Economie — Balaruc-les-Bains

Hérault : Paul-François Houvion, directeur de la 1re station thermale de France, revient sur la mue des Thermes de Balaruc-les-Bains

Si on confiait aux poètes la plume de l’histoire, c’est à la déesse Athéna que l’on doit le jaillissement des thermes à Balaruc. 500 ans avant notre ère, l’auteur grec Pindare accordait déjà à ces eaux des vertus suffisamment puissantes pour ressourcer Hercule, que nous pourrions considérer comme le premier curiste, si on nous accordait cette liberté…

Plus de 2 500 ans après, sur les rives de l’étang de Thau, les propriétés de ces eaux continuent de faire du bien à ceux qui veulent vivre mieux. Quelques jours avant la réouverture pour la saison 2024, prévue le 26 février, nous avons rencontré Paul-François Houvion, directeur général de la première station thermale et destination thermale de France : les Thermes de Balaruc-les-Bains.

Sourcer l’état brut

Si les eaux thermales de Balaruc-les-Bains nourrissent les installations modernes des Thermes, l’origine de leurs sources remonte à plus de 100 000 ans. Filtrées au fil des millénaires dans des couches rocheuses qui l’enrichissent en oligo-éléments, avant de remonter à la surface à la faveur de failles géologiques, ces eaux apportaient déjà repos et répa ration aux légionnaires romains. « Quand les fouilles ont été réalisées sur les vestiges des anciens thermes, vers la future médiathèque, nous avons demandé l’autorisation de faire un carottage, se souvient Paul-François Houvion. Comme nous travaillons sur les vertus de l’eau thermale, cela nous permet d’installer le domaine dans l’histoire. L’examen a permis de mettre à jour de l’eau fossilisée qui a pu être datée ainsi que des fragments de peau. Analysés, ils nous ont permis de voir que les segments liés à l’anti-inflammatoire, la cicatrisation et l’anti-douleur avaient été agités suite à la pénétration de l’eau thermale. Comme la composition de l’eau de l’époque est similaire à celle d’aujourd’hui, c’est une preuve des vertus du thermalisme à Balaruc. »

Ambassadeurs de cette histoire lointaine et fondatrice pour le territoire, les Thermes de Balaruc-les-Bains ont signé un partenariat avec le CNRS et le Musée d’Histoire Naturelle de Paris, grand spécialiste de la biologie : « Nous avons entamé dès 2014 des travaux de recherche pour comprendre les bienfaits de l’eau thermale, notre laboratoire situé à Gigean renforce cette expertise. Il y a un an, en 2023, nous avons créé un pôle Recherche et Développement pour accélérer ces dynamiques et adapter nos offres. Depuis, nous menons des recherches sur les cyanobactéries et les micro-algues pour de potentielles applications dermatologiques et thérapeuthiques. »

Mettre les Thermes au chapitre

En 1969, ils étaient 3 700 curistes par an à fréquenter l’établissement thermal Athéna. En 2023, ils étaient 47 322 à se rendre aux Thermes. Le thermalisme a  gagné en popularité à Balaruc-les-Bains et, après les années noires du Covid,  la station thermale a repris des couleurs. L’évolution du chiffre d’affaires ne trompe pas : 2,1 M€ en 2022, 2,3 M€ en  2023. Poussée par son nouveau directeur Paul-François Houvion, arrivé en 2021, et portée par la Société Publique Locale d’Exploitation des Thermes de Balaruc les-Bains, soit ses actionnaires (la Ville de Balaruc-les-Bains pour 85 % des parts du capital, Sète Agglopole Méditerranée à hauteur de 14%, et le Conseil Départemental de l’Hérault à 1%), connaît une vraie cure de jouvence, animée par une politique de restauration, de renouvellement et d’expansion ambitieuse. « Nous sommes en plein chantier pour apporter une offre toujours plus adaptée aux curistes, aux accompagnants et aux employés au sein de nos 16 000 m², lance Paul-François Houvion. En 2023, le chantier était axé sur le site Internet, l’automatisation de nos réseaux. Nous sommes dans la 10e année et nous ne négligeons pas nos investissements, d’ailleurs nous pré parons un plan massif de renouvellement qui comprend de nouvelles baignoires avec des technologies innovantes, une remise à niveau de nos lits de boue, une refonte de nos offres… C’est comme si je réinstallais des nouveaux Thermes à l’intérieur des Thermes ! » Derniers travaux en date : l’automatisation des réseaux, la ventilation du rez-de-chaussée et l’amélioration du parcours. 

Thermes de Balaruc ©Louise Brahiti
Thermes de Balaruc ©Louise Brahiti

L’innovation est également au service du parcours patient. Depuis mars 2022, après la première consultation avec le médecin intermédiaire, le curiste peut s’inscrire très rapidement aux Thermes de Balaruc-les-Bains depuis le site Maiia : « Près de 35% des curistes ont déjà opté pour la solution Maiia et nous avons 96,7% de satisfaction. Notre mission est de faciliter le parcours du patient, à la fois au sein de notre établissement et dans le chemin qui le mène à nous. Ce mode de gestion permet aussi de garantir un meilleur confort pour les curistes, qui n’ont plus à attendre longuement à l’accueil. Au plus fort de notre fréquentation, nous recevons tout de même jusqu’à 1 500 nouveaux curistes par semaine. »

Les soins aussi évoluent. Riche en bicarbonate et oligo-éléments, l’eau thermale de Balaruc-les-Bains est recommandée pour soulager les infections en rhumatologie et phlébologie, les deux piliers de son activité. Cependant, au fil des ans, d’autres maux sont venus s’ajouter au livret des soins. Pour répondre aux nouveaux défis de la santé, les Thermes ont développé des offres de soins complémentaires pour les malades chroniques, les sportifs et les clients souhaitant faire des cures libres. « Nous venons de renouveler notre partenariat avec l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM) pour mener une étude clinique, annonce le directeur. C’est un projet unique en France que nous avons lancé en 2022 afin de garantir la qualité des soins post-cancer du sein. Concrètement, la cure thermale est intégrée au programme NovaSein de l’ICM, offrant  aux patients une prise en charge individualisée et un accompagnement professionnel. En  parallèle, nous avons solidement établi notre  partenariat sur la prise en charge de la douleur et nous sommes en train de débuter des  travaux sur le sommeil et le Covid long. Tout cela s’inscrit dans notre mission de soulager et traiter les douleurs chroniques. »

Soigner l’eau qui soulage 

Difficile de parler des ressources sans parler du soin que nous devons leur apporter. Impossible donc pour le premier employeur du bassin de Thau, responsable de cinq bassins et espaces reposant sur les bienfaits de l’eau, de ne pas mettre une partie de ses 16 000 m2 à la page. « Aucune initiative n’est prise au détriment du confort des patients, de la sécurité, de la qualité des soins ou des conditions de travail, mais nous avons de nombreuses prises d’optimisation qui incluent la rationalisation des périodes de fonctionnement, un travail sur l’éclairage, une réflexion sur les températures… Pour un meilleur suivi de l’ensemble de notre fonctionnement et donc une surveillance de sa bonne  conduite, toute l’activité est mise en réseau et accessible depuis un écran centralisé. » 

Réseau des Thermes de Balaruc ©Louise Brahiti
Réseau des Thermes de Balaruc ©Louise Brahiti

Concernant l’utilisation de l’eau, Paul-François Houvion refuse de faire de  la démagogie : « Je n’aime pas dire que je fais du ‘green business’ parce que nous utilisons beaucoup d’eau dans notre activité  mais nous essayons de minimiser l’impact. Nous avons construit l’Usine de Traitement  des Eaux Boueuses pour donner une seconde vie à l’eau utilisée pour rincer les soins des lits de boues. Cette eau est centrifugée pour récupérer la boue. Résultat, localement, si quelqu’un achète du terreau ou des formes de compost avec une composition argileuse, il y a une chance sur deux pour que ça vienne de chez nous ! » Des efforts que le directeur espère poursuivre avec le soutien de l’Autorité Régionale de Santé :  « Nous travaillons avec eux sur l’utilisation de l’eau pour l’arrosage et l’alimentation des sanitaires. Parallèlement, nous envisageons même une troisième vie pour l’eau réutilisée, notamment pour l’arrosage des espaces verts. L’objectif des circuits d’eau sera d’entretenir la biodiversité tout en préservant les ressources. Les quelque 150 espèces  méditerranéennes plantées en ce moment même à l’extérieur du bâtiment devraient en bénéficier. » 

La marque “Employeur” 

« Cet établissement thermal est en constante rénovation, tant au niveau des installations que de la gestion entrepreneuriale. Par exemple, nous avons récemment repensé le traitement des compresses pour  alléger le travail du personnel et améliorer la maintenance. » Pour le directeur des Thermes, ce ne sont pas les échos économiques qui doivent guider le gouvernail, mais le dialogue avec les équipes : « Nous échangeons constamment, à l’année et lors  de temps forts, sur des sujets très variés  comme la conception de nouveaux soins, les  projets, le confort des salariés… Nous avons  une vraie responsabilité envers eux, ils sont  les moteurs des Thermes. » En matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), l’établissement  s’engage également contre toute forme de discrimination, par le biais d’engagement inter-entreprise en faveur des collaborateurs de plus de 50 ans et d’initiatives telles que #StOpE, qui lutte contre le sexisme. Fondement ou conséquence, l’index d’égalité homme-femme  de l’établissement atteint 100, soit la note maximale.

Des actions sont également entreprises pour sensibiliser au handicap, adapter les postes de travail, et lutter contre l’illettrisme numérique. « Nous avons des profils très variés, des histoires très fortes et nous avons des centaines d’employés qui font vivre les lieux. Nous devons tenir compte des spécificités de chacun, et notre politique est claire : quel que soit ton âge, ton sexe, ton origine, ton handicap, ta  religion, ton orientation, ta couleur de peau ou ton ancienneté, on n’en a rien à faire. Ce qu’on va valoriser, c’est ta compétence et ton envie de t’investir et nous allons te donner les moyens, t’accompagner. » À ce titre, en  2024, le plan de formation de l’ensemble  des collaborateurs de Balaruc-les-Bains au  thermal prévoit une formation dédiée à  l’éducation thérapeutique du patient pour  favoriser la meilleure compréhension,  écoute et accompagnement de patients atteints de douleurs chroniques.

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Commentaires

  1. Je suis tres satisfaite la cure a ete benefique sur ma sante
    L organisation est super pas de perte de temps le personnel a l ecoute
    Deja inscrite pour cette annee

  2. Tres satisfaite de la cure elle a ete benefique sur ma sante
    L organisation est impecable pas de perte de temps
    Le personnel est a l ecoute souriant est serviable

  3. Pour dire avec mes mots la cure à balaruc me fait beaucoup de bien. Sa fait 15 ans que je vais à balaruc j attend avec impatience le mois de juillet. Toujours un bon accueil personnel aux soins vraiment hâte

  4. Super endroit pour une cure thermes au top village très agréable j’y reviens cette année tout cela sans parler du personnel très pro sympa et souriant non vraiment que de bons souvenirs

  5. J’ai lu votre propos avec d’autant plus de plaisir et d’attention que, mon épouse et moi-meme, seront parmis vous des le 26/02 et pour une deuxième fois afin de se soulager d’une poli-arthrite-rhumatoide.
    Salutations et encouragement.

  6. Cela fait 20 ans que je jirns encore je suis satisfaite des soins et du personnel soignant c’est vraiment un séjour de soins relaxant et benefique

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