Economie — France

L’Insee mise sur une croissance de 6 % du PIB en 2021

Les prévisions de l’Insee tablent sur une croissance de 6% du PIB en 2021, pour une activité qui retrouverait son niveau d’avant crise à la fin de l’année. L’économie, transformée, pourrait même reprendre plus vite en fonction du calendrier de la vaccination.

« Retour en surface » : tel est le titre choisi par l’Insee pour sa note de conjoncture du mois de juin, publiée le 1er juillet dernier. « Montagnes russes » eut également été adéquat… En effet, constate l’Insee, avec l’épidémie, des périodes aux évolutions très contrastées se sont succédé. Lors de la première vague épidémique, entre mars et juin 2020, le PIB avait perdu 6 points. Ensuite, entre deux confinements (en novembre 2020, puis avril 2021), l’hiver 2021 est resté marqué par les restrictions sanitaires. Et en sept mois, entre novembre 2020 et mai 2021, le PIB a perdu environ 3 points : l’économie française a plafonné en deçà de 96 % de son niveau d’avant la crise.

La tendance actuelle, qui se dessine depuis ce début mai, est celle d’une « vive reprise, au rythme graduel du déconfinement », notent les analystes. L’activité a repris crescendo en avril, mai, puis juin. Le mois de juin affiche un niveau d’activité inférieur à 2,5 % seulement par rapport à avant la crise. Résultat, au deuxième trimestre 2021, le PIB a progressé de 0,7 % par rapport au premier trimestre.

A la base de ce rebond se trouve la confiance retrouvée des Français et des chefs d’entreprise : en juin, celle des premiers a retrouvé son niveau d’avant crise, et le climat des affaires se situe au plus haut depuis 2007. Les enquêtes de conjoncture montrent que « l’espoir représenté par la vaccination passe devant la menace de nouveaux variants (…). Une résurgence de l’épidémie n’est certes pas exclue, mais les agents économiques semblent considérer qu’elle n’entraînerait pas forcément de mesures de restrictions aussi sévères que lors des vagues précédentes ».

En se basant sur cette hypothèse, l’activité économique française pourrait retrouver à peu près son niveau d’avant la crise dès la fin 2021, estime l’Insee. Et après avoir chuté de 8 % en 2020, cette année, le PIB devrait donc progresser de 6 %.

Chômage quasiment stable et inflation supportable

Cette forte croissance devrait être portée par la demande intérieure, et en particulier celle des ménages (+5,2 % prévu, après –7,2 % en 2020). Au total, celle-ci, ainsi que l’investissement des entreprises devraient dépasser fin 2021 d’environ 1 % leur niveau mesuré deux ans plus tôt.

Derrière ces projections, l’analyse de l’Insee va à l’encontre de préoccupations qui s’expriment actuellement sur plusieurs sujets. En premier lieu, le chômage. Il ne devrait pas connaître de « nouveau pic », estime l’Institut de statistique. En effet, le desserrement du dispositif qui a massivement maintenu les salariés en poste durant la crise devrait être compensé par le rebond de l’emploi qui accompagnerait la reprise de l’activité économique. «  Au total, l’emploi salarié augmenterait de plus de 300 000 en 2021, retrouvant lui aussi fin 2021 son niveau d’avant-crise », estime l’Insee. Et au total, 2021 devrait être marqué par une quasi-stabilité du taux de chômage (8,2 % prévu fin 2021, après 8,1 % début 2021, un niveau proche de celui d’avant-crise).

Autre sujet d’inquiétude actuel, celui de l’inflation. Pour l’Insee, celle-ci devrait en effet se révéler « relativement dynamique », notamment à cause de la remontée des prix du pétrole. Pour autant, elle ne devrait pas entamer le pouvoir d’achat : le revenu disponible brut des ménages sera dynamique. Quant aux tensions liées aux approvisionnements, pour l’Insee, elles ne devrait se répercuter que « modérément » sur les prix à la consommation. Seule tendance réellement négative constatée par l’Institut en 2021 : la croissance externe se fait attendre. Les exportations devraient rester à 4 % sous leur niveau du dernier trimestre 2019 et la contribution des échanges extérieurs à la croissance annuelle, légèrement négative.

La reprise d’une économie transformée, qui dépend de la vaccination

Si l’économie française devrait retrouver son niveau d’activité, elle ressort transformée de la crise à plusieurs titres. Elle « ne serait néanmoins pas, fin 2021, le calque de ce qu’elle était fin 2019. Elle en serait plutôt un reflet déformé par les recompositions sectorielles liées à la crise », décrit l’Insee. Ainsi, l’activité des secteurs les plus affectés par la crise (hébergement-restauration, transports, etc.) devraient demeurer en deçà de leur niveau d’avant crise. La tendance concerne aussi certains secteurs qui leur sont liés, comme la fabrication de matériels de transports. Eux aussi devrait continuer à subir la crise. Les services marchands, eux, devraient – globalement- retrouver leur niveau habituel. Et certaines branches de services (information et communication, par exemple) pourraient même le dépasser.

Par ailleurs, au-delà des effets sectoriels, l’économie a subi des transformations majeures sur le plan de la productivité. Avec des « aléas importants », souligne l’Insee. Certains jouent à la hausse, comme l’adoption accélérée des technologies numériques. D’autres, à la baisse, et avec des conséquences à moyen et long terme encore difficiles à mesurer. C’est le cas de « l’affaiblissement du capital humain lié à la fermeture des écoles et aux difficultés qu’a pu engendrer l’enseignement à distance ».

Par ailleurs, mettent en garde les analystes, le contexte sanitaire peut encore remettre en cause la croissance attendue. La mise en œuvre de nouvelles restrictions fortes freinerait l’économie. Quant aux signes de surchauffe ponctuelle constatés dans certains secteurs, et en particulier les tensions sur l’approvisionnement, ils constituent des « points de vigilance », même s’ils devraient se résorber avec la mise en route de l’économie, ajoute l’Insee.

A contrario, « en supposant que l’épidémie soit jugulée, il n’est pas exclu que l’activité au second semestre excède les prévisions, dans un contexte où tant le revenu des ménages que le tissu productif ont été globalement préservés », conclut la note de conjoncture. Laquelle n’exclue pas, selon l’ampleur et la rapidité du déploiement des vaccins, une « reprise plus vive que prévu ».

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