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Economie de la récupération : une ressource qui se réorganise

L’économie de la récupération est l’un des fers de lance de l’économie circulaire*. Des…

L’économie de la récupération est l’un des fers de lance de l’économie circulaire*. Des associations, des communautés de communes et les pouvoirs publics commencent à se mobiliser pour inciter les particuliers à faire appel aux ressourceries et ainsi participer à la réduction des déchets à la source, dans l’objectif de mieux protéger l’environnement.

La protection de l’environnement, le développement d’une économie solidaire et la coopération dans la transparence sont les trois principes qui régissent le développement de l’activité des ressourceries, acteurs au cœur de l’économie de la récupération. « Tout l’enjeu de l’économie circulaire consiste à imiter la nature, dans laquelle la notion de déchets n’existe pas vraiment : rien ne se perd, tout se transforme », explique Aurélien Boutaud, chercheur doctorant et enseignant en science et génie de l’environnement à l’Ecole des mines de Saint-Etienne, par ailleurs consultant indépendant auprès d’acteurs publics. En amont de la production, il faut donc favoriser l’usage de matériaux et d’énergies renouvelables et développer l’écoconception des produits, afin de limiter l’usage des matières premières. En aval, il s’agit de minimiser les déchets et les pollutions autant que possible. Pour ce faire, l’enjeu consiste à recycler au maximum les déchets pour réemployer leur matière première, mais également à prolonger la durée de vie des produits en les récupérant et en les remettant en état, avant de les réutiliser. « C’est notamment l’objet des ressourceries, qui ont pour but de collecter des objets dont les propriétaires veulent se débarrasser pour les remettre dans le circuit, soit gratuitement grâce aux dons, soit par la revente », poursuit Aurélien Boutaud. « La récupération est une activité en plein essor ; des tonnages importants sont concernés », estime pour sa part Mylène Cailleu, vice-présidente nationale du Réseau des Ressourceries et directrice de Chrysalide, une ressourcerie basée à Saint-Etienne. Une réelle prise de conscience s’opère aujourd’hui, même si le flux de déchets qui part encore en déchetteries demeure trop important. « Nous sommes toujours dans un système de consommation où l’on jette ce qui ne plaît plus. Quel que soit le concept, il s’agit bien de sensibiliser les gens à l’environnement et à la lutte contre la surconsommation, tout en développant la responsabilité élargie du producteur », précise-t-elle. A chaque collectivité, aussi, de sensibiliser ses citoyens en faisant connaître et en soutenant les ressourceries présentes sur son territoire ainsi que les diverses associations existantes, qui peuvent intervenir avant la mise en déchetterie des produits.

Plus de légitimité

L’intérêt de rejoindre le réseau est d’obtenir progressivement un agrément puis une labellisation. « Cela donne une légitimité pour négocier avec les collectivités locales, et un cadre ». A Saint-Etienne, Chrysalide traite ainsi quelque 200 tonnes de mobilier par an et plus de 500 tonnes de textile via une délégation de service public avec le collecteur. Cette matière première, qui s’ajoute aux apports volontaires réalisés par des dons, est revendue dans un magasin de 300 m2 ouvert cinq jours sur sept. Au total, toutes activités confondues (vente de bibelots, service de débarras, vente de textile, braderies, etc.), les recettes de la ressourcerie stéphanoise ont atteint 173 0000 € en 2015. Créée en 2003, elle compte 25 postes de travail équivalent temps plein et a reçu plus de 600 personnes en insertion. « L’exemple du textile illustre bien le rôle des ressourceries : elles collectent des vêtements dont les gens veulent se débarrasser, puis elles opèrent un tri entre ce qui est en mauvais état et partira dans le circuit de recyclage, et ce qui peut être réutilisé, donné à des associations caritatives ou revendu à des particuliers », souligne Aurélien Boutaud.

Gestes écocitoyens

Au total, les ressourceries, membres du réseau national, ont collecté 28 880 tonnes de déchets en 2014, soit une progression de 6 % par rapport à l’année précédente. Les encombrants, les déchets d’activités économiques, le textile et le linge de maison sont concernés. Elles se positionnent comme des services de proximité dans la prévention et la gestion des déchets et agissent, de fait, dans le champ des 3 R : réduction des déchets, réutilisation/réemploi, recyclage. Quant à la fonction de sensibilisation à l’environnement et à la réduction des déchets, elle est au cœur même de leur métier, en étant transversale aux trois autres fonctions. A chaque étape technique, la ressourcerie sensibilise son public aux gestes écocitoyens de réduction des déchets : choix de consommation, entretien des objets, produits de seconde vie, tri, etc. Grâce à ce système de valorisation, les objets encombrants collectés dans les maisons ou appartements, comme dans les entreprises, sont triés, nettoyés, testés et réparés par une ressourcerie compétente afin de leur rendre leur valeur. En fonction des ateliers dont elle est équipée et des processus de traitement mis en place, la ressourcerie donne la priorité au réemploi et à la réutilisation et, si c’est impossible, les confie à un partenaire qui les recyclera ou les traitera en respectant la hiérarchie des déchets de la directive cadre européenne « Déchets ». 89 % des produits collectés font ainsi l’objet d’une valorisation.

Transition en cours

Pour rappel, dans la loi de transition énergétique, l’objectif a été posé de réduire de moitié les quantités de déchets mis en décharge et de recycler 60 % des déchets d’ici 2025, comme l’a souligné récemment le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, lors d’une intervention à l’Institut de l’économie circulaire. Un objectif auquel vont de plus en plus contribuer les ressourceries, qui figurent en bonne place dans les acteurs du réemploi. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ceux-ci relèvent en effet de deux catégories : le secteur de l’économie sociale et solidaire (Emmaüs, Envie, entreprises d’insertion), qui représente 30 % du chiffre d’affaires et 73 % de l’emploi, et le secteur de l’occasion (sites d’annonces, marché en ligne, revendeurs, dépôts-ventes, brocantes…), avec un dynamisme remarquable des plates-formes sur internet : leboncoin.fr est le deuxième site le plus fréquenté par les internautes français après Facebook. Les produits dont le réemploi est le plus développé sont les vêtements, l’équipement électroménager et les meubles, les équipements de loisirs, les livres et CD. Un bien sur dix arrivant en fin de vie fait l’objet d’un réemploi, et les montants en jeu approchent le milliard d’euros en valeur.

« Toutes les études récentes suggèrent une croissance rapide des pratiques de réemploi, pour des raisons liées à la crise, mais aussi à des changements plus structurels de comportements de consommation », relève un rapport intitulé « L’économie circulaire, état des lieux et perspectives » publié en 2014 par le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. La transition vers une économie circulaire apparaît, dans tous les cas, comme une nécessité permettant de renforcer l’économie française en optimisant son utilisation des ressources. Elle permettra aussi de booster l’emploi : une étude menée par l’Institut de l’économie circulaire relève que cette activité emploie déjà plus de 600 000 personnes en France et que le potentiel de places de travail est loin d’être épuisé.

Françoise LAFUMA
pour Réso Hebdo Eco
www.facebook.com/resohebdoeco

  • L’économie circulaire désigne un concept économique qui s’inscrit dans le cadre du développement durable et dont l’objectif est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie.


Réemploi dans l’automobile

A partir du 1er janvier 2017, les professionnels de l’entretien automobile seront obligés de proposer à leurs clients des pièces de réemploi. Cette disposition, publiée début juin au Journal officiel, est prévue par un amendement à la loi sur la transition énergétique d’août 2015. Les pièces proposées aux consommateurs devront préalablement avoir été prélevées par un professionnel agréé. L’objectif de ce décret visant à favoriser l’économie circulaire est d’alléger la facture automobile. Ce poste de dépense pèse en effet lourd dans le budget des auto- mobilistes : il représente près de 700 € par an, soit un quart du budget automobile des ménages.


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