Faits divers

LE CAP D'AGDE - Enseignante agressée, comment stopper la violence à l'école ?

« Je t'attends à la sortie », « Je vais te crever », la violence de l'agression subie par…

« Je t'attends à la sortie », « Je vais te crever », la violence de l'agression subie par une enseignante de l'école Jules Verne du Cap d'Agde aurait fait le tour du pays. 

Ce 30 septembre, une professeure filme elle-même une nouvelle scène de violence : elle est agressée et menacée de mort par des parents d'élèves. Un déchaînement qui ravive le spectre du mouvement #PasDeVague. Où en est-on un an après ?

Éléments de réponse avec Eirick Prairat, professeur de philosophie et spécialiste de la sanction et de la discipline à l'école. Vous trouverez ci-dessous des éléments de réponses à retrouver en totalité dans le  journal Le Point.  

 

Que vous inspire la vidéo de l'agression d'une professeure d'Agde par deux parents d'élèves à Agde ?

Eirick Prairat : Je pense d'abord à cette professeure, à la souffrance qui est et restera longtemps la sienne. Elle a été agressée en tant que personne et en tant que professeure. Ces épisodes, psychologiquement, physiquement et symboliquement violents, ne s'effacent pas facilement (…)  Les parents d'élèves de cette vidéo dénient finalement à cette professeure d'être professeure.

Cette vidéo a, en effet, la particularité de montrer des parents d'élèves, et non des élèves, agresser une professeure. Que cela dit-il des rapports parents-école  ?

Le philosophe Hegel, avant d'être la star de la philosophie que l'on connaît, avait été proviseur et écrit ceci : « Les enfants doivent venir dans notre école déjà éduqués. » Je pense que, s'il était encore de ce monde, il pourrait dire la même chose des parents ! 

Cette vidéo a aussi la spécificité d'être filmée par la victime elle-même, comme si son téléphone était son seul moyen de défense. Que pensez-vous de ce geste ?

En effet, l'usage du téléphone est un aveu de faiblesse. Mais il a le mérite de montrer ce qu'elle a vécu, elle témoigne via cet outil, dit « regardez ce qu'on me fait », à la manière du hashtag #PasDeVague de Twitter.

Cet « aveu de faiblesse », comme vous le qualifiez, n'est-il pas le signe que le mouvement #PasDeVague a été sans effet ? Presque un an jour pour jour après l'agression de Créteil, le hashtag refait doucement son apparition sur Twitter.

On ne peut pas dire qu'il a été sans effet. Il est tout de même à l'origine de la circulaire du 3 septembre du ministère de l'Éducation nationale sur la prévention et la prise en charge des violences en milieu scolaire. L'institution prend conscience qu'elle doit protéger ses professeurs. D'autant qu'agresser un professeur, c'est aussi agresser l'école. 

Ce que prévoit la « loi pour une école de la confiance »

Le bonheur et le bien-être des personnels sont l'un des facteurs principaux de la réussite scolaire », a affirmé celui qui s'est déclaré « ministre des professeurs ». Cela passe notamment par l'amélioration de leurs conditions de travail ». Au premier rang desquelles la garantie de « leur protection ». « On a peu retenu la deuxième phrase de la loi sur la confiance, qui précise explicitement le respect qui doit être dû au professeur », a rappelé Jean-Michel Blanquer.

Simplification des procédures des conseils de discipline, renforcement et diversification des sanctions, mise en place d'un référent violence dans chaque académie, obligation de signaler chaque fait de violence, bilan annuel devant le conseil d'administration des établissements des mesures prises en matière de violence…

Après les derniers incidents, cet arsenal de mesures n'a plus qu'à trouver sa déclinaison locale afin de tenter de calmer la colère et l'inquiétude grandissantes des enseignants.

Mais sera t-il suffisant ? Pas certain, pour bon nombres d'enseignants : “ L'école ne peut s'acquitter de sa mission, qui est de former le citoyen, que si la famille assume la sienne. La balle est donc, d'abord, dans le camp des parents !” 

 

 

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.