Solidarité

Hérault : les équipements des pompiers sous le feu des projecteurs

Echelles pendulaires, véhicules électriques, drones aériens et sous-marins, robots d’intervention… Sauver des vies n’a pas de prix, mais l'innovation dans les moyens de lutte contre les incendies a un coût : 10 millions d’euros d’investissement matériel pour cette année 2024. Des outils qui se veulent plus efficaces et plus écologiques : pour protéger les autres, l’environnement mais aussi soi-même, alors que les cas d’agressions de pompiers se multiplient.

Parvis central de l’Hôtel du département de Montpellier. Pompiers et élus sont réunis près de la fontaine, entourés de véhicules rouges flamboyants. “Il s’agit d’une des premières échelle pendulaire de France, indique Eric Flores, chef de Corps et directeur départemental du SDIS 34, pointant du doigt une échelle s’élevant à plusieurs dizaines de mètres de haut. D’habitude, les échelles sont droites. Celle-ci est dite pendulaire et permet d’atteindre des zones peu accessibles comme certains toits des bâtiments du centre-ville de Montpellier. Malheureusement, ou heureusement pour les constructeurs, cette échelle vaut 500 000 €, le prix d’une maison”.

Travailler à l’écologie, mais pas à l’économie

Le chef des pompiers fait quelques mètres. “Juste ici, vous avez un camion-citerne feu de forêt dit urbain. Nous avions besoin d’un véhicule qui nous permette des interventions liées à des effets du réchauffement climatique – neige, feu de forêt, ouragans, tempêtes – mais en milieu urbain et dans la petite ruralité. Cela représente une économie de moyens, car auparavant nous avions besoin de deux véhicules”.

Le SDIS 34 fait dans l’économie, mais surtout dans l’écologie. “On avance sur le mode électrique. Nous avons cette Renault Zoé et recevrons d’ici quelques mois un fourgon électrique pour le troisième centre de secours de Montpellier. Notre objectif, c’est d’avoir cette mobilité verte pour toutes les opérations qui n’ont pas de caractère urgent. L’intervention reste notre priorité n°1 et quand c’est possible, on réalise l’intervention avec de l’électrique, mais ça reste difficile. Le premier véhicule fourgonnette électrique qu’on vient de recevoir ne dépasse pas les 70km/h et a une autonomie de 70 km. Donc pour appliquer ça à des ambulances ou pour un certain nombre d’engins, c’est très compliqué”, confie Eric Flores.

Au-delà des véhicules, “nos postes de commandement aussi ont la particularité de fonctionner 100 % à l’électrique, sur batterie plutôt que moteur. Ces postes comprennent un poste de télécommunication satellite et un véhicule de cartographie opérationnelle. Cela nous permet de présenter le travail mené aux autorités, avec une meilleure visibilité”.

Renault Zoe du SDIS 34 ©Manon Pichon
Renault Zoe du SDIS 34 ©Manon Pichon

Drones et robots, pompiers 3.0

Parmi les nouvelles technologies déployées, drones et robots complètent les possibilités techniques. “On utilise les drones essentiellement pour de la reconnaissance aérienne, quand on ne peut pas avoir d’hélicoptères. Il sont capables de voler en cas de rafales de vent jusqu’à 65 km/h. Surtout, nous en avons un qui permet de faire de la recherche de personnes, grâce à une IA qui intègre une technologie de vision nocturne détectant les mouvements humains. Si une personne disparaît de nuit, cela nous est particulièrement utile. Il faut savoir qu’il y a 17 télépilotes dans le département et que la cellule commence à être connue. Nos pilotes sont partis à l’étranger, au Chili, dans les Pyrénées-Orientales et un peu partout. On a été l’un des premiers départements à investir dans les drones, qui coûtent entre 7 000 € et 13 000 € pièce”.

“Depuis un an, on utilise aussi des robots sur tous les gros feux, ajoute le capitaine Eric Flores. Cela nous permet de réaliser des extinctions qu’on ne réalisait pas jusqu’à présent. Par exemple, si un grand entrepôt prend feu, la résistance du métal est de 15 minutes, donc on n’engage jamais personne. Maintenant, c’est possible d’envoyer les robots dans ce genre de zones fermées. Ils peuvent être équipés de canon, sont capables de tirer des tuyaux et même des voitures, de grimper des escaliers, de porter un brancard… On peut également les utiliser pour faire de la reconnaissance, via des capteurs multi-gaz et des caméras thermiques. C’est un outil qui permet de compléter l’action humaine, dans des zones risquées. Notre robot coûte 35 000 €. Vous en avez peut-être vu un similaire intervenir sur l’incendie de Notre-Dame, celui-ci coûte 300 000 €. En travaillant avec une entreprise locale, on passe de 300 000 à 35 000 €

Robots dintervention du SDIS 34 ©Manon Pichon
Robots dintervention du SDIS 34 ©Manon Pichon

Ceux derrière les caméras (thermiques)

Et il n’y a pas que les robots et les drones qui portent assistance aux pompiers en intervention: “Sans les personnels administratifs, techniques et spécialisés, le parc de véhicules, la logistique, la comptabilité, etc, tout ceci ne fonctionnerait pas. Il n’y a pas que l’intervention professionnelle, donc merci à toute l’équipe”, témoigne Kléber Mesquida, Président du département de l’Hérault,

Des fonctions support qui se traduisent très concrètement en opération : “Des ambulances aménagées sont dédiées à notre soutien sanitaire, à nous, sapeurs-pompiers. Cela peut être de prendre en charge les pompier ou victimes blessés, mais aussi nous amener de l’eau, car nos tenues nous protègent de mieux en mieux mais elles sont de plus en plus chaudes”, décrit Eric Flores.

“Allez-y, sortez vos couteaux maintenant !”

Sur le terrain les esprits aussi s’échauffent. Le SDIS 34 note +83 % d’agressions physiques sur les sapeurs-pompiers en 5 ans, un risque encore en augmentation, principalement lors des secours et soins d’urgence aux personnes. Ce risque n’est pas acceptable même s’il doit désormais être appréhendé dès son engagement”. C’est pourquoi la tenue s’adapte .“on a travaillé sur un gilet pare-lames qui protège des objets tranchants ou perforants. On le porte dans les environnements compliqués, dans certaines zones urbaines ou du littoral. C’est un outil de plus pour prendre soin de nos sapeurs-pompiers”, indique le chef de Corps.

Le capitaine tend ensuite la veste para-lames à Kléber Mequida : “Allez-y, sortez vos couteaux maintenant !”, s’écrit le président du département. Il ajoute : “’il fallait y penser, et c’est vrai que dans nos sociétés qui se débrident, il arrive régulièrement que les forces de l’ordre, les pompiers, se fassent agresser. Donc c’est très bien d’avoir pensé à la protection”.

“Sauver des vies, ça n’a pas de prix”

En conférence de presse, le président du département est aussi revenu sur l’aspect budgétaire et la participation des communes. “Je tenais à remercier les maires présents, parce que dans les contributions au SDIS il y a la participation au titre des communes ou des intercommunalités. Par ailleurs, l’augmentation de 5,5 % des cotisations de cette année est décidée par la loi de finances, pas par le département. Je voulais le rappeler parce que ce service a un coût et que la contribution départementale est la variable d’ajustement.”

Un budget total de 172 millions d’euros, dont 55 millions d’investissements.Non seulement le matériel, mais aussi les bâtiments, avec notamment la construction d’un troisième centre à Montpellier”. Sont également prévus un nouveau centre de secours à Béziers, des projets d’extension à Pézénas, à Ganges et à Saint-Etienne-d’Albagnan. De nouvelles casernes doivent voir le jour du côté de Nissan et Bessan. A Gignac, un CEFOR (Centre de Formation des Sapeurs-pompiers ), le seul du Sud de la France avec celui de Marseille, devrait être inauguré fin juin.

Autant d’investissements, qui font partie d’une exception budgétaire nécessaire, a rappelé Kléber Mesquida. “Le département est contributeur, tout comme les communes, au budget du SDIS 34. Chaque année, nous avons des restrictions budgétaires, mais il y a une exception qui est faite pour les sapeurs-pompiers. Parce que nous savons qu’il ont besoin de ces équipements. Pas pour leur confort, pour sauver des vies. Et pour nous, ça n’a pas de prix”.

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.