L'art de collectionner, au Musée Paul-Valéry de Sète
À Sète, la conservatrice du musée Paul-Valéry, Maïthé Vallès-BLED, passe en revue les divers mouvements picturaux qui…
À Sète, la conservatrice du musée Paul-Valéry, Maïthé Vallès-BLED, passe en revue les divers mouvements picturaux qui ont marqué le XIXe siècle et le début du XXe siècle, en explorant une collection particulière bien connue des spécialistes de l’art : celle de David et Ezra NAHMAD.
Une passion familiale pour l’art
Au départ, dans les années cinquante, il y a un collectionneur, Joseph NAHMAD, qui transmet sa passion à deux de ses frères : David et Ezra. Lesquels, dès leurs 18 ans, deviendront des collectionneurs acharnés et des marchands d’art. Bien installés et à la tête d’une collection de plusieurs milliers d’œuvres, ils en prêtent régulièrement aux musées internationaux dans le cadre d’expositions temporaires sur l’impressionnisme, le pointillisme ou autres. Cette fois-ci, et c’est une première, leur collection est exposée pour elle-même.
Des chefs-d’œuvre aux cimaises
Au musée Paul-Valéry, un ensemble de 70 œuvres établit un panorama des divers artistes et mouvements représentés au sein de cette collection. La conservatrice souligne la générosité de ces collectionneurs qui, loin de garder pour eux les trésors de leur collection, ont choisi de les prêter une fois encore pour qu’ils soient montrés au grand public.
Selon Maïthé VALLÈS-BLED : “ la collection NAHMAD est une collection à faire pâlir d’envie les plus grands musées ”. L’exposition débute sur des tableaux de Jean-Baptiste COROT (Les Cribleuses de blé, La Méditation, La Source…) et de Gustave COURBET (La Rivière bordant le domaine). Ces tableaux sombres, focalisés sur la campagne, sont vite supplantés par la salle suivante, où trônent de magnifiques paysages de ports et de bords de mer d’Eugène BOUDIN. Parmi eux, un chef-d’œuvre : Deauville, le rivage par gros temps. Le travail des vagues et des cieux est de toute beauté, rendant admirablement la luminosité du paysage marin.
Ce précurseur de l’impressionnisme est relayé dans la salle suivante par des tableaux de Camille PISSARRO, considéré comme le père de l’impressionnisme. Son Bedford Park est une merveille de délicatesse. Tout près sont exposés des tableaux d’Argenteuil à Venise signés par l’impressionniste Claude MONET. Un bel ensemble d’Alfred SISLEY à Saint-Mammès, une riche sélection de peintures d’Auguste RENOIR (La Leçon, Portrait de Pierre Renoir…) et quelques œuvres d’Edgar DEGAS complètent la section consacrée à l’impressionnisme. Le superbe Pont des Arts du pointilliste et divisionniste Paul SIGNAC mérite l’attention.
La génération des post-impressionnistes est ensuite représentée, notamment par Henri de TOULOUSE-LAUTREC, et prolongée par les œuvres nabies d’Édouard VUILLARD, de Pierre BONNARD et de Maurice DENIS. Le Douanier ROUSSEAU, considéré comme un peintre naïf, livre pour sa part une belle Vue du parc Montsouris.
Enfin, vient la section dédiée au symbolisme. Odilon REDON y explore les mécanismes de la pensée et du rêve, l’aspect sombre et ésotérique de l’âme humaine, tandis que Gustave MOREAU laisse libre cours à l’imagination, à un enchantement lyrique, explorant des scènes antiques, bibliques ou mythologiques. Son magistral tableau Le Poète et la Sirène nous enchante, son œuvre Le Christ et Marie-Madeleine nous bouleverse, et La Douleur d’Orphée nous saisit.
Légende du visuel : Gustave Moreau – Suzanne et les vieillards, 1895 – Huile sur toile, 81,3 x 66 cm Collection David et Ezra Nahmad.