer davantage d’appartements de grande surface plutôt que des studios. Derrière cette demande, il y a la volonté de faire venir des familles à Castelnau, afin qu’elles fassent vivre les commerces. L’instruction municipale des permis donne une vision très précise des besoins en équipements publics – écoles, crèches, équipements sportifs… – pour coller au mieux aux besoins de la population. C’est aussi ce qui a donné la possibilité à la majorité municipale de mettre en place un parcours de l’habitat comprenant aussi bien les logements sociaux que les logements abordables pour les jeunes familles, le bail réel et solidaire, les logements libres et le parcours seniors que nous sommes en train d’instaurer”.

Pourriez-vous citer des exemples de constructions que vous avez bloquées à Castelnau ?

Frédéric Lafforgue : “Il y a en a beaucoup, mais peu de gens sont au courant car ça n’a pas été médiatisé… Au début de l’avenue de l’Europe se trouve l’ancienne propriété du professeur Pujol. Un promoteur souhaitait l’acquérir pour y bâtir 200 logements. J’ai fait en sorte que la Ville achète son terrain pour en faire un parc de près de 3 000 m² ouvert au public, et seuls 30 logements y seront construits, ce qui est très raisonnable par rapport aux 200 logements pressentis.

Près du collège Frédéric-Bazille se trouve un terrain vague. En 2018, un promoteur avait demandé à y édifier 6 immeubles de 100 logements et 45 places de parking. Sa proposition n’a pas été retenue. A la place, mon équipe municipale et moi-même avons imaginé en faire un parc aménagé de 6 500 m², lui aussi ouvert au public, dans lequel un petit bâtiment dédié au numérique, appelé le Pôle’N, sera implanté, sur seulement 400 m2 d’emprise au sol et 2 étages. Une crèche municipale intégrera un bâtiment adjacent, déjà existant. Le Pôle’N, qui ouvrira à l’automne 2025, sera un élément important de la politique d’insertion numérique, et permettra aux élèves comme aux adultes de ne pas rater le coche du numérique, indispensable de nos jours. Mais surtout, cet espace aujourd’hui à l’abandon sera valorisé par des plantations, des aménagements, et deviendra un lieu agréable de promenade.

Autre exemple de blocage de projet, sur l’ancienne maison de Louis Nicollin et la maison située en face, grâce à mon intervention, seuls 18 logements ont été bâtis à la place des 120 logements prévus.

Au sud de Castelnau, considéré comme le grenier de la métropole, quand j’étais adjoint à l’Urbanisme, nous avions signé le SCOT le 18 novembre 2019 pour protéger 56 hectares d’espaces agricoles de l’urbanisation. C’était un premier geste fort. Je rappelle qu’en 2010, l’étude Barriquand préconisait de bâtir des immeubles sur les terrains du domaine Clos de L’Armet et des tours à Marcel-Dassault, et de créer une sixième ligne de tramway sur le verger… Dans le cadre du PLUI, ce sont finalement 100 hectares de terres qui vont être préservés au lieu des 56 initialement prévus. Dans cette zone, à Sablassou, seuls 20 hectares seront consacrés à l’installation de la Clinique du Parc – qui a besoin de locaux plus grands – en prenant bien sûr en compte les contraintes environnementales et de ruissellement d’eau. C’est un atout pour Castelnau de conserver tous les emplois de la clinique.”

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Commentaires

  1. Depuis 1983, l’État n’a qu’un contrôle de légalité. L’essentiel des décisions appartient à la commune. Pour l’avenue de l’Europe, l’origine de la densité des habitations est plutôt a rechercher dans les tractations qui ont accompagné le choix du tracé du tramway et dans la rentabilité du projet.

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