Patrimoine — Montpellier

Un si Grand Hérault : l’Arbre Blanc, pure Folie ou idée folle ?

Si l’Arbre Blanc ne fait pas l’unanimité, il a en tout cas su convaincre le jury d’un concours d’architecture lancé à Montpellier en 2013, sous l’impulsion de Philippe Saurel. Résultat d’un concours de circonstances ? Pas tout à fait.

Au pied du Lez, l’Abre Blanc voit le jour en 2019. Le projet est né de trois architectes : deux français, Nicolas Laisné et Manal Rachdi, et d’un architecte du pays du Soleil Levant, Sou Fujimoto. Sa forme si particulière serait donc une sorte de Haïku architectural ? Elle revêterait en tout cas une dimension symbolique, presque philosophique. Ainsi, l’Arbre Blanc, avec ses grands balcons et sa structure évoquant les branches et la canopée d’un arbre, rappellerait l’harmonie entre nature et mobilier urbain. Certains y voient même une fusion esthétique entre “ la blancheur éclatante des pierres du sud qui s’allie à la pureté, au raffinement de la culture japonaise”, comme indiqué sur le site web de l’ouvrage. L’interprétation est poussée jusqu’à atteindre les sommets de l’édifice, qui se voudrait “un point culminant dans la ville, tel l’immémorial Mont Fuji surgissant dans le ciel du Midi”. De quoi monter dans les tours pour ses détracteurs.

Mais d’ou vient donc cette idée folle ?

Malgré une façade moderne, presque futuriste, le bâtiment s’inscrit en fait dans un courant architectural des XVII-XVIIIe siècle : les Folies. Une tradition architecturale propre à Montpellier et sa région. Il s’agissait de demeures ou de châteaux de campagne, construits par la riche bourgeoisie ou la noblesse de l’époque, à la fois reflet ostentatoire du statut social, imitation des modes parisiennes et symbole culturel du mécénat. Le Château de Flaugergues ou le Château de la Mogère, entre autres, en sont le souvenir. Dès 1977, la renaissance de l’esprit des Folies est initiée par Georges Frêche. En résulte aujourd’hui une vision modernisée des Folies par le lycée Georges Frêche (Massimiliano Fuksas, 2010), l’Hôtel de Ville (Jean Nouvel, 2011), Folie Divine (Farshid Moussavi, 2012), Le Nuage (Phillippe Starck, 2014) ou plus récemment l’Higher Roch (Brenac & Gonzalez, 2022).

En tout cas, l’Arbre Blanc demeure une figure controversée du patrimoine. Érigé en héros ? Peut-être pas, malgré un titre de plus beau bâtiment du monde 2019 par le prix Architizer A+ Awards, dans la catégorie des immeubles résidentiels. Mais érigé en Hérault, certainement.

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