L'assassinat du juge Renaud sous le crayon du Gardois Olivier Berlion
En 2015 sortait "Le juge, la République assassinée", premier tome d'un polar historique paru chez Dargaud, portant sur l'assassinat du juge Renaud perpétré le 3 juillet 1975, premier meurtre d'un magistrat sous la Ve République. Le dernier tome de cette trilogie est enfin disponible depuis le 13 janvier 2017. Un livre à recommander aux mordus de justice, d'histoire et de polars.
Sa trilogie est enfin complète. Olivier Berlion vient en effet de publier, aux éditions Dargaud, le troisième tome de son polar historique sur l’assassinat du juge Renaud, surnommé le Shérif, dans la nuit du 3 juillet 1975, à Lyon, en pleine enquête sur l’affaire du Gang des Lyonnais. Rappelons que ce meurtre resta impuni, faute de preuves contre les coupables, et qu’il est désormais prescrit.
L’ouvrage accrédite la thèse du fils cadet de la victime, selon laquelle le juge aurait été exécuté par des membres du milieu lyonnais au service du Sac (qui fournissait la caisse noire des candidats gaullistes de l’époque), donc avec la complicité du pouvoir. Dans ce troisième tome, Olivier Berlion évoque le coup de filet qui aurait été mené prématurément contre le Gang des Lyonnais, les obstacles auxquels le juge fut confronté durant son enquête, les menaces plus ou moins voilées dont il fut l’objet et les complicités dont bénéficiaient les gangsters au sein même du système. Il montre les coulisses du pouvoir, les innombrables enjeux de l’enquête et les conflits d’intérêts. L’auteur aborde aussi en filigrane la vie familiale et amoureuse du juge, père de deux jeunes hommes et en couple avec une jeune femme avec laquelle il formulait de nombreux projets. Cette affaire du Gang des Lyonnais aurait pu n’être qu’une de plus dans sa carrière. Elle fut la dernière, et lui fut fatale.
Virginie MOREAU
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Biographie de l’auteur-dessinateur Olivier Berlion
Né à Lyon en 1969, Olivier Berlion dessine depuis son plus jeune âge. Après un apprentissage à l’école de dessin Émile-Cohl (toujours à Lyon) et l’obtention d’un DEUG de culture et de communication, il fait connaissance d’Éric Corbeyran au festival d’Angoulême en 1992. Cette rencontre marque le début de leur collaboration, qui se poursuit toujours, et de l’entrée d’Olivier Berlion dans le milieu de la bande dessinée. Ainsi, en 1993, sort leur première série, “Le cadet des Soupetard”, qui compte 10 tomes, tous parus chez Dargaud. Le duo continue son ascension avec la série “Sales mioches” (1997-2006, Casterman), puis le one shot “Lie-de-vin” (1999, Dargaud), qui remporte de nombreux prix français et internationaux tout en rencontrant un important succès public et critique. Toujours chez Dargaud sont publiés le one shot “Rosangella” (2007) et le diptyque “Garrigue” (2008). Olivier Berlion travaille également avec Tonino Benacquista, dont il illustre l’album “Coeur tam-tam” (2003, Dargaud) et adapte en BD le roman “La Commedia des ratés” (2011, Dargaud). Au-delà de ces collaborations, Berlion s’affirme en tant qu’artiste complet en écrivant ses propres scénarios et en les dessinant, comme dans sa série “Histoires d’en ville”, publiée entre 2000 et 2003 chez Glénat. Son héros le plus connu est Tony Corso, détective à la célèbre chemise à fleurs et héros éponyme de cette série dont le tome 7 paraît en 2014, chez Dargaud, comme les autres épisodes. En 2015 sort “Le juge, la République assassinée” (Dargaud), polar historique en trois tomes, qui raconte l’histoire du juge Renaud, premier magistrat à avoir été assassiné sous la Ve République. Ce triptyque a fait l’objet d’un travail de documentation considérable et a bénéficié des conseils du fils du juge, Francis Renaud. Olivier Berlion vit actuellement dans le Gard, près d’Uzès.