La France connaît un regain d'attractivité
La France a connu en 2016 une forte augmentation du nombre d’implantations et d’extensions annoncées par les investisseurs étrangers (+ 30 %), selon le baromètre EY. Si la bonne conjoncture européenne l'explique en partie, cette hausse tient surtout de l’amélioration de l’image du pays et de la mutation industrielle.
Une meilleure image
Le regard des investisseurs étrangers sur la France s’améliore. Les chiffres annoncés par le cabinet d’audit EY (Ernst & Young) témoignent de la capacité de la France à se redresser tout en attirant les investissements étrangers, grâce au renouvellement industriel. L’année 2016 a été marquée par un bond de 30 % du nombre d’implantations internationales dans l’Hexagone. Soit 779 nouveaux projets. Malgré les incertitudes, la période électorale ne semble pas avoir brisé la dynamique. Cela permet à la France de conserver son rang de troisième pays européen à attirer le plus grand nombre de projets d’implantations étrangères. La France se situe derrière le Royaume-Uni (1 144, soit une augmentation de 7 %) et l’Allemagne (1 063, + 12 %).
Le rythme des créations d’emplois connaît le même dynamisme. Avec près de 17 000 nouveaux postes annoncés en 2016, en hausse de 24 % en un an. A ce niveau, le rythme français surpasse largement celui du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Dans ces pays, les projets vont créer respectivement 2 % et 17 % d’emplois supplémentaires.
On notera que 45 % des projets industriels sont implantés dans des territoires ruraux et périurbains. Ceci alors que ce sont des zones souvent en difficulté. De leur côté, les 17 métropoles françaises ne reçoivent que 12 % des projets.
Une mutation économique dans un contexte favorable
Dans une conjoncture mondiale qui reste instable, la France profite pleinement de son appartenance européenne. En 2016, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) indiquait que les investissements directs étrangers (IDE) diminuaient de 13 % au niveau mondial. Cependant, de son côté, l’Europe reste toujours aussi attractive. Elle enregistre une hausse de 15 % des IDE par rapport à 2015. Les opérateurs étrangers sont attirés par la stabilité de la reprise économique. Certains pays émergents, à l’inverse, ont connu une croissance plutôt décevante.
L’innovation, un grand avantage
Dans ce contexte favorable, la France joue sur l’innovation, qui incarne dorénavant son principal avantage comparatif à l’international. Le pays a accueilli l’année dernière 51 centres de recherche et développement, lui permettant de jouer un rôle central pour l’innovation européenne. Cette position pourrait s’intensifier, avec le Royaume-Uni qui commence déjà à faire les frais du vote en faveur du Brexit. Une enquête d’EY menée auprès de dirigeants en mars dernier révèle que pour la moitié d’entre eux, la capacité d’innovation et de recherche est l’atout majeur de la France pour « renforcer son rôle dans l’économie mondiale ».
De nombreux projets industriels
Au niveau du secteur industriel, l’Hexagone se démarque par sa forte attractivité pour les activités de production légère. Ainsi, malgré une baisse de la part de l’industrie dans son produit intérieur brut (PIB), la France est de loin le pays européen qui a accueilli le plus de projets industriels en 2016. Elle récolte les fruits de la « Nouvelle France Industrielle ». Celle-ci rassemble l’économie numérique, le secteur de l’énergie, ainsi que l’industrie pharmaceutique et les biotechnologies. Hormis celui de l’énergie, plus traditionnel, les autres secteurs représentent clairement le futur de l’économie française.
Cette dynamique est déjà portée par l’esprit de la French Tech. Il rassemble innovation, entreprenariat et partage de valeur. L’avenir de la France comme une « Start-up Nation » est d’autant plus envisageable que les orientations de la politique industrielle sont cohérentes avec cette vision. D’ailleurs, d’après EY, « 58 % des décideurs estiment que la politique française de soutien aux start-up est efficace ».
Confiance et prudence
On perçoit une certaine confiance de la part des investisseurs étrangers. 27 % pensent que l’attractivité de la France va croître au cours des trois prochaines années. Malgré tout, ceux-ci restent tout de même prudents. Ainsi, l’Hexagone peine encore à attirer les fonctions stratégiques des entreprises. Elle ne se place qu’au 5e rang des pays européens pour l’accueil de sièges sociaux d’entreprises.
Peu d’emplois créés
Autre bémol, les chiffres publiés par EY montrent aussi que les IDE créent relativement peu d’emplois. Sur l’année 2016, les 16 980 projets d’implantations ou d’extensions n’ont permis la création que de 22 emplois chacun en moyenne. Ce niveau est supérieur à celui de l’Allemagne (19). Mais il ne représente que la moitié de la moyenne européenne, de celle du Royaume-Uni (38) ou de l’Espagne (42). Les créations d’emplois restent freinées par la complexité du marché du travail. Et le coût horaire élevé (36,78 euros de l’heure pour la France, contre 24,99 pour le Royaume-Uni), reste différenciant note EY.
Des demandes ciblées
Cependant, la réduction du coût horaire n’est que la quatrième préoccupation des décideurs étrangers interrogés par EY. En priorité, ils souhaitent un allègement de leurs charges fiscales (55 % d’entre eux). Et la simplification administrative pour le fonctionnement au quotidien de leurs entreprises (46 %). Ensuite, ils relèvent que l’approfondissement de la réforme du droit du travail, du président Macron, vers plus de flexibilité, jouerait en faveur de l’attractivité de la France. On peut toutefois souligner les avancées en matière de compétitivité fiscale entreprises par l’Etat entre 2013 et 2016. Avec notamment la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Ainsi que des allègements fiscaux comme le dispositif de suramortissement (déduction fiscale en faveur de l’investissement). On retrouve ainsi plusieurs signaux positifs qui soutiennent la cohérence de la mutation industrielle.
Raphaël AUDEMA et B. L.
Adaptation Web : DC