Sports — France

Cyclisme : Michel Callot, président de la FFC, "Ne pas opposer compétition et vélo du quotidien"

Depuis 2017, Michel Callot préside la fédération française de cyclisme. Avant les grandes courses de l’été, il livre ses convictions sur le haut niveau, la sécurité, les “vélotafeurs”… et les championnats du monde 2027 !

Photo : Michel Callot (à droite) avec Thomas Voeckler et Julian Alaphilippe.

Michel Callot, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Michel Calot : “Je suis originaire de Bourg-en-Bresse, mais installé en Haute-Savoie depuis le début des années 90. J’y suis arrivé par le vélo : j’ai terminé mon parcours de coureur amateur au sein du club d’Annemasse. Puis j’y ai entamé ma carrière professionnelle, à l’Ipac, établissement privé d’enseignement supérieur, comme formateur puis assez vite permanent. Les fonctions de management – je me suis notamment occupé de pédagogie et de ressources humaines – sont devenues prépondérantes jusqu’à ce que je prenne la direction du groupe, peu avant que Jean-Michel Delaplagne le cède à Eduservices, auquel j’appartiens toujours : j’en suis le directeur de la pédagogie.”

Le vélo et vous, c’est visiblement une longue histoire ?

Michel Calot : “Je suis fan de vélo depuis toujours. Mon père a été dirigeant cycliste, il y a un peu d’hérédité là-dedans… J’ai fait de la compétition pendant une bonne dizaine d’années. Je suis maintenant passé au vélo plaisir !”

Comment passe-t-on de cycliste amateur à président de la fédération française de cyclisme ?

Michel Calot : “On vous demande de donner un coup de main, vous mettez la main dans l’engrenage… Je suis devenu président de la ligue Dauphiné-Savoie en 2002, à 35 ans. Une ligue qui pesait au plan national, encore plus lorsque les grandes régions sont nées. Petit à petit, avec des amis – qui sont toujours autour de moi – nous avons considéré que l’on pouvait apporter une vision différente à la fédération française.

Quelle a été votre analyse ?

Michel Calot : “La fédération française de cyclisme est naturellement très tournée vers la compétition : nos clubs en organisent plus de 10 000 par an. Nous rassemblons 5 disciplines olympiques. Le secteur professionnel est puissant en France. Mais notre constat a été de dire que le cyclisme des années soixante et soixante-dix, c’était terminé. Les courses cyclistes étaient des animations qui se vendaient bien aux communes, comités des fêtes… Ce n’est plus le cas, parce que bien d’autres activités entrent en concurrence, mais aussi parce que l’accès à la route et à la voie publique est plus compliqué. Alors que, dans le même temps, le vélo redevient un vrai phénomène de société. Le fond de notre projet, c’est de tirer parti de cet engouement pour trouver d’autres voies de développement pour la fédération, toujours afin de nourrir le projet sportif. Apprendre aux enfants à faire du vélo en toute sécurité, miser sur le sport santé, l’événementiel…”

Développer l’apprentissage du vélo est-il une nécessité ?

Michel Calot : “Selon les études, entre 2,5 millions et 3 millions de Français développent une pratique sportive du vélo, du simple entretien physique à la compétition. Nous essayons de trouver des outils pour parler à cette population, qui par nature n’est pas captive ! Mais il y a aussi tous ceux qui utilisent le vélo pour leurs déplacements du quotidien. C’est en pensant à eux que nous développons des programmes pour accompagner les collectivités et les entreprises.”

La FFC est-elle présente dans les écoles ?

Michel Calot : “Lancé en 2019 par l’État, le programme Savoir rouler à vélo ambitionne de former chaque classe d’âge, soit 800 000 enfants. Nous sommes très volontaires pour y participer, d’autant qu’il permet de développer de l’employabilité dans nos clubs et les comités départementaux. Nous devons en être à 70 emplois créés. Le projet doit encore monter en puissance.

Comment pouvez-vous accompagner les entreprises ?

Michel Calot : “Nous pouvons les aider à mettre en place leur plan vélo, avec des formations de “remise en selle”, un accompagnement global (penser au stationnement des vélos, aux locaux pour se changer…), et je crois beaucoup à l’intérêt de créer de petits événements pour faire adhérer le personnel. C’est en s’identifiant aux hautes performances que les gens se mettent à transformer leurs modes de déplacement”.

Il n’y a pas d’opposition entre haut niveau et vélo du quotidien ?

Michel Calot : “Je suis un pur fruit du bénévolat et je me trouve très proche des bénévoles, que je croise tous les jours. Neuf fois sur dix, c’est bien la recherche de la performance qui motive leur engagement et je le respecte totalement. Pour autant, un des moyens de pouvoir conserver une fédération performante dans le haut niveau, c’est de développer un intérêt partagé par le plus grand nombre pour notre sport”.

L’accidentologie à vélo est importante ?

Michel Calot : “Le principal frein à la pratique ces vingt dernières années a été les dangers de la route, et notamment des voitures. C’est une vraie crainte pour les parents, par exemple. Ce qui nous réjouit dans l’engouement actuel, c’est que plus les Français montent sur des vélos, plus il y a de chances que les automobilistes respectent les cyclistes. Cela dit, l’accidentologie est liée à de mauvais comportements d’automobilistes mais également de cyclistes, d’où la nécessité d’éduquer…”

La crise sanitaire et la transition énergétique boostent la pratique du vélo… La fédération en profite-t-elle ?

Michel Calot : “Pour l’instant, on essaie plutôt de récupérer les 10 % de licenciés que nous avons perdus depuis 2020 (par manque de compétition, de possibilité de s’entraîner…). Nous sommes en train d’y parvenir : nous étions à 112 000 licenciés, nous en sommes à 110 000. Mais sur le long terme je suis plutôt optimiste : forcément, l’accroissement global du nombre de cyclistes va amener de nouveaux jeunes vers la compétition. Les compétitions, faudrait-il dire, parce que nous nous adressons à des publics différents. Les disciplines traditionnelles (route, piste) regroupent 55 % des licenciés. Cela veut dire que les 45 % restant font du BMX, du VTT, des disciplines nouvelles. C’est un vrai défi pour nous, car ce sont autant de filières de haut niveau à construire, mais ce sont des défis passionnants !”

Beaucoup de métiers liés au vélo sont aujourd’hui en tension. Cela vous inquiète-t-il ?

Michel Calot : “Il est vrai que nous rencontrons une vraie difficulté à satisfaire les besoins en matière d’emploi, dans bien des domaines : la distribution, la réparation… Si Savoir rouler à vélo est insuffisamment développé, ce n’est pas par manque de volonté mais par manque de mains. Nous réfléchissons très activement avec l’agence nationale du sport à un grand plan de formation aux métiers du vélo. J’ai vraiment envie que la fédération soit motrice sur le sujet”.

Nous entrons dans l’été, une saison chargée pour le président de la fédération ?

Michel Calot : “C’est vrai chaque été et un peu plus celui-ci, après deux années perturbées par la crise. Nous sentons une vraie envie de consommer du sport ! Oui, je passe beaucoup de temps sur le terrain. C’est là que l’on rencontre les acteurs, que l’on sent les remontées du terrain, que l’on rencontre les champions, que l’on vibre avec le public ! Cette année est particulière parce que nous aurons 3 championnats du monde en France, de BMX en juillet, de piste en octobre, et bien sûr de VTT fin août aux Gets, en Haute-Savoie, où 30 000 à 40 000 personnes sont attendues”.

Le président d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez rêve d’un nouveau vélo 100 % français. C’est un objectif qui vous parle ?

Michel Calot : “Bien sûr. Nous faisons le maximum pour privilégier les entreprises françaises. J’aimerais qu’à chaque fin de cycle Savoir rouler on puisse donner un vélo à chaque enfant.”

Vous êtes encore Haut-Savoyard ?

Michel Calot : “J’habite toujours au Grand-Bornand, et je suis régulièrement à Annecy pour rencontrer les équipes de l’Ipac. Et puis vous n’êtes pas sans savoir que nous avons annoncé avec Martial Saddier la candidature de la Haute-Savoie aux championnats du monde 2027. Notre idée serait d’aligner toutes les disciplines du cyclisme. Il y en aurait 16 ou 17, sur tout le département, avec l’épreuve phare sur route sur le tracé Domancy-Sallanches. C’est un très gros projet, en volume comparable à des jeux Olympiques d’hiver. L’attribution se fera en septembre. Comptez sur moi pour défendre les couleurs haut-savoyardes !

——–

Bio express de Michel Calot

1967 : naissance à Bourg-en-Bresse
1993 : diplômé de l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble
1994 : 3e du championnat Dauphiné-Savoie de cyclisme
1995 : entre à l’Ipac
2005 : prend la direction du groupe Ipac jusqu’en 2017, président du comité Rhône-Alpes de la FFC
2017 : président de la FFC
 

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.