Hérault : Espèce en voie d'extinction, les buralistes pourraient vendre des cartouches de chasse

Dans l’Hérault, on trouve près de 380 buralistes, dont 120  structures qui ont déjà évolué en termes de services. “C’est le 3e département Français à ce niveau. L’objectif serait d’atteindre un taux de transformation de 70 % d’ici fin 2027”, indique le président de la CCI.

“Comment l’Etat peut aussi bien penser pour les buralistes, mais pas pour d’autres professions ?”, s’interroge André Deljarry, président de la CCI de l’Hérault, en ouverture de la conférence de presse. Une transformation nécessaire face à un secteur en crise “8 000 bureaux de tabac français ont mis la clé sous la porte en 15 ans. Face à la hausse des prix et aux campagnes anti-tabac. C’est une bonne chose en termes de santé publique, mais de l’autre côté, il faut reconsidérer le concept de ces commerces”, précise le président de la CCI. En cause également, l’économie grise, “le marché parallèle qui touche durement le réseau des buralistes”

Cette transition est pilotée conjointement par le ministère de l’action des comptes publics et la Confédération nationale des buralistes. L’activité des buralistes intègre ou pourra intégrer les métiers réglementés de vente de jeux de hasard, de vente de papeterie, de snacking, mais aussi de vin et de produits locaux. L’idée est de “multiplier les sources de revenus” pour les buralistes et d’en faire un “dugstore du quotidien” pour les habitants. Surtout, il s’agit de “ préserver des lieux de convivialité où se croisent de nombreuses personnes, avec un rôle d’animation de vie locale importante dans les petites villes et communes rurales. Il ne faut pas perdre ce service, que tout cela meurt”, affirme André Deljarry. 

Car au-delà de l’aspect utilitaire, cette transformation se veut un nouveau service de proximité face à la “désertification”. Ainsi, Paul Alonzo, buraliste à Saint-Mathieu-de-Tréviers, a un “partenariat avec La Poste, du lundi au dimanche, ce qui veut dire qu’on peut  envoyer des recommandés même un dimanche, on peut retirer des colis, payer ses timbres fiscaux ou postaux, payer ses amendes ou obtenir des billets de trésorerie”. 

Les produits locaux devraient aussi être à l’honneur. “On a un partenariat avec les caves Nicolas sur le département, explique Jérémy Pezières, Président de la Chambre syndicales des buralistes de l’Hérault de Montpellier. Ils ont aussi une filiale qui s’appelle kraft beer pour tout ce qui est bière, et on travaille d’ailleurs beaucoup avec des micro-brasseries locales. C’est d’ailleurs notre message aux buralistes : ‘n’allez pas chercher un Bordeaux, nous avons déjà un territoire formidable !’ Pourquoi pas aussi, alors que certains ont des activités de retrait de colis, développer la récupération de paniers paysans, pour mettre en avant l’agriculture locale ?”

Plus original, certains buralistes volontaires pourraient proposer des cartouches de chasse à la vente.
“ Un test est mené dans les Pyrénées-Atlantique, mais nous en sommes au début. Il y pas mal d’engouement, je crois même qu’une pétition a été menée sur Sète. Aujourd’hui, on est toujours en négociation. Cela devrait aboutir pour le début de la saison de chasse en août-septembre 2024. Ca sera bien sur la base du volontariat, chaque buraliste est indépendant et fait ses propres choix pour son point de vente. C’est ce qui fait notre force. En tout cas, c’est une demande qui peut intéresser les buralistes qui se situent en ruralité, à plus de 30-40km d’un Décathlon. Moins ceux qui se trouvent en plein centre-ville”, déclare Jérémy Pezières.