Collectivités — Frontignan

Frontignan : Michel Arrouy, "Je crois beaucoup à l’action locale"

Le maire de Frontignan La Peyrade, qui participera au Salon des Communes et Intercommunalités de l'Hérault le 30 septembre prochain au parc des expositions de Béziers, détaille notamment ses réalisations en matière de transition écologique.

Le maire de Frontignan, Michel Arrouy © Virginie Moreau

Vous allez participer au Salon des communes le 30 septembre prochain. Qu’en attendez-vous ?

Michel Arrouy : “Il s’agira d’un moment important parce que tous les maires et présidents d’intercommunalités de l’Hérault s’y retrouveront. Ce sera un moment d’échange, de mise en réseau. Le reste de l’année, nous sommes dans nos communes, et nos plannings hyper chargés ne nous laissent pas beaucoup le temps de nous voir. Ce salon sera également l’occasion de rencontrer des partenaires associatifs ou des entreprises. Des projets et des initiatives pourraient naître. Ce double enjeu est important. C’est pourquoi je remercie Frédéric Roig et Elodie Blaquières [le président et la directrice de l’Association des maires et des présidents d’intercommunalité de l’Hérault, ndlr] d’organiser ce moment fédérateur important. J’essaie toujours d’assister à ce type d’événement”.

Le changement climatique sera l’objet d’une conférence lors du Salon. Ressentez-vous les effets des changements climatiques à Frontignan ? De quelle façon ?

Michel Arrouy : « Frontignan est à la fois une ville moyenne dotée de beaucoup d’espaces naturels sensibles aux feux de forêt comme la Gardiole et une station balnéaire qui doit gérer la ressource en eau. Dire que Frontignan n’est pas touchée par le changement climatique serait être dans le déni. Cet été, il y a eu des départs d’incendies qui, heureusement, ont pu être maîtrisés. Une chaleur accablante a régné tout l’été, avec des pics de température à quasiment 40 degrés à l’ombre dans la journée. Nous avons bien essayé de fonctionner comme avant, mais il était difficile de travailler sur les festivités dans la journée, car le ressenti de chaleur était particulièrement important, pour les vacanciers, les habitants et les agents. Autre événement climatique important, une minitornade s’est abattue sur 40 habitations le 14 août.

Les élus locaux sont confrontés au réchauffement climatique et à la crise énergétique. Ce que l’on vit actuellement est un bouleversement. Avant mon élection, on n’était pas du tout dans un paradigme difficile ; le réchauffement climatique ne semblait pas aussi évident, il n’y avait pas encore le Covid… ni la guerre en Ukraine, qui a fait monter les prix de l’énergie. Le constat du réchauffement climatique est là depuis des décennies. L’enjeu est de savoir ce que l’on fait pour inverser les choses. Même s’il y a des actions nationales, je crois beaucoup à l’action locale. Si chacun contribue un peu, cela fera de grands fleuves… »

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour protéger votre population et faire face à ces changements ?

Michel Arrouy : “Parmi les actions importantes, nous avons inauguré il y a quelques semaines le plus grand champ photovoltaïque urbain de l’ex-région Languedoc-Roussillon, car nous souhaitons devenir une ville à énergie positive. Cet équipement permet d’économiser 50 tonnes de CO2 par an, et de produire de l’électricité pour 2 000 foyers de 4 personnes, soit un tiers de notre ville.

A Frontignan, qui a accueilli longtemps ExxonMobil, on sait ce que c’est que l’énergie carbonée, la pollution. Nous avons la ferme volonté de sortir de l’énergie carbonée et préparons cette reconversion depuis des années. D’ailleurs, la dépollution des 11 hectares d’Exxon Mobil va débuter après une longue phase de préparation.

Autre action, pour préserver la ressource en eau, cet été, nous avons fait un effort en supprimant les douches de plages.

Nous mettons aussi sur pied des projets de désimperméabilisation des sols. Nous avons procédé à la réhabilitation du parvis du collège, travaillé sur le parking des Républicains espagnols et planté des arbres dans la continuité de l’opération 1 000 arbres, lancée en 2019. Nous prenons en compte la transition écologique et énergétique lorsque nous décidons de nouveaux projets. C’est le cas pour l’extension de la crèche multi-accueil Docteur Roger-Michel à la Peyrade, qui sera surélevée sur pilotis, avec l’utilisation de bois au lieu de béton, le recours au photovoltaïque. Nous créons des jardins et des vergers et travaillerons à la désimperméabilisation des cours d’école et à l’isolation par l’extérieur de bâtiments municipaux énergivores. Nous choisirons parfois de faire des démolitions-reconstructions plutôt que des réhabilitations.

La transition environnementale de la ville relève d’une politique transversale. Je crois beaucoup au volontarisme politique. »

Diriez-vous que Frontignan est une ville en transition écologique, et si oui pourquoi, comment ?

Michel Arrouy : “Pour moi, la transition écologique est aussi un mode de vie. L’équipe municipale souhaite préserver une certaine qualité de vie, au travers des modes de déplacement, des modes d’habitat. Frontignan n’est pas une ville où l’on pratique le bétonnage. C’est complètement une ville dans la transition. La modification du PLU va aller dans ce sens. Nous allons faire évoluer la ville selon cette philosophie.

On se bat pour avoir une nouvelle gare afin d’apaiser les déplacements. Nous nous battons aussi sur la gratuité des parkings dans toute la ville. J‘ai souhaité maintenir le stationnement zones bleues dans toute la ville. Notamment à la gare, afin que le transport en train reste attractif. Sinon, qui prendrait le train s’il devait payer un maximum pour garer son véhicule ?

J’estime qu’en matière de transition environnementale, il faut faire très attention à l’acceptation par la population. On doit faire avec et non contre les gens. C’est pour cela que je favorise la démocratie participative, les diagnostics et projets partagés. Pour moi, ce n’est pas un gadget. Sinon, c’est contre-productif. Je fais en sorte que les projets soient compris, acceptés. Il faut entendre les concitoyens. D’autant qu’en plus d’une crise environnementale, il y a des problèmes de pouvoir d’achat”.

Des innovations technologiques et des solutions au service des collectivités seront présentées lors du salon des maires. Avez-vous déjà avancé sur ce point pour proposer des services toujours plus performants à vos administrés ? Etes-vous en quête de ce type de solutions ?

Michel Arrouy : “Nous avons mis en place la Maison France Service pour éviter la fracture numérique en assurant l’accompagnement du public. Mais concernant la technologie, je suis très partagé. La tendance aujourd’hui est de supprimer des postes par du numérique. Or, on ne remplacera jamais la qualité de l’accueil humain. On pousse les villes à se mettre sur des plateformes, mais nos administrés ne sont pas des robots. Ici, comme dans toutes les communes, le public peut faire des préréservations de façon numérique parce que c’est pratique. Mais il n’y a rien de mieux que de recevoir les explications verbales d’une personne en face de vous. Selon moi, les villes sont le dernier rempart pour maintenir un service public, humain, de qualité.

Le numérique est tendance, et je ne nie pas que certains services peuvent être améliorés. Mais quand je vois par exemple que la CAF est injoignable pour les gens en difficulté, qui savent mal lire et écrire ou qui n’ont pas de connexion Internet, après il ne faut pas s’étonner que certaines personnes soient révoltées parce qu’elles se sentent déclassées.

L’élu local doit pouvoir être interpellé. Il ne faut pas entrer dans une logique budgétaire et faire des coupes au détriment d’un service public de qualité. On vit aujourd’hui une recentralisation déguisée ; l’autonomie des collectivités se réduit. Mon choix politique est de défendre le service public. Cela passe aussi par l’accueil et les relations humaines. La technologie, c’est bien seulement si c’est utilisé à bon escient”. 

En tant que maire, quels sont les problèmes essentiels auxquels vous êtes confronté pour la gestion de votre ville ?

Michel Arrouy : “Pour connaître les contraintes d’un maire, il faut les vivre. C’est une fonction hyper excitante. C’est un honneur que nos concitoyens nous choisissent. Il faut être à la hauteur. Cela représente des responsabilités nombreuses. Heureusement, le maire est entouré par une équipe municipale, une administration, des citoyens engagés. Le collectif autour de lui est important.

Un maire doit savoir à la fois agir près et voir loin, s’occuper des problèmes de proximité et projeter sa ville au-delà de son mandat. Forcément, certaines choses sont imprévisibles, il y a des incertitudes. Il faut donc savoir faire preuve de réactivité, de disponibilité, d’engagement. Il faut aimer sa ville et ses concitoyens pour être maire. C’est mûrement réfléchi, un choix de vie, car on engage aussi sa famille dans ce mandat. Le maire est le porte-parole d’un collectif, et de l’administration, des hommes et des femmes de l’ombre engagés. Etre fonctionnaire territorial est un engagement pour sa ville et pour le service public. »

La ville a-t-elle à souffrir des incivilités ? Si oui, avez-vous trouvé des moyens efficaces pour y faire face, avec la police municipale ?

Michel Arrouy : “Insécurité et sentiment d’insécurité ne sont pas la même chose. Quelle que soit la ville, il y a toujours des problèmes de ce type. Mais il ne se passe pas des faits gravissimes à Frontignan. A la sortie du Covid, il y a eu des changements de comportements. Frontignan pâtit d’un manque d’effectifs en matière de police nationale. Nous avons un commissariat, un bureau de poste qui dépend de Sète et 2 équivalents temps-plein, dont un financé par la ville. Aujourd’hui, même s’il y a des liens avec le commissariat de Sète, le bassin de Thau est largement sous-doté.

Nous avons mis en place 40 caméras. Une douzaine de caméras supplémentaires seront installées dans des lieux stratégiques. Elles servent pour les enquêtes, mais ne remplaceront jamais la présence de policiers. Nos agents de la police municipale armés tournent de nuit, mais ils ne disposent pas des compétences élargies de la police nationale. Nous avons obtenu que notre bureau ne soit pas fermé. Aujourd’hui, nous demandons des effectifs dignes. Si on avait des effectifs qui circulaient dans la ville et étaient vus, cela réduirait le sentiment d’insécurité. Ceci dit, à Frontignan, il n’y a pas de lieux ingérables.

La sécurité est une compétence régalienne de l’État. L’Etat doit la sécurité aux citoyens. Or, il y a des glissements aujourd’hui. L’Etat devrait mettre les moyens dans la sécurité comme il devrait les mettre dans l’éducation. La ville de Frontignan le fait sur ses compétences, avec 26 agents de la police municipale. On est donc au-delà de la moyenne d’un pour mille. Nous continuerons à travailler dessus. Frontignan est la 6e ville du département, on ne peut pas avoir un seul agent de la police nationale qui ne fait que recevoir les plaintes. Nous voudrions une équipe détachée uniquement sur la ville. C’est compliqué d’être maire et de se battre sur tout. La sécurité ne devrait pas être discutable”.

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Une journée autour des risques majeurs à Frontignan

Le 11 octobre prochain se tiendra à Frontignan la journée Les élus en première ligne face aux risques majeurs, organisée par l’Association départementale des maires de l’Hérault (AMF34) dans le cadre de la Journée nationale de la résilience lancée par le gouvernement et du projet itinérant Résilience Tour® porté par l’Institut des risques majeurs (IRMa). Le matin, encadrés par l’IRMa et le SDIS de l’Hérault, les élus des collectivités seront conviés à un exercice de crise et à activer un Plan communal de sauvegarde. Et l’après-midi, ils participeront à une session d’information sur le rôle et les responsabilités des élus face aux risques majeurs. « L’organisation de cette journée à Frontignan est assez logique, puisque la ville abrite 2 sites Seveso, GDH et Scori (traitement de déchets industriels), qu’elle a un PPRI et un PPRT et est ville pilote au niveau des ateliers du territoire Plan Littoral 21 par rapport au trait de côte et à la montée des eaux », conclut le maire Michel Arrouy.

Inscription possible jusqu’au 1er octobre pour les collectivités sur amf34@orange.fr

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