Droit

Agde - Dix ans après…et une semaine plus tard par Didier Denestebe et Antoine Allemand

Intéressants les entretiens « croisés » des deux derniers maires de la commune ;…

Intéressants les entretiens « croisés » des deux derniers maires de la commune ; mais chacun d’eux ne voit que des motifs de rejets lorsqu’il observe l’action de son collègue et que des raisons de satisfactions dans la sienne…Commentaire de textes publiés dans l’Agathois : https://www.herault-tribune.com/archive/img_annexe/index.php?Ax_Id=465 :

1- L’évolution de la ville :

En 1995 la restructuration des équipements publics s’imposait après deux décennies de développement axé sur la seule station du Cap.
L’ancien maire s’est, en l’occurrence, efforcé de rattraper le retard, il y a partiellement réussi; mais force est de constater que son désir de mixité sociale entre le centre ville et les autres quartiers ainsi que sa volonté de voir les jeunes cesser de s’expatrier n’ont pas portés leurs fruits.
Certes le développement que se plait à souligner son successeur est sensible essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, au niveau immobilier.
De là, à qualifier ce développement de « maîtrisé » , il faudrait savoir par qui, mais certainement pas par lui.
La ville aurait acquis une « notoriété accrue sur des bases saines » et ils auraient réussi « en 10 ans, à lui redonner une image »… Mais l’image que continuent à véhiculer les média n’a rien d’une image saine !

2- L’intercommunalité :


La communauté d’agglomération telle qu’elle existe aujourd’hui n’a pas les faveurs de l’ancien maire, peut-être parce qu’il ne l’a pas lui-même portée sur les fonds baptismaux.
Certains des arguments qu’il développe à son encontre pourraient être d’ailleurs repris pour « démolir » la communauté des communes qu’il avait promu à l’époque : Agde n’était pas plus au centre de la communauté des pays d’Agde qu’elle ne l’est de l’agglo Hérault Méditerranée; la commune de communes, de taille moindre, courrait le risque d’ « être broyée entre le dynamisme de Béziers et Montpellier » tout autant, sinon plus, que la communauté d’agglo.
La création de l’agglomération a permis, comme le souligne son successeur, une augmentation substantielle de la Dotation Globale de Fonctionnement, mais, contrairement à ce qu’il affirme, la ville avait déjà accès aux fonds européens (cf : réhabilitation de logements au Cap) ;
N’empêche que cette agglomération manque de projets cohérents : les conseils communautaires sont le plus souvent de simples chambres d’enregistrement alors que les prises de décisions font l’objet de tractations de marchands de tapis dans l’anonymat des couloirs (la décision de financement du centre nautique en est la parfaite illustration.)

3- L’urbanisme :


Sur ce chapitre là, Gilles d’Ettore a tout faux : lorsqu’il affirme qu’ « il faut maîtriser le développement vers la mer pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or » et qu’il ne veut pas « de rideau de béton jusqu’à la mer », il fait ou il laisse faire tout le contraire.
Les Cayrets sont l’exemple parfait de ce qu’il se défend de vouloir, et, dans tous les secteurs proches du littoral , le moindre mètre carré voit éclore des constructions.
C’est ce qu’il appelle « respecter le choix de vie des habitants du Cap, du Grau et d’Agde », mais il y a belle lurette qu’il ne leur demande plus leur avis.
Quand au projet de Régis Passerieux de « gommer la voie rapide pour en faire un boulevard urbain lent », il est séduisant sur le papier.
Mais, d’une part, en saison, cette voie n’a, la plupart du temps, de rapide que le nom;d’autre part, ralentir davantage la circulation sur cet axe exige de créer une autre voie de dégagement pour la sortie d’autoroute et l’accès à la ville.

4- Les Cayrets :


C’est la patate chaude dont les deux se rejettent la paternité après l’avoir revendiquée haut et fort.
Cependant il parait évident que, s’il y a eu des dérapages, ils n’ont pu se produire que pendant la phase active de construction. Quand bien même le premier des deux aurait établi les règles d’un POS qui aurait engendré la sur densification que l’on connaît, le second aurait toujours pu rectifier le tir, comme il envisage d’ailleurs de le faire aujourd’hui en disant vouloir créer « deux ou trois squares et végétaliser le quartier ».

Ce qu’on peut toutefois reprocher à Passerieux, c’est que, fort de sa connaissance du dossier, il se soit absenté du débat 5 années durant et qu’il intervienne seulement aujourd’hui alors que l’irrémédiable est accompli.

5- L’environnement :


Il est fort intéressant d’apprendre de la bouche du maire actuel, président de l’agglo que « l’agglo, le SICTOM et le syndicat mixte travaillent ensemble…sur le projet de torche à plasma ».( Dommage qu’agglo et SICTOM n’aient pas travaillés ensemble sur la facturation de la collecte des déchets)
Ce projet de torche à plasma « qui devrait être arrêté en décembre » , G. d’Ettore s’en fait le chantre : « le coût de traitement de la tonne de déchets sera divisé par 4 ».
Mais il faut savoir que, jusqu’à aujourd’hui, la torche à plasma n’est considérée que comme complément à l’incinération et, qu’en tout état de cause, le CNIID (centre national d’information indépendant sur les déchets) a un avis très réservé sur la question et souligne qu’aucune étude n’a été réalisée pour s’assurer de l’absence de rejets toxiques.
Certes on ne peut que se féliciter que nos édiles essayent de trouver des solutions, encore faudrait-il qu’ils n’orientent pas leurs recherches dans une seule direction, surtout si les résultats finaux paraissent aléatoires.
Aussi Passerieux a-t-il beau jeu d’ironiser sur les « 5 ans de perdus avec la torche ».
Pour rester dans les domaines du traitement des déchets et de l’environnement, il est curieux qu’aucun des deux interlocuteurs n’ait abordé le thème de la réhabilitation de l’ancienne décharge (illégale) du Petit Pioch : un projet communautaire, déjà à l’ordre du jour avant 2000, envisageait de transformer le site en espace vert. Il y avait, pour cela, des possibilités aujourd’hui disparues de subventions importantes.
En outre d’Ettore n’évoque la ZPPAUP, outil de protection et de sauvegarde de l’environnement, que comme moyen de défiscalisation (c’est vrai que, en ce qui concerne la protection des sites, il lui a déjà donné un sérieux coup de canif du côté du Radar)

6- Le centre-ville :


On n’en saura pas plus, sauf que pour les deux protagonistes « il s’agit d’un quartier particulièrement difficile ».
Pour d’Ettore, « il nécessite l’équivalent du plan Marshall » et il a engagé « la guerre »; « ce n’est pas uniquement en faisant des routes ( ???) et des places qu’on va rénover le quartier ».
Mais si on commençait par là ce serait déjà quelque chose ; car, jusqu’à aujourd’hui, la seule action menée est celle de la SEBLI qui exproprie au petit bonheur la chance sans qu’on arrive à discerner quel est le but poursuivi.
Même si, comme l’évoque Passerieux, un « recentrage » s’impose vers les rues Brescou, Renan et la place Jean Roger, on n’échappera pas pour autant à la réhabilitation du cœur de ville ancien.
Il faut en finir avec le saupoudrage et passer à une phase active avec des actions ciblées sur des îlots précis à traiter en totalité.

7- Le tourisme :


Il est flagrant que dès que l’on parle tourisme, nos deux maires traduisent aussitôt « station du Cap » et se jettent à la tête l’îlot Saint-Martin « symbole » pour l’un, « bétonnage » pour l’autre.
Au-delà de la polémique sur ce site (d’ailleurs réhabilité par un privé) , ils oublient l’un et l’autre que, pour que le tourisme vive et se développe, il est important de mettre en avant les complémentarités des différents quartiers et de faire de chacun d’eux un outil de promotion du tourisme local ; c’est à cette seule condition que la « station » pourra trouver un nouvel élan.
Sauf à rester cloîtré chez lui, le « milliardaire » de l’îlot St Martin aura à juger aussi bien du fleurissement d’un rond-point que des crottes de chien en cœur de ville, et autant de la tranquillité de son îlot que des bagarres sur l’île voisine

8- Les grands équipements :


Passerieux porte à son crédit deux collèges, un lycée, la maison des savoirs et la halle des sports ; la maison de la justice et l’hôpital étaient dans les cartons. D’Ettore, lui, aligne à son actif une école, une crèche et un poste de police au cap, plus des projets qui font long feu : bientôt deux stades, une nouvelle école en zone inconstructible, une crèche en zone inondable, une future salle « polyvalente » à défaut de salle des fêtes et une nouvelle école de musique.
Il passe étonnamment sous silence le futur et très controversé centre nautique, mausolée élevé pour sa plus grande gloire à dix huit mètres de haut, sous financé par l’agglo et qui, pour des frais de fonctionnement prohibitifs, ne sera pas en mesure de répondre aux besoins qu’il est censé satisfaire.
Il est à noter que tous ses équipements ne font que répondre aux besoins normaux d’une ville de 20 000 habitants. Or, le développement actuel de la ville va entraîner une augmentation exponentielle de besoins en matière d’écoles, d’équipements sportifs, de réseaux d’eaux, de réseaux routiers…besoins dont personne ne dit mot.

9- Les services publics :


D’après d’Ettore, ils auraient gagné en efficacité et de citer l’entretien des espaces verts et la propreté de la voirie « optimisés depuis qu’ils sont gérés par l’agglo ».
C’est une curieuse vision des choses que ne partage pas son interlocuteur et, faut-il le dire, que nous ne partageons pas non plus.
Il ajoute que si « certains services ont été amenés à fermer (lesquels ?), c’est question de modernisation ( ???) ; il a « ramené la justice à Agde » (nuance, il a seulement aménagé une maison de la justice) et « la ville va entrer dans le XXI ème siècle de la santé » grâce à un hôpital que Passerieux décrit comme « vide de tout service public »

10- La réalité, dix ans après :


Pour l’un, Agde « peut être fière de son état : la station la plus sécurisée de France » , pour l’autre, c’est une « ville bétonnée » dont « les patrons sont les promoteurs privés ».
Force est de constater que l’objectif affiché de limiter la population à 30 000 habitants n’est plus à l’ordre du jour : les chiffres explosent parce que plus rien n’est sous contrôle.

L’urbanisation telle qu’elle est engagée(quelques logements sociaux, beaucoup de défiscalisation) ne l’est pas pour satisfaire les besoins de la population existante, mais elle constitue un pôle fort d’attractivité pour une population extérieure.
Cela serait parfaitement compatible avec les mouvements migratoires annoncés pour la prochaine décennie , si cette évolution était parfaitement maîtrisée. Or les immeubles poussent comme des champignons, le phénomène de sur densification auquel on assiste est porteur d’insécurité, les équipements publics qui pourraient équilibrer la chose sont inexistants …et l’espace lui-même n’est pas extensible.
Bref, la réalité d’aujourd’hui, c’est une qualité de vie qui se dégrade … Or, que sera(it) une ville touristique dont le moteur essentiel, la qualité de vie, est en panne ?

Didier Denestebe et Antoine Allemand Pour le Parti Agathois

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