Innovation — Lunel

Lunel, label “Ville Internet” : “Lunel est digitalisée, mais soucieuse de rester humanisée”

Nouvelle ère pour Lunel qui vient d’obtenir la récompense maximale de 5 @ dans le cadre du "Label National Territoires, Villes et Villages Internet".

C’est une véritable révolution numérique que la municipalité a opérée par le biais de ses investissements et de l’implication des services. Lorsqu’elle est allée chercher la labellisation pour la première fois, en 2022, Lunel était repartie avec ses 3 premiers arobases. “C’est assez rare pour les collectivités d’avoir 3 arobases à la première annonce, depuis on est toujours monté crescendo”, se réjouit Pierre Soujol.

Une digitalisation 5-étoiles

En février 2024, ce sont les cinq arobases du label que le maire affiche fièrement. Cette année, elles étaient 241 collectivités à obtenir la note maximale. “Faire partie de ce podium confirme notre positionnement parmi les villes les mieux connectées de France”, poursuit le maire, qui voit dans l’intégration des solutions numériques et l’essor de la digitalisation “de nouveaux outils qui permettent “une offre de services supplémentaires, des gains de temps précieux, une meilleure réactivité ainsi que des économies liées à la dématérialisation.”

Et ce n’est pas Michel Galka, adjoint en charge de la ville numérique, qui dira le contraire : “Nous sommes fiers de cette nouvelle labellisation, pour obtenir un tel niveau, il a fallu présenter un certain nombre de projets. Dans le registre, on comptabilise 127 actions qui s’intègrent dans tous les domaines d’actions.” Un dossier “ambitieux”, “solide aussi”, qui a permis l’obtention de ces 5 arobases. “La preuve de l’investissement constant et volontaire des services municipaux”, selon Pierre Soujol : “S’il y a encore du travail à faire, l’évolution numérique de la Ville est reconnue au plus haut niveau.” Si la révolution 2.0 est en marche, l’élu juge pour le moment inconcevable la disparition des accueils physiques et téléphoniques, ainsi que l’utilisation de courriers papiers : “Nous sommes dans une période de transition, l’illectronisme existe toujours et la totalité de la population n’est pas connectée. Que la raison soit générationnelle ou géographique, la fracture numérique est une réalité pour bon nombre de concitoyens, notamment les plus âgés. En plus de conserver les méthodes classiques, nous donnons à ces Lunellois la possibilité de se former au numérique via les ateliers du Foyer des retraités de Lunel, via la maison Jean-Jacques Rousseau, etc.”

La sécurisation des systèmes

Alors, par où commencer ? Pour la municipalité, une évidence est vite apparue : pour proposer des services, il faut un système sûr. “Tous les deux jours, il y a une collectivité qui subit une cyberattaque, rappelle l’adjoint. C’est colossal et c’est une réalité”. La question n’est donc plus ‘Est-ce qu’on risque de se faire pirater ?’, mais bien ‘Que doit-on faire pour limiter les dégâts ?’. Et là encore, il a fallu procéder de manière stratégique.

“Pour sécuriser le système d’information, qui est le premier socle de notre stratégie digitale, nous sommes allés chercher les subventions afin de faire payer le moins possible le contribuable, glisse Michel Galka. Nous avons donc exploité une manne financière considérable qui a été mise à notre disposition : France Relance. Elle nous a permis par le biais de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) de bénéficier des subventions fléchées vers la sécurisation des systèmes d’information.”

Afin de coordonner les investissements et d’assurer la bonne évolution des services, un audit en cybersécurité a été réalisé avec le prestataire montpelliérain Devensys, désormais en lien régulier avec Florian Pradel, directeur des systèmes d’information (DSI), et son équipe : “A partir de ces résultats, nous avons mis en place plusieurs actions comme mettre en place un nouvel antivirus couplé avec un EDR pour l’analyse de tous les postes informatiques, donner la possibilité d’envoyer des mails avec des pièces jointes qui sont encryptées, sensibiliser les agents de la ville sur tout ce qui est crypto lockers et ransomware, intégrer l’outil Merox qui permet d’éviter toute usurpation des noms de domaines, mettre en place le protocole 802.1X qui permet de contrôler l’accès d’équipements informatiques à des réseaux locaux, qu’ils soient filaires ou Wi-Fi…”.

Une démarche de protection et une approche résiliente dominée par l’idée que “tout système est toujours faillible”, et que l’enjeu d’aujourd’hui se situe davantage sur “la correction de la faille et le redémarrage du système”.

“Pour accéder aux services, il faut des routes”

La formule n’est pas de nous, mais de Michel Galka, qui voit dans le meilleur accès aux services le deuxième socle de l’investissement en faveur de la digitalisation et la numérisation de la municipalité : “Pour que les Lunellois puissent accéder aux services, il faut des routes, de la connectivité. Nous avons fait un travail important au niveau de la fibre optique afin que la collectivité s’approche le plus vite possible des 100 % des foyers connectés. Le chantier n’est jamais fini, mais à l’audit de 2020, nous étions autour des 75 % en termes de connectivité fibre optique et aujourd’hui on est proche de 99 %.”

Autre grand chantier, autrefois objet de nombreuses critiques : les connexions 4G et 5G. “Nous avons connu une situation assez pénible parce que nous avions une partie d’antenne qui était vieillissante, que les usages ont été totalement bouleversés durant la période Covid, qu’il fallait de plus en plus de bandes passantes, que les services étaient de plus en plus gourmands… Résultat il y a un an et demi le réseau était ineffectif. Nous nous sommes vite mis au travail avec les délibérations nécessaires, qui nous ont conduites à moderniser le parc d’antennes. La dernière en date : le rehaussement d’un pylône qui nous permettra de bénéficier d’une couverture beaucoup plus efficace.”

Faire levier sur les nouveaux outils

Indispensable pour la bonne suite des investissements liées à la transition numérique, le travail sur la connectivité représente “0,1% du label”, tient à souligner Florian Pradel. Réservations en ligne des salles municipales, pré-inscription en ligne pour les structures de la petite enfance, délibérations, l’amélioration des services par l’usage du numérique s’est développé dans de nombreux secteurs. “Par exemple, nous avons adhéré au projet ‘Territoire Numérique Éducatif’ (TNE) avec d’autres collectivités de l’Hérault, souligne le DSI. Il nous permet d’avoir au niveau de l’Etat 70 % de subventions sur les 200 premiers mille euros dépensés et 50 % de subventions sur les euros restants. Nous avons donc fibré les 13 écoles de Lunel, avec une connexion fibre débit garantie de 1 Giga”. Mais la municipalité ne s’est pas arrêtée là : “Nous avons installé ce qu’on appelle des ‘switches’ qui permettent d’analyser tous les cœurs de réseau, nous avons mis le wifi dans toutes les écoles élémentaires, nous remplaçons aujourd’hui tous les Tableaux Blancs Interactifs (TBI) par des Écrans Numériques Interactifs (ENI)… Nous équipons les écoles pour qu’elles soient en phase avec des usages qui permettent aux élèves de participer et aux enseignants de créer des contextes réellement interactifs.”

Un autre exemple marquant de la politique immatérielle de la Ville est la place numérique accordée gratuitement aux associations de la commune : “Lunel c’est environ 260 associations et chacune d’entre elles dispose désormais de son propre site Internet sur le Portail des associations. Elles peuvent personnaliser leur espace sur ce portail centralisé et de notre côté il nous permet de les valoriser. Créer la plateforme était la 1re étape, maintenant il faut animer le réseau, faire en sorte que les usagers puissent en temps réels avoir une vue sur les actions, les agendas et les invitations des associations aux Lunellois. Nous voulons qu’un dialogue s’instaure avec le public mais aussi entre les associations, ce qui pourrait mener à des prêts de matériels par exemple. Il faudrait qu’on pousse jusqu’à la dématérialisation des dossiers de demande de subvention.”

À cela s’ajoutent d’autres services du quotidien tels que les démarches administratives. Dématérialisées de manière à “simplifier les usages et les favoriser”, elles sont aujourd’hui accessibles par le biais d’un guichet unique et d’un accueil physique. Et Michel Galka le confirme : le travail continue. “Nous allons adapter le Portail Familles cet été afin que le même logiciel permette de gérer les parties scolaires et péri-scolaires. Prenons une famille qui se compose d’un enfant inscrit dans une structure petite enfance et d’un adolescent qui est dans un accueil de loisirs, le parent pourra tout gérer du même endroit.”

Pour la municipalité, cette transition n’est pas “un sujet gadget” mais une nécessité : “L’idée, l’avenir, c’est de centraliser l’information et de pouvoir la rationaliser, de rendre réellement la ville plus intelligente, par le biais des ‘smart object’ par exemple, lance l’adjoint. Cela s’inscrit dans une vraie réalité économique et écologique.”

Vitrines numériques, dialogues codés

Si la vocation première des investissements est le maintien et le développement des services à la population, le maire Pierre Soujol et ses équipes ont souhaité que cette nouvelle forme “de lien social” soit cultivée et mise en dialogue. L’enjeu de la communication a donc rapidement intégré la pile des chantiers de la digitalisation, et cela à plus d’un titre.

D’abord au niveau de la communication externe, deux outils ont été développés durant ces trois dernières années : l’application Lunel en poche et le site Internet. “Les deux supports sont interconnectés afin de gagner en temps et en cohérence. Nous avons vu un fort intérêt pour l’application au moment de sa sortie, mais elle mérite d’être promue davantage, car elle permet beaucoup d’interactivités entre l’administré et la collectivité, notamment par le biais de l’outil ‘Allô Monsieur le Maire’”.

Mais le projet massif qui occupe l’emploi du temps des services, c’est le portail intranet Luneo. Alors de quoi s’agit-il ? Au départ, l’objectif est de permettre la diffusion d’information en interne, dans l’ensemble des services, mais avec cette construction l’équipe ambitionne de répondre à trois demandes l’amélioration de la communication en interne, l’intégration de l’ensemble des projets salariaux et la possibilité d’ouvrir l’espace à des prestataires extérieurs. “Nous développons quelque chose d’intéressant, qui va nous permettre de modifier notre façon d’aborder les projets municipaux, avance l’adjoint en charge de la ville numérique. En effet, le portail permet de créer des groupes projets en fonction des différentes thématiques sur lesquelles soit les services, soit les élus, peuvent travailler. Il va nous permettre de créer davantage de transversalité.” Un cadre qui trouvera d’autant plus de sens avec la dématérialisation des bons de commande et l’intégration du parapheur numérique.

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