Faits divers — Montpellier

Montpellier : un trafic d’êtres humains d’ampleur internationale

En mars 2021, 14 personnes avaient été arrêtées pour proxénétisme. Presque deux ans plus tard, le jugement des membres de ce réseau de prostitution international qui sévissait entre l’Occitanie et la Colombie va être rendu.

Photo d’illustration © Canva

Le trafic démantelé grâce à 2 Colombiennes

En juin 2020, après être parvenues à s’enfuir d’un appartement à proximité de la gare Saint-Roch de Montpellier, deux jeunes femmes, appelées Jenifer et Yamileth, s’étaient rendues au commissariat pour dénoncer un réseau de proxénétisme qui les forçait à se prostituer. Elles avaient expliqué recevoir jusqu’à 8 clients par jour dans l’appartement dans lequel elles étaient séquestrées. La police avait placé les suspects sous surveillance et était finalement parvenue à interpeller et mettre en examen le proxénète des deux Colombiennes,. Ce dernier mettait le logement à la disposition des jeunes filles, les forçant à se prostituer sous la menace de violences physiques. Il avait installé des caméras de surveillance pour s’assurer qu’elles ne quittent pas le logement.

Une affaire internationale

L’enquête avait été confiée à la Direction Territoriale de Police Judiciaire (DTPJ) de Montpellier, qui avait découvert un autre appartement de passes à Nîmes où Jenifer et Yamileth avaient été séquestrées avant de se retrouver à Montpellier. À la suite de cette opération, le 2 mars 2021, 12 personnes avaient été interpellées à Montpellier, à Balaruc-les-Bains, à Perpignan, en Italie, en Espagne et en Roumanie et 18 appartements avaient été investis par la police dans l’Hexagone. L’enquête sur la traite d’êtres humains avait alors pris une dimension bien plus importante et dévoilé l’existence d’un réseau international.

Un plan bien rodé

Le journal d’appels des proxénètes pointait un centre d’appels à Barcelone. L’enquête de la DTPJ et de l’Office Central pour la Répression de la Traite des Êtres Humains (OCRTEH) avait dévoilé que tous les rendez-vous des clients français étaient gérés depuis l’Espagne. Le proxénète devait contacter un centre d’appels basé à Barcelone grâce à un numéro indiqué sur Internet.

L’enquête avait révélé que Mohamed Z., le proxénète des appartements de Nîmes et de Montpellier, utilisait le centre d’appels afin de contacter un homme en Roumanie pour profiter de prostituées roumaines basées en Occitanie. Deux personnes de nationalité roumaine ont alors été ajoutées à la liste des accusés, la faisant grimper au nombre de 14. Un hôtel de Perpignan aurait également accueilli des prostituées durant des mois.

Une mère maquerelle colombienne

Suite à une colossale action de police, les agents étaient parvenus à remonter le trafic jusqu’à un réseau colombien mené par une femme vivant en Espagne. Cette dernière alimentait les sites d’escorts de profils de jeunes femmes sud-américaines, majoritairement colombiennes. Elle payait leur billet d’avion et les faisait venir en Espagne avec de fausses promesses d’emploi en tant que femme de ménage ou de nounou, avant de les déposséder de leurs papiers.

Les jeunes filles se retrouvaient en situation irrégulière sur un territoire inconnu et sans le sou, elles étaient alors contraintes à la prostitution. Elles devaient reverser la moitié de leurs gains à la maquerelle, elle-même prostituée. Il avait été dévoilé que le réseau colombien gérait tous les appels téléphoniques et l’emploi du temps des jeunes femmes. À l’époque, 27 000 € en liquide avaient été saisis lors de la perquisition du logement de la maquerelle et les témoignages de 33 victimes avaient été recensés.

Le jugement

Du 7 au 10 février 2023, le tribunal judiciaire de Montpellier rendra son verdict et jugera les 14 prévenus. La maquerelle colombienne de 49 ans, Sandra V., et le propriétaire des appartements nîmois et montpelliérain, Mohamed Z., leaders de cette entreprise sordide, feront partie des 14 accusés.

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Aide aux victimes

Le Département de l’Hérault, les services de l’Etat et l’association l’Amicale du Nid travaillent de concert pour lutter contre la prostitution des mineurs et des jeunes majeurs issus de l’aide sociale à l’enfance. Le Conseil général de l’Hérault fournit un soutien professionnel aux agents des organismes en lien avec les jeunes de l’aide sociale à l’enfance. Cet appui devrait permettre de mieux repérer les signes de prostitution, dont les fugues et certaines disparitions associées. Les organismes concernés sont les services territoriaux enfance et famille et des solidarités, les maisons d’enfants à caractère social et le foyer départemental de l’enfance. En complément, le Département veut faciliter les rencontres entre ces jeunes et l’association l’Amicale du Nid, qui a pour ambition de les aider à mesurer les risques encourus et à sortir de l’engrenage, parfois même d’un phénomène d’emprise.

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