Montpellier : des illuminations pour éclairer l’esprit de Noël

Mais c’est quoi l’esprit de Noël ? Ancré dans la célébration chrétienne de la naissance de Jésus Christ, l’esprit de Noël dépasse la frontière du religieux pour s’inscrire dans une longue tradition de fêtes marquant le solstice d’hiver, période pivot du calendrier agraire. Normal, le solstice d’hiver a pour point de départ la nuit la plus longue de l’année.

Si la lumière est au centre des célébrations parce qu’elle symbolise l’espoir, la joie, et le triomphe sur l’obscurité, elle s’invite au cœur des cités pour éclairer l’esprit de Noël. La dimension commerciale et médiatique a pris un peu, beaucoup, à la folie, les rênes de l’esprit de Noël, même si nombreux sont ceux pour qui cet esprit est un moment de réflexion, de partage, de bienveillance, de bilan sur l’année écoulée et de projection vers l’avenir. 

En 2021 à Strasbourg, ville réputée pour son marché de Noël, le budget des illuminations avait atteint les 512.000 euros, pose, entretien, maintenance et stockage inclus. En 2009 Charlotte Gainsbourg, la marraine des illuminations des Champs-Élysées, avait donné le coup d’envoi des festivités. Budget de l’époque entre le matériel, la consommation et l’installation : 2,5 millions d’euros. La même année, la conférence internationale de Copenhague, appelée COP15, avait pour ambition d’aboutir au premier accord global de lutte contre le changement climatique.

Pour la ville de Montpellier, l’approche des illuminations de Noël a été axée sur l’efficacité énergétique et le recyclage. Vertueuse, la 7e ville de France a installé 444.820 points lumineux en LED basse consommation. « On est sur un coût de 250.000 euros à peu près, un peu moins, avec en gros 50 % sur la location du matériel et 50% sur la pose, » explique Bruno Paternot, conseiller municipal du Groupe politique « Choisir l’écologie à Montpellier. » Le choix technologique qui a été fait permet une consommation d’énergie pour les illuminations inférieure à 2.000 euros, « mais aussi parce que l’on éteint à 23h et que l’on allume qu’à 17h. Il fut un temps où c’était 24 sur 24. Vous comprendrez aisément qu’éclairer de jour n’avait pas grand intérêt. Et dans l’idée d’une ville à hauteur d’enfants, éclairer à deux heures du matin n’était pas forcément non plus très cohérent. »

Équilibrer et organiser avec justesse reste une priorité : « cette année, nous avons 12 sites qui sont éclairés en dehors de l’Écusson. Le projet lumière est de faire en sorte que la magie de Noël soit un peu partout dans la ville, » précise Bruno Paternot. L’autre leitmotiv de l’élu est d’installer des rendez-vous, une tradition, des rituels, afin de sortir des effets de modes. « Nous sommes au début d’une nouvelle réflexion qui concerne la conception, la réutilisation et le recyclage de tout. Faut-il avoir absolument les dernières innovations ? Faut-il s’interdire de retrouver les éclairages que l’on avait l’année précédente? Faut-il toujours engager une course à la nouveauté ? Faut-il répondre en permanence à des effets de mode ? »

L’une des solutions envisagées : « il faut peut-être sortir de la location du matériel, pour pouvoir l’acheter, le conserver, le garder 20 ans et sortir d’une consommation dictée par le marché et la mode. » Puis il précise : « dans ce projet, on rénove aussi les places, que ce soit la place de la Comédie, c’est la plus emblématique, mais la place des Martyrs de la Résistance ou d’autres, et des questions se posent : comment est-ce que l’on arrête d’accrocher les illuminations dans les arbres, ou sur les bâtiments protégés, et comment est-ce que l’on trouve d’autres façons de rester dans l’émerveillement et dans la beauté de ce moment-là ? C’est un sujet très vertueux qui permet de travailler sur l’émerveillement et sur le festif de façon raisonnée et créative.» À n’en pas douter, il y aura un style Bruno Paternot à Montpellier, dans les événements à venir.