Expositions — Montpellier Méditerranée Métropole

Montpellier : le Mo.Co se dote d'une fondation d'entreprises pour mener des projets à la hauteur de ses ambitions

A l'instigation de son directeur, Numa Hambursin, le Mo.Co prend un nouveau virage en s'ouvrant aux financements privés, à travers la création d'une fondation d'entreprises préfigurée par Thierry Aznar.

Ne pas vivre uniquement de l’argent public

“Nous voulons développer le mécénat, le Mo.Co en a besoin. Il ne peut pas vivre uniquement de l’argent public”, analyse Numa Hambursin, ajoutant : “Comme le Musée Fabre, le Mo.Co a lui aussi besoin du soutien d’entreprises dirigées par des amoureux de l’art”. Si le triptyque Hôtel des collections, Panacée et Ecole des Beaux-Arts, regroupé sous l’entité Mo.Co, bénéficie d’environ 7 millions d’euros, ce n’est pas suffisant.
Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, explique que de nombreux dirigeants d’entreprises veulent aider le territoire, qui leur a beaucoup donné : “Je leur dis : ‘aidez la culture, soyez à nos côtés pour que nous puissions faire davantage encore’ “.

“Le rapport à la culture des membres de la fondation d’entreprises n’est pas opportuniste mais basé sur la sincérité. La fondation d’entreprises du Mo.Co n’est pas créée pour le bling bling, ce n’est pas une posture d’intérêt”, déclare le président de la Métropole. “Quand le monde économique est aux côtés de la culture, ça lui donne une force incroyable. Il n’ya pas de Montpellier moderne sans les arts, les lettres et la culture”, a asséné Michaël Delafosse.

Le directeur du Mo.Co a rappelé le triptyque formant le Mo.Co avec l’Hôtel des collections, la Panacée et l’Ecole des Beaux-Arts, qui englobe tout le parcours de l’artiste, depuis sa formation en cinq ans, jusqu’aux expositions présentant des artistes locaux et aux expositions internationales. “Le Mo.Co englobe la totalité de l’art contemporain, excepté la collection. J’espère que ça viendra un jour”, a glissé Numa Hambursin. Cette institution s’ouvre donc désormais aux entreprises par besoin de diversifier ses sources de revenus. “Il est très positif que les chefs d’entreprise puissent nous aider et participer à la vie du Mo.Co et porter la bonne parole dans la ville, car le Mo.Co n’a pas encore trouvé exactement sa place dans cette ville, contrairement au Musée Fabre, qui, âgé de bientôt 200 ans, est inscrit dans la chair de la ville”, selon Numa Hambursin, qui exprime la volonté “que plus personne ne songe à remettre le Mo.Co en cause quand [il sera] amené à en quitter la direction”. Il se dit certain que le Mo.Co est une des institutions qui peuvent être les plus importantes en France. “La programmation 2022 du MOCO, aucune autre institution en France ne serait capable de la porter”, selon lui.

A quoi servira cette fondation ?

L’argent apporté par la fondation d’entreprises du Mo.Co servira notamment à financer “Les Jeudis du Mo.Co Panacée”, qui débuteront en février 2022 et se dérouleront tous les jeudis dès 19h. Chaque semaine, une grande conférence gratuite se tiendra à l’auditorium de la Panacée avec de grands noms de l’art contemporain. La première conférence se déroulera en présence d’une grande dame de l’art contemporain, Orlan. “C’est une grosse source de dépenses, d’organiser 40 dates gratuites de ce type dans l’année. L’argent collecté par la fondation contribuera à les financer”, commente le directeur du Mo.Co. Les entrepreneurs aideront ainsi à diffuser la parole de l’art contemporain.

“La grande exposition d’été du Mo.Co, dédiée à Berlinde De Bruyckere, sera l’exposition la plus ambitieuse de l’hôtel des collections. Son organisation va demander un investissement extrêmement important. La fondation d’entreprises nous soutiendra”, commente Numa Hambursin.

Autre contribution de la fondation d’entreprises, le post-diplôme. “Il est très difficile d’intégrer une Ecole des Beaux-arts, mais il est aussi également très difficile d’avoir un débouché. Les artistes peinent à obtenir un atelier, à trouver des lieux d’exposition, des financements. Beaucoup de jeunes artistes diplômés arrêtent. L’Esba (école supérieure des beaux arts de Montpellier) accompagne les artistes en leur trouvant des expositions et à travers le programme Saison 6, les envoie dans les grandes biennales (Venise, Casablanca, La Dokumenta de Kassel) pour travailler avec les biennales et exposer sur place. Tout cela a un coût. La fondation nous aidera à intégrer les jeunes artistes dans le monde de l’art”, se réjouit le directeur du Mo.Co.

Voilà pourquoi le maire de Montpellier et président de la Métropole a remercié “les entreprises qui permettent de faire plus pour la culture, sujet qui suscite parfois de l’indifférence, voire qui est combattu” dans certains endroits.

Les membres de la fondation d’entreprises du Mo.Co

Le promoteur immobilier Thierry Aznar va préfiguer et animer, et sera sans doute amené à présider cette fondation, qui sera installée en janvier 2022. Son rôle est d’aller chercher des mécènes. Bien connu du landerneau montpelliérain, Thierry Aznar est notamment à l’origine de l’installation d’œuvres d’art au domaine de Lafeuillade avec l’aide de Numa Hambursin, à qui il avait laissé toute liberté de choix des artistes. C’est ainsi que des créations d’Alain Clément, Vincent Bioulès, Bernard Pagès ornent désormais le domaine. “Ce projet immobilier est une fierté pour la ville, indique Michaël Delafosse. Avec la Fondation GGL Helenis, Thierry Aznar a été un des entrepreneurs de l’hôtel Richer de Belleval, lieu d’exception dont la qualité a été saluée par d’anciens ministres de la Culture. C’est d’ailleurs là que seront logés les ministres des affaires étrangères européens lors du Sommet des affaires étrangères de l’Union européenne. Cet outil de rayonnement a été porté par des entrepreneurs”, souligne-t-il.

Thierry Aznar résume les différents intérêts qu’il y a, pour une entreprise, à intégrer cette fondation d’entreprises. D’abord, “l’art apporte une réponse, du sens, une image positive aux clients, salariés et dirigeants. Investir dans la fondation d’entreprises du Mo.Co, c’est participer à la vie culturelle de la cité et du territoire. Et enfin, travailler aux côtés de Numa Hambursin est passionnant, car il aime partager sa passion pour l’art”.

Le premier objectif était de rassembler 15 chefs d’entreprise au sein de la fondation. C’est chose faite, même s’il reste encore quelques arbitrages à effectuer concernant quelques sociétés. Les entreprises peuvent se porter candidates jusqu’en janvier 2022. Les 15 entreprises s’engagent à verser 10 000 euros sur cinq ans, à 60 % défiscalisables. En échange, elles bénéficieront de certains avantages, comme la possibilité d’utiliser une fois par an l’auditorium de la Panacée ou le boudoir de l’Hôtel des collections pour des événements d’entreprise, l’organisation de visites privées d’expositions pour leurs clients et salariés… Si 15 entreprises intègrent la fondation d’entreprise du Mo.Co, elles verseront en tout 150 000 euros par an, soit 750 000 euros sur cinq ans, ce qui permettra au Mo.Co de mener davantage de projets.

André Deljarry, entrepreneur et président de la chambre de commerce et d’industrie de l’Hérault, investit dans la fondation avec son associé Christophe Pradeilles. Installé depuis trente-six ans à Montpellier, “j’ai toujours suivi la règle fixée par Georges Frêche selon laquelle les entreprises doivent soutenir la culture et le sport”. Il assure que “quand on est chef d’entreprise, il ne faut pas avoir d’œillères, il en va de l’élévation même de Montpellier”. “On ne peut pas avoir de bons résultats financiers sans participer à la vie sportive, culturelle, artistique ou associative”, selon lui. “Il s’agit de contribuer à forger l’image de Montpellier aux niveaux local, national et international. C’est ça faire évoluer un territoire.”

Christèle Marnas est la directrice région Montpellier des agences Tourny Meyer, spécialisées en immobilier d’entreprise. Un immeuble sur quatre est occupé par des entreprises accompagnées par son groupe. Elle indique participer à la fondation d’entreprises du Mo.Co par “amour de l’art”. Et aussi parce quel’art, la culture, sont des facteurs d’attractivité incommensurables depuis des décennies pour attirer les entreprises exogènes, qui s’implantent sur le territoire”. Selon elle, “les œuvres disséminées dans la ville sont des marqueurs de territoire pour les agents immobiliers. De plus en plus, les chefs d’entreprise intègrent l’art dans leurs locaux professionnels, pour introduire des notions de confort, de cocon, de bienveillance au travail. Une œuvre d’art en entrée d’immeuble resocialise, comme une machine à café, elle génère des conversations, du lien. C’est ce qui fait que les chefs d’entreprise et les promoteurs intègrent de plus en plus l’art”. Christèle Marnas établit “un rapport entre la création d’entreprise et la création artistique. Tout part d’une page blanche”, selon elle.

Pierre-Antoine Desplan, pour Socri-Reim, indique que sa société a toujours inclus l’art dans ses projets. En tant qu’acteur du commerce du cœur de ville, il souhaite “apporter des idées et des moyens financiers pour faire rayonner le Mo.Co. La culture a un rôle clé pour dynamiser le commerce. L’art se partage avec des publics très variés à faire venir dans le centre-ville de Montpellier. L’ambition est que la culture soit le quotidien des Montpelliérains et des touristes. L’art contemporain doit être promu à Montpellier. Socri-Reim souhaite y travailler activement, à travers sa participation à la fondation d’entreprises du Mo.Co”.

Parmi les 15 entreprises mécènes figurent notamment Quantum Surgical, Ugar, Eleis, Promeo, ou encore une banque régionale dont le nom reste encore à déterminer… Cinq entreprises attendent le feu vert définitif.

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