Droit

Le compostage : Une des solutions à la problématique de nos déchets ?

Quelques mois après l'abandon officiel par la municipalité de Vias du projet de l'incinérateur…

Quelques mois après l’abandon officiel par la municipalité de Vias du projet de l’incinérateur dit « Torche à Plasma », quelles solutions ont été envisagées pour répondre au crucial problème du traitement de nos déchets ?

Toujours fidèle à son credo de départ à savoir trouver une solution durable plus en adéquation avec le respect de l’environnement et des populations, le Comité Contre la Torche à Plasma amplifie son mouvement sous sa nouvelle dénomination : Comité de Vigilance de l’Environnement Viassois. Dans le prolongement de la conférence-débat qu’il a organisée sur « les alternatives à l’incinération » le 23 avril, à la salle de fêtes de Vias, il a pris contact avec la plate-forme d’Aspiran.
A l’heure où il est de notoriété publique qu’un incinérateur est avant tout un montage financier destiné à enrichir les sociétés privées qui les promeuvent sans tenir le moindre compte de la santé des riverains (pour exemple : l’arrêt de l’incinérateur de Lunel-Viel à cause d’importantes diffusions de dioxines et celui de Sète mettant en danger la vie d’autrui), une plate-forme de compostage telle que celle d’Aspiran peut-elle être envisagée comme solution alternative sérieuse ?

Le contexte

Le Comité est accueilli par Monsieur Piquemal, responsable de la communication du syndicat Centre-Hérault, gestionnaire de la plate-forme de compostage, et Monsieur Lautier, son responsable technique. L’historique du projet leur est présenté ainsi que la structure du syndicat intercommunal : 72 communes (55 000 habitants), sur le territoire desquelles il a mis en place douze déchèteries. Puis, quelques informations techniques dont le site de 8000 m_ (environ 1,5 m_ par tonne) et la plate-forme, mise en service le 12 mai 2002.

L’accueil de la plate-forme

A l’entrée de la plate-forme, deux agents contrôlent la qualité des entrées de matériaux et leur poids sur le pont-bascule à côté de leur petite guérite. Les apports s’effectuent tous les lundis, mercredis et vendredis. D’où le rendez-vous du jeudi pour les visites, notamment des scolaires. Chaque véhicule apporte environ quatre tonnes de déchets par jour.
Voir les annexes photos : https://www.herault-tribune.com/?p=p17&Re_Id=57
Les casiers

Les casiers sont, en fait, des espaces séparés par des cloisons de bois (photo). Au départ, les tas (andains) sont composés d’un mélange de biodéchets et de déchets verts bruts (branches avec des feuilles) broyés (photo). Ils restent entre un mois et demi et deux mois dans les casiers, puis ils sont retournés et déplacés à l’aide d’un gros tractopelle (photo) sur le site d’à côté pour une maturation de deux mois. Dans le sol de ces casiers, des conduites (photo) percées de trous (drains) permettent d’oxygéner les déchets par aspiration et de récupérer l’eau de ruissellement conduite dans une fosse étanchée (photo) de 1000m3 par une géomembrane. Cette réserve d’eau permet d’humidifier en permanence les andains. Les casiers sont numérotés et une lettre est attribuée à chaque lot de compost. Ainsi, chacun est différencié et suivi (traçabilité). Lorsqu’un chargement de biodéchets à l’entrée est jugé douteux, il est refusé et dirigé vers le CSDU (Centre de stockage de déchets ultimes) de Soumont. La température dans les andains varie entre 60° et 80°. Au bout de deux mois, les quatre lots d’un casier deviennent un seul lot lorsqu’ils en sont sortis pour être mis en dernière maturation. Une fois tamisé par un trommel (photo), le compost est, in fine, mis en tas où il atteint la couleur sombre de l’humus (photo). Il est alors prêt à la vente. Notons que l’on ne sent aucune odeur désagréable sur la plate-forme qui est nettement propre. La part fermentescible du refus de tri, retourne dans le tas derrière la guérite d’accueil. Il sera mélangé à un nouvel andain pour démarrer un nouveau cycle. Par contre, le reste du refus de tamisage (non compostable) est destiné audit CSDU.

L’aération

Derrière les casiers, le système de ventilation (photo) est un système non sophistiqué (par exemple, électronique). Volontairement rustique, il est composé de tuyaux et de ventilateurs. L’air aspiré passe ensuite dans un filtre, c’est-à-dire un grand bac de bois (photo) rempli d’écorces de résineux dont il faut surveiller la température et l’humidité. Ceci afin que les micro-organismes, filtrant les biogaz, puissent se développer sans décomposer les écorces.

Le label

Le compost est régulièrement analysé par lot de 3 kg pour un coût de 1000 €. La qualité obtenue est importante, car l’objectif du syndicat Centre-hérault est d’obtenir la norme éco-label qui est plus stricte que la norme habituelle. Le prix du traitement est évalué en gros à 60 € / tonne sans déduction des recettes réalisées par les ventes.

Rappels très importants sur les déchets

Le Plan Départemental d’Elimination des déchets (arrêté préfectoral du 19 mars 2002) impose aux communes la responsabilité de la réduction des déchets.

Deux zones sont concernées par l’application stricte de ce Plan :
ß L’Est Hérault (120 communes pour 680 000 habitants) dont Montpellier et Sète,
ß L’Ouest Hérault (223 Communes pour 330 000 habitants) dont Agde, Vias et Béziers.

Deux dispositions essentielles relatives à la zone Ouest Hérault :
ß Flux de déchets interdits entre zones sauf dérogation préfectorale,
ß et pas d’incinération.

Le contenu de la poubelle (études récentes publiées par l’ADEME, l’Agence de l’eau et la DRIRE) :
• 10 % : papiers, cartons
• 13 % : verres
• 54 % : matières fermentescibles (dont 42%d’humidité)
• 08 % : textiles et encombrants divers
• 11 % : plastiques
• 04 % : métaux

Les emballages en représentent 50% en volume et 35% en poids.

Chacun face à ses responsabilités !

La croissance du volume des déchets, ajoutée à des normes environnementales plus strictes, et donc plus coûteuses, ont entraîné une hausse exponentielle de la facture déchets pour l’usager domestique. Il vaut mieux investir dans des solutions citoyennes comme la réduction à la source, le tri, la réutilisation, le recyclage et le compostage, que dans des installations coûteuses et dangereuses pour les populations locales. La priorité, réside dans la lutte contre le gaspillage et la pollution.
Nous demandons l’application de la taxe constitutionnelle pollueur / payeur !
En outre, la filière industrielle doit permettre le retour des produits toxiques au producteur (marque ‘’retour” de l’Ademe) et leur réutilisation. Si le problème des déchets relève principalement des Pouvoirs Publics, les citoyens ont un rôle important à jouer. Quant aux élus, ils engagent leur responsabilité dès lors, qu’influencés par les multinationales en quête de profits, ils ne recherchent que des solutions techniques en aval du processus. L’incinérateur dit « Torche à Plasma » porté par la Société Solena Group et le Syndicat Mixte Ouest de l’Hérault (SMOH) en est une preuve flagrante. Ecarté de Vias par une forte mobilisation de la population, il est annoncé dans une commune voisine par le Président du SMOH dès qu’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) aura rendu son rapport.

Conclusion

A continuer sans réagir face à ce qui n’est pas une fatalité, nous courons deux risques : épuiser le sol de ses ressources premières et empoisonner l’environnement dans lequel nous vivons. Les solutions sont inscrites dans la réglementation et dans les plans départementaux d’élimination des déchets : il appartient aux élus de les mettre effectivement en application ! On les attendait sur une grande loi de défense de l’environnement, les députés se sont finalement exprimés à l’occasion du débat sur la loi de modernisation agricole. Haro sur les sacs plastiques non biodégradables qui seront interdits d’ici 2010 ! Le biodégradable représente une étape avant l’utilisation naturelle des sacs réutilisables. Chacun sait qu’il est plus facile de changer de technologie que d’habitudes et de comportements, mais en l’occurrence c’est de l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants dont il s’agit.
Et l’avenir ne peut s’envisager que dans le respect des autres et celui de notre environnement. La plate-forme d’Aspiran, de ce point de vue, est exemplaire !

Le droit s’impose à tous, c’est-à-dire à chacun, partout sur notre territoire a fortiori dans nos collectivités locales.

Le Comité de Vigilance de l’Environnement Viassois (CODEVI)

Ariel Jorda, Kacem Lairi, Véronique Martin, Guillemette Ollivier et Didier Tobena

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