A la Galerie de l'Ancien Courrier, Jean Pierson célèbre l’amitié le long des golfes clairs

Il excelle dans l’art de représenter des paysages côtiers vus depuis des vérandas, terrasses et autres intérieurs laissant beaucoup à voir de l’extérieur. Protégées des rayons écrasants du soleil par la végétation luxuriante, des tables attendent des convives ; çà et là, un livre posé sur une table rappelle la présence humaine. Tout comme les bagages, oubliés à tout jamais peut-être. Rencontre avec le peintre occitan Jean Pierson, qui quitta un jour Paris pour n’y plus jamais revenir, obnubilé qu’il était par la mer…

La mer est presque un personnage à part entière dans vos tableaux, même si elle se trouve à l’arrière-plan…

J. P. : « La mer est l’endroit où je me trouve le mieux. J’aime m’y plonger, y nager. Même si je ne suis pas un marin ! Après vingt années vécues à Paris, lorsque mon épouse et moi avons eu notre troisième enfant, nous avons ressenti l’appel de la mer et de la nature. C’était devenu nécessaire à notre équilibre et à celui de notre famille… »

Effectivement, la végétation est également très présente dans les paysages que vous peignez.

J. P. : « Je suis passionné par la nature et le milieu végétal. J’aime voir pousser les plantes. Je possède depuis peu un grand terrain en friche sur lequel je vais pouvoir cultiver mon potager en permaculture. Ça va être une grande aventure ! »

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« Glycines et jasmins » (100 x 81 cm).

Ces paysages que vous peignez, sont-ils réels ou imaginaires ?

J. P. : « Mes compositions sont totalement imaginaires, mais composées de détails réels. Je m’explique. Les paysages sont vrais ; ils me sont inspirés de lieux vers Saint-Tropez, La Croix Valmer, où je me rends régulièrement, d’endroits du Narbonnais, d’Aveyron, de Touraine, même… L’Espagne aussi, avec sa côte de palmiers, m’inspire. Tout cela forme l’arrière-plan. Il est extrêmement rare que je travaille d’après photos. C’est ma mémoire qui recompose ces paysages. Et j’y ajoute d’autres éléments d’architecture, et du mobilier au premier plan. »

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« Les premières récoltes » (60 x 73 cm).

L’architecture a une grande importance dans vos tableaux. Il s’agit sans doute d’une réminiscence de votre formation…

J. P. : « C’est évident. J’ai étudié la peinture aux Beaux-Arts et en parallèle j’ai été formé à l’architecture – à l’ancienne. Je suis diplômé architecte, non pratiquant… même si j’ai restauré trois maisons pour ma famille et moi. J’en ai gardé le plaisir de la ligne ; ça se retrouve dans mes tableaux. »

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« Le tableau noir » (73 x 92 cm).

Vous évoquiez le mobilier. Qu’il soit de jardin ou d’intérieur, il est omniprésent dans vos œuvres.

J. P. : « Il s’agit de meubles pour lesquels j’ai une affection particulière. J’apprécie que l’on ne puisse pas dater, que l’on puisse penser que je représente une scène que j’ai vue étant enfant. J’ai 54 ans. Avec ma famille, nous passions nos étés en alternance entre la villa de ma tante à Deauville et la maison de mon autre tante sur les hauteurs de Marseille, à La Treille, le village de Marcel Pagnol. Cette maison était remplie d’objets africains, car mon oncle et ma tante partageaient leur temps entre la Côte d’Ivoire, où mon oncle travaillait, et La Treille.

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“Les fauteuils club” (92 x 73 cm).

Sur l’un des tableaux, j’ai représenté du mobilier Art Déco, parce qu’en regardant de vieilles photos de mes grands-parents prises en Indochine, je suis tombé sur des photos de leur mobilier et j’ai voulu le peindre. C’est une des rares fois où une photographie m’a inspiré. Il y a aussi beaucoup de mobilier de jardin dans mes tableaux. »

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« D’une beauté opaline » (92 x 73 cm).

On retrouve souvent des bagages dans vos toiles, donc l’idée du voyage…

J. P. : « J’adore voyager, observer des architectures, des saveurs, des modes de vie différents. Mais je dois dire que je voyage aussi beaucoup au travers de mes tableaux. Mon épouse et moi recevons beaucoup d’amis pour des séjours de quelques jours. Ces bagages symbolisent aussi cette présence amicale à nos côtés. »

Il y a aussi parfois un livre posé sur une table, voire une bibliothèque entière…

J. P. : « C’est parce que j’adore lire. Je lis beaucoup et j’ai beaucoup de livres. Les livres sont une grosse partie de ma vie. Je lis un peu de tout mais pas de polars. Surtout des classiques, car j’ai le sentiment qu’il y en a tellement que je n’aurai pas assez de toute ma vie pour tous les lire. Actuellement, je lis Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos, une nouvelle de Vladimir Nabokov, et je vais bientôt reprendre la lecture de Marcel Proust avec La Prisonnière. »

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“Pommes et raisins” (81 x 100 cm).

Toutes ces tables qui attendent les invités sont très conviviales…

J. P. : « C’est vraiment l’ambiance qui règne chez nous. J’adore cuisiner, recevoir nos amis, partager avec eux. Je mange peu, mais j’aime que les mets servis soient bons, que le vin soit bien choisi. Mes tableaux reflètent l’amitié qui règne à ma table. »

C’est ainsi que vous les analysez ?

J. P. : « J’irai même jusqu’à dire que mes tableaux rassemblés forment un immense autoportrait. Il suffit de lire en eux. Cet autoportrait a évolué, si je m’en réfère aux tableaux que je peignais il y a vingt ans. Ma technique s’est énormément affinée. Maintenant je porte des lunettes. J’entre infiniment plus dans le détail. Mais une chose ne change pas : ces vues qui surplombent la mer. Peut-être parce que je ne mesure que 1,72 m, alors que j’aurais aimé mesurer 2 mètres ! »

Propos recueillis par Virginie MOREAU
vm.culture@gmail.com

Informations pratiques

Galerie de l’Ancien Courrier
3, rue de l’Ancien Courrier
34000 Montpellier
Tel. : 04 67 60 71 88.
L’exposition Jean Pierson – Le long des golfes clairs est visible jusqu’au 11 mai 2019, du mardi au jeudi de 14h à 19h et les vendredi et samedi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h.

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