Vie des professions

Charles-René Tandé : « L’Ordre doit accompagner les experts- comptables dans la mise en valeur de leurs compétences »

Le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables trace les grandes lignes du 73e Congrès de Clermont-Ferrand (10-12 octobre) dont il a insufflé la dynamique aux côtés de Jean Bouquot, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes. Entretien.

Pouvez-vous nous présenter le thème principal du 73e Congrès de l’Ordre des experts-comptables ?

« Nous voulons que le 73e Congrès soit le moment, pour chacun, de bâtir, de rebâtir ou de conforter les fondements de sa stratégie de cabinet ou, pour le moins, de réfléchir à celle-ci.

Il n’y a pas qu’une stratégie valable, et c’est le rôle de l’Ordre de montrer les différentes options offertes par notre réglementation.

C’est aussi le rôle de l’Ordre d’accompagner les experts-comptables dans l’acquisition et la mise en valeur de leurs compétences ; ces compétences que le marché ne perçoit pas toujours mais qui existent dans nos cabinets ou qui peuvent être développées. Le congrès sera l’occasion, pour chacun, de faire le point sur cette question centrale.

La croissance sera au rendez-vous pour celles et ceux qui auront développé des compétences cohérentes avec leur stratégie de cabinet.

Croissance également pour les clients qui bénéficieront de conseils à forte valeur ajoutée. »

Quelques changements introduits par le projet de loi Pacte se dessinent pour la profession. Pouvez-vous en dire quelques mots ?

« Nous sommes mobilisés sur le Pacte depuis l’année dernière car nous avons vite compris que les textes concernant l’Ordre des experts-comptables seraient intégrés dans cette loi portée par notre ministre de tutelle, Bruno Le Maire.

Mais le projet de relèvement des seuils du commissariat aux comptes, d’un niveau inattendu, a surpris, voire choqué, et a fait passer au second plan tout le travail constructif mené depuis un an.

Le projet de réforme territoriale, adopté par les élus du Conseil supérieur lors de la session de juillet 2017, est intégré à l’article 10 du projet de loi.

Cet article 10 a été amendé en commission spéciale, puis en séance publique à l’Assemblée Nationale pour reprendre plusieurs propositions que nous avons portées dans le cadre du projet pour la profession, adopté lors de la session extraordinaire du Conseil supérieur. »

Quels sont les points positifs et les conséquences ?

« Même si nous ne sommes qu’au milieu du parcours législatif et que rien n’est définitivement validé, nous aurons l’occasion de présenter, dans le détail, les apports de la loi Pacte pour notre activité lors de la conférence de clôture du congrès de Clermont-Ferrand.

A ce stade, nous pouvons citer quelques mesures qui vont simplifier la vie des cabinets et leur permettre d’adapter leurs pratiques aux besoins de leurs clients :
• la possibilité de procéder, pour le compte du client, à des paiements à destination des fournisseurs ;
• la mise en œuvre du mandat implicite, qui permettra à l’expert-comptable d’interagir avec l’administration fiscale et les organismes de Sécurité sociale pour le compte de son client, sans autre formalité supplémentaire que ce qui est prévu dans la lettre de mission ;
• la possibilité de moduler les honoraires en fonction des résultats de nos travaux, à l’exclusion bien sûr des missions de tenue de comptabilité, de révision comptable ou participant à l’établissement de l’assiette fiscale ou sociale du client.

Nous devrions également, je l’espère, profiter de ce texte pour aboutir sur les questions des activités commerciales accessoires et des Sociétés pluri-professionnelles d’exercice, sur lesquelles nous étions en attente depuis plusieurs années.

La loi Pacte devrait enfin être l’occasion d’affirmer le rôle de l’expert-comptable dans l’environnement numérique, ce point s’intégrant dans un projet beaucoup plus large. »

La loi Pacte dans son ensemble vous semble-t-elle positive pour les PME et l’économie nationale, dont elles sont le moteur ?

« Le texte compte plus de 70 articles allant de l’intéressement à la privatisation d’Aéroports de Paris. Il est donc difficile de donner un avis d’ensemble sur cette loi, même si son esprit général me convient.

Je ne serai donc pas original en disant qu’il y a du bon et du moins bon.

Un peu à l’image de ce qui concerne nos deux professions : des avancées attendues de longue date pour l’expertise comptable et un choc violent pour le commissariat aux comptes. »

Les commissaires aux comptes vont subir la hausse des seuils. Doit-on en conclure que cette profession, dont vous êtes très proches, doit évoluer ?

« Un tel changement a forcément des conséquences importantes. C’est à la Compagnie nationale des commissaires aux comptes que revient la charge de gérer cette crise et les inévitables évolutions qui seront nécessaires. Mon rôle, en tant que président de l’Ordre des experts- comptables, est de soutenir et d’accompagner les actions de la Compagnie.

J’ai toujours insisté sur la complémentarité de nos métiers.

Le relèvement des seuils va donc bien évidemment impacter les commissaires aux comptes, mais également les experts-comptables.

La première raison est que la majeure partie des 13 000 commissaires aux comptes sont experts-comptables et qu’ils vont subir directement cette mesure.

La deuxième raison est que, dans plus de 100 000 entreprises, les experts-comptables, qui bénéficiaient de cette complémentarité avec les commissaires aux comptes, vont se retrouver seuls. C’est un changement majeur qui aura des conséquences sur l’exercice de l’expertise comptable dans ces entreprises. »

Le projet de l’intégration dans l’Ordre des diplômés d’expertise comptable exerçant en entreprise verra-t-il le jour ?

« Au même titre que les changements évoqués plus haut, j’attendrai la promulgation de la loi pour crier victoire, mais ce projet de longue haleine devrait enfin aboutir.

Même si cette mesure n’aura pas d’impact immédiat sur l’économie de notre profession, elle devrait permettre de faciliter les parcours professionnels entre l’exercice en entreprise et l’exercice libéral ou associatif. C’est un enjeu important en matière de diversification des compétences. »

Les compétences des experts-comptables sont précieuses pour les entreprises. Comment l’Ordre va-t-il soutenir et accompagner les confrères pour la croissance ?

« A court terme, la première réponse de l’Ordre sera de co-construire des parcours de formations complémentaires avec les universités et les grandes écoles. A moyen terme, la question de l’évolution de notre diplôme initial est également un grand chantier auquel le Conseil supérieur s’est attelé. »

Propos recueillis par Boris STOYKOV
pour RésoHebdoEco
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