Métropole de Montpellier : François Rio, "12 hébergements d'urgence pour les victimes de violences intrafamiliales"
Une structure associative d’accueil, d’accompagnement et d’orientation pour les victimes de violences intrafamiliales devrait être créée en 2023, à l'initiative notamment du maire de Saint-Jean-de-Védas, François Rio. Il détaille ce projet…
Photo : François Rio, maire de Saint-Jean-de-Védas © Virginie Moreau
Un hébergement d’urgence à Saint-Jean-de-Védas
“Je n’ai pas peur de dire qu’à Saint-Jean-de-Védas, des femmes sont victimes de violences. Je ne veux pas fermer les yeux sur cette situation. Les violences sont exercées la plupart du temps en semaine à partir de 18h00 et le week-end. Quand la situation l’exige, la police municipale ou la gendarmerie conduisent les victimes dans un hôtel conventionné pour les héberger, puis le CCAS prend le relais. Les victimes de violences intrafamiliales peuvent également être hébergées dans un appartement d’urgence que nous mettons à leur disposition”, explique le maire, François Rio.
“A Saint-Jean, cet appartement d’urgence de 67 m2 est utilisé les deux tiers du temps, par des victimes de violences intrafamiliales. En moyenne, elles y restent entre un et trois mois. Cela leur fait un répit et leur laisse le temps et la possibilité de trouver un nouveau logement. En 2022, 5 ou 6 personnes y ont été hébergées temporairement. Il y a plusieurs profils de victimes : avec ou sans enfant, avec ou sans emploi ou formation, ou encore celles qui travaillaient aux côtés de leur mari et ne peuvent retourner travailler auprès de lui ; et qui se retrouvent donc sans statut particulier…” analyse-t-il.
Un projet d’envergure, étendu à plusieurs villes
François Rio fait partie des initiateurs d’un projet d’association dont l’objectif serait d’accueillir les victimes de violences intrafamiliales au sein de 12 appartements d’hébergement d’urgence répartis dans des zones de la métropole de Montpellier desservies par le tramway. “Dans la métropole, 7 communes sur 31 ont le tram : Montpellier, Saint-Jean-de-Védas, Lattes, Jacou, Juvignac, Pérols et Castelnau”, souligne François Rio. “Montpellier a déjà le centre Elisabeth-Bouissonnade, donc il n’est pas nécessaire d’en rajouter, mais dans les 6 autres villes, il serait bon de mettre en place ces hébergements d’urgence”, selon lui.
“Chaque cas est différent. Certaines mères de famille souhaitent que leurs enfants restent scolarisés dans la même école, d’autres veulent s’éloigner à tout prix de leur agresseur et changer de ville. Avoir un panel d’appartements à disposition sur plusieurs sites devrait permettre de répondre à leurs besoins d’hébergement d’urgence”, estime le maire de Saint-Jean-de-Védas.
Cette initiative est née d’un constat : “selon le rapport d’Istanbul de 2014, il manquait alors en France entre 18 000 et 26 000 hébergements d’urgence. Il y a 116 lits d’accueil dans l’Hérault, or, si on fait le calcul, il en faudrait 547 a minima”. “Ce sujet me préoccupe depuis bien avant la campagne électorale, indique le maire de Saint-Jean-de-Védas. Puis, lors du Congrès des maires à Paris en 2021 a eu lieu un atelier spécial sur les violences intraconjugales avec de hauts gradés de la police et de la gendarmerie, et la sénatrice de la Drôme, Marie-Pierre Monier, très impliquée dans ce domaine. Plus tard, j’ai eu l’occasion de discuter de ce sujet avec Laure Capelli, deuxième adjointe au maire de Saint-Gély-du-Fesc. Il nous a semblé urgent de mettre en place des lieux d’hébergement pour ces femmes ou ces familles victimes de violences”.
Mais des points restent à éclaircir : “qui paiera le loyer de ces appartements, qui touchera l’aide au logement de la CAF, faudra-t-il effectuer une rotation des appartements tous les deux ou trois ans pour éviter que les auteurs des coups n’identifient les appartements d’urgence, sera-t-il préférable de choisir des résidences avec gardien ?”
L’aide de l’Etat attendue avec impatience
Depuis plusieurs années, François Rio rencontre de nombreux élus et acteurs de la vie politique ou sociale pour les convaincre du bien-fondé de ces hébergements. Et cela fonctionne, l’idée fait son chemin*. “Christine Bonnard, ex-fonctionnaire d’Etat à la retraite, nous a aidés à monter le dossier. Elle maîtrise parfaitement les lignes budgétaires à mobiliser pour ce type de projet”. Toutefois, les élections présidentielle et législatives ont bloqué le processus de mise en place de ce projet. “Nous avons impérativement besoin du soutien de l’Etat. Nous avons calculé que la première année, il nous faudra une enveloppe de 300 000 euros pour payer les loyers, l’équipement des appartements (cuisine, literie…), un local pour l’association et pour rémunérer 3 salariés. Puis, les années suivantes, il faudra environ 84 000 par an pour renouveler l’équipement (7 000 euros x 12 appartements). Sans l’aide de l’Etat, il sera impossible de mener à bien ce projet”, assure François Rio.
Il ajoute : “Idéalement, pour assurer la pérennité de l’association dans le temps, il serait bon que le bureau soit composé de maires et d’élus du Département et de la Région. Il faudrait intégrer plusieurs collectivités, voire EPCI, à l’intérieur car le montage financier et la motivation doivent durer dans le temps. J’aimerais que la structure soit créée en 2023″.
De nombreux soutiens
François Rio détaille : “Je suis entré en contact avec Michaël Delafosse (maire de Montpellier, président de la Métropole), Jean-Luc Savy (maire de Juvignac), Jean-Pierre Rico (maire de Pérols), Frédéric Lafforgue (Castelnau-le-Lez), Renaud Calvat (Jacou), Cyril Meunier (Lattes), Patricia Weber (Département de l’Hérault), Séverine Dupin (assistante de service social gendarmerie pour la zone Est de l’Hérault), sa responsable Charlotte Vlaminck, Michel Arrouy (président de l’union départementale des CCAS), Corinne Guibert (directrice départementale de l’UDCCAS), Carole Delga (présidente de la Région Occitanie). Tous sont très favorables. J’ai remis le dossier à Jean Castex lorsqu’il était Premier ministre, à Marlène Schiappa, au préfet Hugues Moutouh. Stéphanie Canovas, déléguée aux droits des femmes, nous suit, tout comme Isabelle de Montgolfier (maire de Saussines), Thierry Mathieu (directeur de la CAF), Sandrine Cavoleau (directrice de l’antenne védasienne de Pôle Emploi), l’AFPA aussi. Quatre sénateurs sont au courant et partants pour soutenir ce projet : Henri Cabanel, Jean-Pierre Grand, Hussein Bourgi et Christian Bilhac. Sandrine Bressan, responsable du contrôle et de la sécurisation de la TaM, est d’accord pour nous aider à instaurer des cartes de transports gratuites pour les victimes. La Mission locale, le Centre Victimes 34, le CIDFF, Via Voltaire, Le Nid et l’AMF sont partants. L’association du 115 et l’ordre des pharmaciens doivent encore être contactés, tout comme un organisme bancaire, qui deviendrait notre interlocuteur privilégié pour les ouvertures de comptes individuels de victimes, parties du foyer conjugal sans tous leurs papiers”…
L’objectif est de faciliter un nouveau départ pour les victimes de violences intrafamiliales.