Economie — Mauguio

Mauguio-Carnon, paillotes : "La commune se retrouve pénalisée" selon le maire Yvon Bourrel

Depuis qu’un rapport a estimé en janvier 2023 que seize paillotes devraient être supprimées sur les 81 existantes sur le littoral héraultais, les maires réagissent. Yvon Bourrel, premier édile de Mauguio-Carnon, estime que les préconisations de l'Etat vont à l'encontre des intérêts économiques de sa commune. Interview.

Quel est l’apport des paillotes à l’économie de votre territoire ?

Yvon Bourrel : Nous avons renouvelé les lots de plage [dix emplacements possibles, cinq exploités] en 2021 pour six ans avec une réglementation qui observe les préconisations de l’Etat, c’est-à-dire que nous n’avons pas autorisé le montage de ces lots de plage en lieux de restauration. Ce qui veut dire moindre rémunération puisqu’au départ nous avions 1200 m2 pour chaque lot de grande restauration(1) avec une mise à prix à 60 €/m2. La somme la plus basse que vous puissiez encaisser était 72 000€ [par un système d’enchères, le prix d’attribution pouvait être plus élevé], ce qui fait que nous avions une recette plus importante que les petite buvettes qui, elles, sont à 25€/m2.

Y. B. : Ces paillotes ne s’inscrivaient pas en concurrence avec le commerce traditionnel, elles attiraient une clientèle différente et elles étaient surtout un bassin d’emploi relativement important pour la commune. D’abord parce que l’on employait des personnes de manière saisonnière et aussi parce que l’on pouvait faire la promotion de certains crus du Pays de l’or et des produits des maraîchers locaux. Quand on avait une grande buvette qui rapportait 120 000 ou 130 000 € par an, c’est même arrivé jusqu’à 150 000€, dans l’adjudication, si vous avez trois à ce prix là, ça faisait un budget. A savoir que l’exploitation du domaine public revient à environ 1M € par an (500 000€ par an pour la SNSM, plus la sécurité, l’aménagement…) et les recettes encaissées par la commune n’ont jamais excédé 400 000 € alors qu’elle sont censé couvrir les charges d’entretien du domaine public concédé aux communes par l’Etat.

Pour nous, les paillotes, c’était gagnant-gagnant, comme bassin d’emplois, pour la promotion de la production locale et également pour l’exploitation du domaine public maritime. La commune se retrouve pénalisée par rapport à l’entretien qui est le même et un revenu qui a diminué.

Dans quelle mesure sont-elles une vitrine touristique qualitative ?

Y. B. : Le cadre qui est offert, c’est un cadre très valorisé. C’est une plus-value indéniable pour l’image du littoral.

Seriez-vous favorable à leur installation à l’année ?

Y. B. : L’installation à l’année n’a pas forcément de sens, ce n’est pas l’esprit de la loi Littoral. Les activités doivent être saisonnières et ne doivent pas dépasser six mois. Même si les maires le voulaient, ils ne pourraient pas. Les buvettes sont rentables dans la mesure qu’elles ont une saisonnalité. Peut-être exerceraient-elles une concurrence plus difficile à supporter pour la restauration traditionnelle si elles étaient ouvertes à l’année.

Pensez-vous qu’elles dénaturent et menacent le paysage ? Pourquoi ?

Y. B. : On est dans une organisation très raisonnable et pondérée. Les règles d’installation sont très préservatrices de l’environnement. Dans le dossier d’appel d’offres, il y a un critère d’insertion environnementale des candidats. Il n’y a pas que le prix qui joue. La profession elle-même est consciente qu’elle exploite un milieu naturel fragile. Et nous sommes très regardant dans l’adjudication sur le respect de ce cahier des charges. D’aucun manière l’installation de ces lieux ne doit déstabiliser les dunes et porter atteinte à l’environnement naturel.

Posent-elles des problèmes d’insécurité, si oui de quel genre (alcool, nuisances…) ?

Y. B. : Non, au contraire elles participent à la sécurité. La présence sur la plage pendant la belle saison fait que les lieux sont investis par des activités policées, et non pas par des initiatives du type fêtes. C’est pour cela que ce sont des DSP, il y a l’entretien, le nettoyage et la surveillance de l’exploitation et de ses abords. C’est pour cela que c’est un service public.

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(1) L’attribution des lots se font avec une commission d’appel d’offre pour une délégation de service public (DSP) de six ans avec une redevance au mètre carré annuelle mais saisonnière : six mois d’exploitation maximum.

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Commentaires

  1. Pour moins jeter l’argent du contribuable melgorien il serait bien aussi de limiter la fête votive a 1 weekend plutôt que les 20 jours actuels et de réduire les enveloppes offertes aux associations , surtout les Bouvines.

  2. Bien sur qu’il faut conserver ces endroits conviviaux
    Les plages sont suffisamment grandes il y a de la place pour tout le monde

  3. Il y a des maires qui oublient un peu vite que les plages sont publiques et non privées, ceux qui ont des paillotes trop prés de l’eau en interdisent l’accès à ceux qui ne consomment pas ou bien prennent pas de transats.

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