Inondations et Gestion du Fleuve Hérault -
Dans son édition du mois d'Avril 2005 le magazine du département nous indiquait que…
Dans son édition du mois d’Avril 2005 le magazine du département nous indiquait que des sommes importantes (750 000 €) allaient êtres allouées à des travaux d’ endiguements le long du fleuve Hérault et notamment en Agde.
Voir le texte:https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/?Ax_Id=146
Dans le même temps des passionnés Agathois, retraités mais actifs et dont la carriére pour certains les a conduit à être au fait d’ informations compétentes tant en hydrologie qu’ en aménagement ont réalisés un état des lieux tant historique que géographique de cette prévention nécessaire contre les inondations dont Agde n’a que trop souffert. Au delà de l’ état des lieux, un projet, fort de propositions concrètes a été soumis par
H.G ( sa modestie et sa discretion veut que l’ on n’ indique que ses initiales mais ce dynamique agathois est connu de tous les plaisanciers) . C’est une analyse qui a le mérite de poser un problème majeur de notre commune et qui plus est de tenter de proposer des solutions. Cette étude ne pouvait rester sans réponse, Hérault Tribune dans son rôle d’ information est heureux de la soumettre au débat .
ETATS DES LIEUX :
Le but de ce rapport est de mettre en avant deux projets :
• Entre Agde et la mer rendre au fleuve son delta en créant une déviation vers le chenal du canal du Midi et en se servant de la zone d’expansion des Verdisses.
• Activer une étude et une modélisation pour atténuer les surcôtes et les effets néfastes de la houle entre les jetées pendant les coups de Sud Est.
En préalable à la lecture, il est utile d’ ouvrir l’annexe photos: https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/?Ax_Id=147
PLAIDOIRIE DU FLEUVE HERAULT
Je suis né il y a des milliers d’années dans les contreforts des Cévennes. Acteur du cycle de l’eau qui donne vie sur notre planète, Dame Nature m’a fixé le rôle immuable et irrévocable de ramener les eaux du ciel à la Méditerranée .
Avec mes frères de la côte, le Gard et l’Aude, en fonction de l’intensité des pluies, et des ruissellements, de rigole en ruisseau, de ruisseau en affluent nous collections nos eaux et dévalions les pentes escarpées des Hauts Cantons, transportant des débris d’érosion : végétaux, graviers, argile, cailloux et sable, qui devenant à leur tour agents d’érosion, formèrent petit à petit la plaine littorale du Languedoc-Roussillon. Ensuite dans cette basse plaine, devenu plus sage, j’avais la possibilité de façonner mon lit mineur en contournant les obstacles importants. A l’occasion de très fortes pluies, avec la rapidité de mon courant, je déplaçais à loisir mes méandres, déposant des alluvions d’une part, érodant la rive opposée de l’autre, modifiant mon lit, ou créant un autre lit mineur, en transportant les sédiments jusqu’à la mer : Toute la Nature était à moi..
Puis un jour, il y a bien plus d’un million d’années, apparut l’homme qui vint se joindre aux nombreux animaux que j’avais l’habitude de voir vaquer et vivre le long de mes rivages rafraîchissants. Leur fréquentation ne m’était pas désagréable , je leur donnais généreusement l’eau indispensable à la vie, ils se nourrissaient de poissons, jouaient , se déplaçaient sur le fleuve à leur gré … je devins la consistance de leur vie. Dans certains endroits de notre planète ( pays tropicaux ) certains de mes grands frères étaient déifiés. Ainsi se sont écoulés des lustres et des lustres.
Mais petit à petit, la population humaine s’est accrue, formant sur mes rivages de grandes villes où l’on m’habillait de quais, de beaux bâtiments ou autres constructions, et surtout hélas ! on construisait le long de mes rives des routes surélevées et bétonnées :
Les hommes, apprentis sorciers par évidence, ne réalisèrent pas les conséquences, et mes difficultés croissantes à accomplir, dans la sérénité, le rôle que m’a donné Dame Nature. je note dans une de vos revues scientifiques : [ On classe les inondations parmi les catastrophes naturelles, mais elles résultent de l’imprévoyance des hommes dans l’aménagement des rivages. (Robert Kandel directeur de recherche au CNRS) —— Le rapport de M. Benoît Cordier sur les aménagements de la vallée du Rhône en matière de lutte contre les inondations, réalisé un an avant les crues de novembre 2003 n’a jamais été pris en compte. Nous connaissons la suite. ]
Les lois de la nature peuvent être expliquées par des notions simples et de bon sens .
C’est par gravité (force de la pesanteur) que l’eau tombée du ciel s’écoule jusqu’à la mer.
Plus la section du fleuve qui amène cette eau est importante, plus vite l’eau arrive en bas, et la hauteur d’eau dans le fleuve est plus basse.
Sur le terrain entre Agde et la mer nous constatons que des obstacles dressés par l’homme ralentissent l’évacuation de l’eau et par évidence surélèvent mon niveau et m’obligent à occuper mon lit majeur (inondations) :
– La criée a été construite carrément dans mon lit mineur, rétreignant le débit de façon importante alors qu’une compensation pouvait être réalisée en creusant la berge opposée.
– Les réalisations du canal du Midi, du seuil de la pansière, la construction du pont du chemin de fer, de même que les constructions de la voie rapide et autres routes en surplomb, me laissent des passages insuffisants lorsque je sors de mon lit, ce qui ralentit mon cours, et augmente ma hauteur d’eau.
-Enfin les routes bordières qui relient la ville d’Agde au Grau et à la Tamarissière m’obligent à déposer mes sédiments dans mon lit mineur, jamais nettoyé. D’ailleurs observez moi lorsque je suis prêt à déborder. De visu nous voyons que l’écoulement laminaire de mon eau ne s’effectue que sur un tiers de ma largeur. De chaque côté et jusqu’aux rives on ne constate que tourbillons qui évidemment freinent l’écoulement. L’énergie nécessaire pour engendrer ces tourbillons ne peut être prise qu’à la force gravitationnelle que j’utilise pour descendre l’eau jusqu’ à la mer. La vitesse diminue et ces tourbillons freinent donc l’écoulement, mon débit ralentit et la hauteur d’eau est plus importante.
De plus, les sédiments que je transporte, s’entassent au fond du fleuve, et s’accumulent sur les rives. Sur ma rive droite, entre le pont de la voie rapide et la Tamarissière des roselières poussent jusqu’à 20 mètres de l’ancien quai.
– En finale, l’inondation de la ville d’Agde serait bien moins importante et n’existerait plus pour certains riverains, si les travaux de nettoyage de mon lit mineur étaient effectués, et si les travaux à venir, même peu importants, tenaient compte de mes impératifs.
Il n’y a pas de possibilité de retour en arrière, et il faut accepter que nous sommes condamnés à gérer l’eau du ciel qui retourne à la mer, et cela n’est pas une catastrophe naturelle.
Agde, en tant que capitale de la vallée de l’Hérault pourrait prendre l’initiative des demandes de financement de certains travaux,
-Vous devez considérer de plus, qu’un changement de vos mentalités est nécessaire si vous ne voulez pas laisser à vos générations futures un héritage négatif plus important, avec des inondations de plus en plus dévastatrices.
Primauté de l’eau pour la vie. Elle constitue les 2/3 de notre corps
LES DIGUES
L’idée de dresser un obstacle pour se protéger du flot de l’inondation, est un réflexe primaire chez l’être humain. Réaction spontanée pour se défendre, sans estimer les inconvénients pour soi-même et pour les populations vivant en aval du fleuve.
En effet, pour se protéger de l’eau, la digue doit être assez longue pour ne pas être contournée, car si l’eau s’accumule derrière la digue, il faut la pomper ce qui rallonge la durée d’inondation, de même si l’eau déverse par-dessus, c’est alors un flot dévastateur. Le fait récent des inondations de la Camargue par la crue du Rhône en décembre 2003 est une démonstration de la fausse sécurité d’une digue. On oublie en général l’entretien, et l’idée que s’en font quelque fois nos décideurs, de permettre l’urbanisation de ces zones dites protégées, ne peut résister à une crue exceptionnelle. Les digues ont un effet pervers, et de plus elles sont très onéreuses à construire et à entretenir.
Mais ce mal n’est pas récent. Les Hollandais, au cours des siècles ont constamment rehaussé leurs digues. A marée basse, lorsque le niveau des fleuves est au-dessus du niveau de la mer, ils ouvrent des écluses. A marée haute, les écluses sont évidemment fermées et la mer est à quelques mètres au-dessus des polders. En 1282, par une nuit de tempête d’ouest, des vagues énormes ouvrirent des brèches dans les matériaux meubles (sable, argile et bois) dont les digues étaient construites car il était impossible à cette époque d’importer des pierres pour de tels travaux. La mer déferla sur tout le centre des Pays Bas. On a estimé à 200 000 le nombre de personnes noyées sous 2 mètres d’eau. C’est ainsi que naquit le Zuiderzée.
Je ne citerai pas les nombreuses catastrophes des grands fleuves chinois qui, au cours des siècles ont été endigués pour récupérer les riches plaines alluvionnaires qui les bordent, afin de nourrir une population en augmentation de plus en plus rapide.
A part des cas bien particuliers et ponctuels, en garantissant l’entretien de la digue, sa construction peut être envisagée, en pensant tout de même qu’une crue exceptionnelle peut avoir lieu un jour.
Mais alors, comment lutter contre ces colères de la Nature: En faisant de celle-ci une alliée.
Rappelez vous ….il faut accepter que nous sommes condamnés à gérer ensemble l’eau du ciel et cela n’est pas une catastrophe naturelle. «voir du fleuve Hérault»
Pour ce qui est, bien sûr de notre fleuve Hérault, c’est un programme global sur tout son parcours qu’il faut traiter, et qui doit être animé par une volonté politique. La section entre la mer et Agde est d’abord à prendre en considération car elle n’a pas à subir en aval toutes les conséquences des aménagements de l’Hérault en amont, c’est une question de bon sens.
A ce sujet, des projets se sont succédés, voir en annexe le projet (1987) de chenal de dérivation avec endiguement de Nézignan l’Evêque à Bessan , qui heureusement a été abandonné. En amont d’Agde il faut un programme global, d’où la nécessité d’un inventaire des zones d’expansion des crues en préservant ces zones de l’urbanisation et en améliorant l’écrêtement de la crue par des travaux, si nécessaire. La concertation de toutes les Communes intéressées est un préalable.
UN PROJET CONCRET :
Prologue :
Les lois physiques et universelles qui gouvernent le cycle de l’eau sur notre planète, sont des références absolues. Les ignorer amène l’homme à être responsable des catastrophes naturelles dont il croit être victime.
Les Verdisses et le Clôt de Vias :
Les Verdisses : (Photos 3 et 4), sont situées prés de l’embouchure du fleuve l’Hérault, dans la Commune d’Agde. Cet espace doit naturellement jouer le double rôle de zone d’expansion en cas de crue et d’espace vert de grande dimension, nécessaire à une station touristique.
Historique : Cette zone inondable est classée en zone rouge dans le PPRI, excepté dans la partie sud occupée par les étangs du Clôt de Vias propriété du Conservatoire du Littoral.
Des marais et des roselières occupent sa surface, laquelle avait été mise en valeur par la culture de la vigne. Cette culture a fortement régressé à cause de la baisse de demande en vin de consommation courante et des primes d’arrachage.
Cette terre difficile à exploiter à cause des remontées de sel est occupée par des plantes halophiles. Outre ces risques de salinisation, on observe une «érisation», campements de gitanes ainsi que des dépôts d’ordures de façon permanente.
Déjà à la demande de la municipalité précédente, l’idée d’un espace vert de grande dimension avait fait son chemin.
Du fait de sa situation géographique et de son altitude comprise entre 0 et 2 m, c’est une zone inondable et bien sûr inconstructible.
Hydrologie : En temps normal il existe un gradient d’eau douce du nord vers le sud. L’eau douce de l’Hérault est en partie déviée pour aller vers le bassin de Thau et vers Béziers à cause du seuil de la Pansière. Cette eau douce se déverse de façon normale dans les Verdisses par les ruisseaux de la Salamanque et des Panthènes et revient dans l’Hérault par l’intermédiaire des ruisseaux du Mûrier et de Montmorency. ( Photo N° 1)
En annexe, la photo N° 2 (PPRI carte d’aléa 6) fléchant la direction et le débit des flots d’inondation, confirme l’importance des Verdisses comme zone d’expansion.
Lors d’inondations, des clapets dits vannes anti-sel, et situés a la sortie des ruisseaux du Mûrier et de Montmorency, obligent le niveau de l’Hérault à s’élever de 1 m avant de pouvoir pénétrer dans les Verdisses, ils gênent également son évacuation lord de la décrue. ( Photos 6 et 7).
Le Clôt de Vias : (Photos 3 et 4). Le Clôt de Vias est situé en partie sur la Commune d’Agde (101 ha) et en partie sur la Commune de Vias (34 ha). Au sud des Verdisses, adjacent à la jetée ouest du fleuve, la plage le délimite jusqu’au chenal du Canal du Midi. Propriété du Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres, sa gestion est confiée à la SPN section Agde-Portiragne.
Le Clôt de Vias est le point le plus bas de toute l’étendue considérée si bien que lors de fortes crues, l’accumulation d’eau dans ces deux étangs devenant importante, certains riverains de la Tamarissière, ont simplement creusé dans le sable une amorce de chenal. La poussée de l’eau a fait le reste, voir(annexe photos N° 10) . Ne pourrait-on pas intégrer dans le fonctionnement du système d’alerte ce petit travail à faire, par le corps des Pompiers?
D’autre part, la forme géographique, et la profondeur de ces deux étangs, ainsi que la vue d’anciennes cartes confirment que l’Hérault utilisait ce deuxième Grau, lorsque le fleuve sortait de son lit mineur.
La construction de la route bordière d’Agde à la Tamarissière a supprimé cette possibilité. Incontestablement cette réduction du débit du fleuve a des conséquences sur les inondations, même peu importantes.
La recherche d’une solution nous amène à utiliser encore la zone d’expansion des Verdisses avec la possibilité, comme pour la proposition du Clôt de Vias, d’évacuer l’inondation. Il faut redonner au Grau de Vias le rôle qu’il avait dans le temps. Photo 3
A notre avis, dans le cadre indiqué, en tenant compte de la double destination de cette zone : expansion des crues et apport touristique, la seule solution est la création d’un chenal empruntant le lit du ruisseau de Montmorency, de l’Ardaillon et du chenal reliant le canal du Midi à la mer. De plus le chenal du Canal du Midi qui a tendance à s’ensabler, vu sa faible fréquentation hydraulique, bénéficiera d’un plus grand débit. Egalement l’évacuation directe vers la mer, en amont de la criée à l’aide de ce canal viendra compenser l’amputation du lit du fleuve, due à la construction incohérente de cette criée.
L’embouchure du fleuve Hérault : (Photo N° 9)
Les inondations de notre région, le Languedoc-Roussillon et même celles des Alpes Maritimes et du Var, sont climatiques, et situées entre le mois de septembre et d’avril, sauf exception très rare. Météorologiquement, cela s’explique. La Méditerranée est une mer chaude (11° contre 4° pour les océans). Les masses d’air humides venant du secteur SW, donc ayant eu un parcours maritime, se renforcent encore en humidité relative (chaleur latente) en remontant la Méditerranée, et sont proches du point de saturation en arrivant sur nos côtes. Par effet orographique, (relief) ces masses d’air refroidissent et des pluies torrentielles se déclanchent.
Les vents accompagnant ces dépressions sont de SE à E et peuvent atteindre la tempête (100 à 130 Km /heure) . L’action mécanique du vent par frottement sur l’eau de surface (fetch), engendre les vagues, puis la houle si le fetch est important. Dans notre cas, les jetées de l’Hérault,alignées plein sud ne protègent guère le flot d’inondation sortant de l’embouchure. La photo (N° 9 ) montre bien la direction générale des vagues et le ressaut (changement de direction) empêchant l’écoulement normal du fleuve. (vent d’Est dans le cas de cette photo)
Nos moyens contre cet aléa se résument au prolongement de la jetée Est dans la direction perpendiculaire à celle des vagues, c’est-à-dire vers le SW. Pour confirmation, il sera indispensable de faire appel à une modélisation, car la houle est un phénomène complexe: a l’approche de la côte, la réflexion par celle-ci, et la remontée des fonds qui ne sont jamais uniformes, viennent se superposer à la houle du large qui elle-même n’est pas une ondulation parfaite.
Le fleuve, d’Agde à la mer :
Ce contexte est en partie traité dans le lit du fleuve Hérault.
D’une part, des constructions mal réfléchies par l’homme, d’autre part, l’immobilité géographique du lit mineur et le bétonnage des rives, provoquant le dépôt d’alluvions, demandent un curetage périodique afin que le fleuve retrouve sa capacité hydraulique. Il est donc logique de penser à tout cela, en créant un budget, même symbolique, pour rattraper le retard dans l’entretien du fleuve. Nous espérons, par exemple, que l’affectation de l’amodiation des bateaux de plaisance amarrés le long des rives, soit allouée à l’entretien du fleuve. Somme peut importante, mais qui sera significative d’une volonté de s’attaquer à ces problèmes.